Entre rêve et cauchemar.
J'ai écrit plein de petits textes comme celui-ci... des "one shot".
je vous propose de découvrir celui-là... dans lequel je me suis mise dans la peau d'une petite fille.
Je m'appelle Sarah et j'ai 6 ans. J'ai peur et je pleure. De grosses larmes roulent sur mes joues… Je m'ai perdue dans la forêt…
Je cours au hasard. Je trébuche. Je tombe. Je me relève les genoux en sang, les mains écorchées. J'ai mal. J'appelle ma maman mais elle ne m'entend pas... Seuls les monstres de la forêt répondent à mon appel… Je les entends... Ils sont cachés dans les arbres… ça craque autour de moi… Ils m'observent.
Dans ma course folle, leurs grandes mains crochues accrochent mes cheveux. Je me débats et je crie… "Pas zentils, vilains, va-t'en !"
Je renifle. J'ai la morve au nez. Je l'essuie d'un revers de main. Mon visage est barbouillé de terre.
Des yeux noirs brillants s'approchent. Je recule. Il fait nuit. Il fait froid. Je suis fatiguée. Je m'accroupis au pied d'un gros arbre. Je serre très fort mes jambes entre mes bras. Je tremble… "Va me manzer comme la tite fille rouze du livre". J'éclate en sanglots.
Ça bouge dans les fourrés. Je me recroqueville. Le monstre arrive. Je vois ses longues oreilles pointues, ses yeux qui brillent dans la nuit. Il a de grandes dents. Je hurle.
Très vite, il est près de moi. Il se couche à mes pieds et me regarde en gémissant. Surprise, je cesse mes pleurs… "zentil, tu vas pas me manzer ? Hein ?" Il lèche ma main de sa grosse langue rugueuse. Rassurée, je caresse sa fourrure. C'est doux. C'est chaud. Il frotte sa tête contre ma cuisse, les yeux à demi-clos. Il se met sur le dos, les quatre pattes en l'air pour que je le gratouille sous le ventre… ce que je fais. Il étire son long museau en arrière en fermant ses yeux. Il a l'air d'apprécier.
— Hum, merci petite fille, dit-il de sa voix grave en se remettant sur ses pattes. Ça fait du bien !
Il s'ébroue pour se débarrasser des saletés. Il est immense mais il ne me fait pas peur. Je me lève à mon tour. Je lui souris avant de le serrer très fort par le cou comme je le fais avec ma peluche préférée lorsque je suis dans mon lit, le soir. Ses longs poils me chatouillent le bout du nez.
— Pourquoi tu pleurais, petite fille ?
— Je m'ai perdue et je veux ma maman… je réponds en faisant la lippe.
Il s'accroupit devant moi et d'un mouvement de museau, il me fait signe de grimper sur son dos.
— Je vais te ramener à ta maman. Accroche-toi fort à moi.
Installée à califourchon, je passe mes deux bras autour de son cou et je pose ma tête sur sa fourrure.
Il court vite. Il connait tous les chemins de la forêt. Il saute par-dessus les troncs d'arbres pourris sans me faire tomber. Très vite, il m'emmène tout au bout du bout de la grande forêt.
— Voilà, tu es arrivée, petite fille. Je ne peux pas aller plus loin sinon les hommes vont me voir.
Il s'accroupit et me fait descendre.
— Marci le loup. Je dirai à ma maman que tu es un zentil loup.
Il s'incline devant moi avant de retourner dans la forêt. Je le regarde s'enfoncer dans le noir en lui disant "au revoir" d'un signe de la main puis je cours vers la petite lumière…
Ensommeillée, j'ouvre un œil… "Le grand méchant Loup" me fait un clin d'œil complice juste avant que maman n'éteigne la lampe… Alors je serre ma peluche dans mes bras avant de repartir au pays des songes.
Annotations
Versions