Le son des gravillons
Je ne peux plus courir comme avant. J'ai réalisé que j'entamai une nouvelle vie et je devais d'abord réapprendre à marcher. Je débutai l'entraînement dans le parc situé à cinq minutes de chez moi.
L'expérience de marcher à une cadence amoindrie était tout d'abord ennuyeuse. Les gens allaient vite, les vélos allaient vite, les voitures allaient vite et moi je les regardai me dépasser. Las d'en voir autant me distancer, j'observai à présent ce qui m'entourait.
De jeunes hommes jouaient au baseball à l'entrée d'une clairière, plus loin sur la plaine des enfants s'amusaient avec leur cerf-volant. L'ambiance était plutôt paisible en cette belle journée d'été.
Je me promenai ainsi pendant plusieurs minutes sans but précis, le son du gravier accompagnant chacun de mes pas. Je pris conscience que mon poids le provoquait. Ma présence résonnait dans ce monde qui me dépassait. J'ai également réalisé que si je m'arrêtais maintenant, l'écho de mon existence cesserait avec. Il fallait continuer peu importe la destination.
Ce bruit auquel je ne prêtais plus attention, m'accompagne maintenant dans chacune de mes foulées. Il sonne à mes oreilles comme un doux abandon. Non pas de la vie, mais des barrières qui la contraignaient.
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