Prologue, partie II

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John trébucha sur un monticule de terre et regarda sa nouvelle trouvaille. Ce n’était pas une racine d’un vieux chêne, c’était autre chose. Il scruta ce monticule de terre avec la vivacité des yeux d’un faucon mais il ne sut pas l’identifier. Dès qu’il avait jeté son regard sur le sol, Il fut attiré par ce que cachait la terre depuis plusieurs hivers. Il n’avait rien pour creuser alors il dut utiliser ses mains. Le froid avait rendu la terre dure. Il creusa jusqu’à s’arracher les ongles, le sang dégoulinait de ceux-ci. Il persévéra, continuant d’enlever de la terre. Lors d’une pause pour reprendre son souffle, il remarqua que le soleil commençait à baisser dans le ciel. Il avait dévoué la fin de son après-midi à cette tâche. Puis, il se pencha sur ce qui se révéla être une tête, plus précisément celle d’un homme. Ses cheveux s’étaient détachés de son crâne, des asticots rampaient dessus. Dégouté par cette vision répugnante, John se ressaisit. Il ne savait toujours pas pourquoi cela avait attiré son attention. Ensuite, voulant se reposer, fatigué, très fatigué il mangea son morceau de fromage et s’endormit, émerveillé devant le ciel étoilé.

A l’aube, il reprit sa tâche. Pendant la nuit, ses ongles avaient cicatrisé. Il se pencha pour creuser, le sang recommença à couler sur le sol. A midi, il découvrit un corps. C’était un jeune homme, vêtu d’un simple vêtement. A côté de lui, était posé un luth en mauvais état. Dans le creux de sa main, se trouvait quelque chose d’inattendu : des poils noirs. John perplexe, resta à les observer. C’était cela qui l’avait poussé à creuser de toute son âme. Pourquoi des simples poils noirs l’avaient poussé à faire cela ? Ces poils n’avaient pas vieilli d’un jour, pourtant ceux-ci semblaient provenir d’un animal fraichement décédé. Il brûlait et craignait de les prendre dans le creux de sa main. Il ne mit pas longtemps avant de les saisir fermement en les imbibant de son sang. Il ressentit une force s’exercer sur lui, l’appelant au-delà des plaines vertes d’Angleterre, au-delà de l’Islande aux confins du monde, là où la mer se délimite les limbes. Cette voix tentatrice lui murmurait de nombreux mots, défilant dans sa tête, lui répétait : « Si tu es un croyant, aide-moi car il est écrit : Partage ton pain avec celui qui a faim, Et fais entrer dans ta maison les malheureux sans asile ; Si tu vois un homme nu, couvre-le, Et ne te détourne pas de ton semblable

Répondant, il dit : « Il est écrit : Que personne, lorsqu’il est tenté, ne dise : « C’est Dieu qui me tente », car Dieu ne peut pas être tenté par le mal et il ne tente lui-même personne. »

De nouveau, la voix lui montra un royaume riche et prospère, il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si tu tombes prosterné, devant moi. »

John lui déclara : « Jésus a dit : Va-t’en Satan car il est écrit : C’est le seigneur ton Dieu que tu adoreras, et à lui seul que tu rendras un culte. »

Quand il recouvra ses esprits après ce moment hors du temps où il avait cédé à un appel irrésistible du père du mensonge. Il se força à griffonner un croquis du corps qu’il répertoria dans son carnet, dans les moindres détails : de son nez à sa bouche, ses défauts, son bras plus petit que l’autre, de son torse à ses jambes musclées.

Une fois son croquis terminé, il le rangea dans sa sacoche avec ses poils. Le Diable continuait à l’appeler, encore et encore. Il essaya de se reposer et remarqua qu’il avait quitté le sentier. C’était sa soif d’aventure, celle-ci l’avait perdu dans cette forêt si dense. Toutefois, John las, essaya de regagner le chemin, mais chaque arbre se ressemblait, cela lui donna l’impression de tourner en rond. Malgré ses frêles jambes, il n’abandonna pas et résista à la voix.

Lorsque le jour fit place à la nuit et que les premières étoiles apparurent dans le ciel, John put se repérer ; il sut quelle direction prendre : l'ouest. Il ne s’arrêta pas, puis retrouva le sentier. Les deux jours qui suivirent furent compliqués, le vent soufflait fort avec une pluie torrentielle. Le vieux moine utilisa tous les muscles de son corps pour qu’il puisse sortir enfin de la forêt un jour ensoleillé.

Au loin sur une colline, à la première lueur du jour, il aperçut une ville, cette même ville qu’il avait quitté quelques jours auparavant. Il retourna dans cette même auberge, pleine de vie. Cependant, John se conduisait bizarrement, il murmurait des mots incompréhensible et il ne prononça pas « Amen ». Tout d’un coup, Emerys arriva par-derrière en lui tapotant le dos et dit : « ça va ? »

Il recracha son potage, il s’emporta contre la brutalité de son geste puis il s’excusa de l’avoir couvert de jurons. La voix chuchotait les penchants sombres de l’humanité, ses pêchers, ses défauts, elle exerçait une emprise sur sa sensibilité à ce vieil homme devenu malade.

- Comment s’est déroulée votre journée ? Je déduis que la vôtre a été mouvementée et que vous avez trouvé quelque chose dans les bois. Je le sens.

- Ou- en s’empressant de lui montrer ce qu’il avait trouvé. Il s’arrêta net et se ravisa, c’était la voix, murmurant sans relâche.

- Qu’avez-vous dans votre sacoche ? Montrez-le-moi !

- ce ne sont pas vos affaires, jeune homme. Non, pas vos affaires, jeune homme.

- N’avez-vous point clamer une aventure ?

- Non -dit-il, la voix s’était emparée de son esprit. Il était guidé par elle, chaque seconde, chaque heure de son existence.

John se leva brusquement et partit se coucher. Le lendemain matin, il évita Emerys et quitta la ville. Afin de rejoindre sa destination, il évita les chemins de traverses et voyagea léger durant une semaine. Celui-ci fut parsemé de calme et de tempête. Son arrivée dans la ville de Tad fut contrariée par une pluie orageuse qui l’empêchait d’avancer correctement.

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