Forteresse

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Les Solars de Rae déclinèrent plusieurs rotations autour de leur planète tant aimée, laissant un temps de repos à la nouvelle Vaïncrus. De retour à Jafar Ket Den, les Eraiens aidaient à l’organisation de cette nouvelle armée, composée de Raeien, d’Emeraliens et de Raeiens. La prochaine bataille avait été décidée : Issyia Miel Ran, la capitale de Raylia.

Mais les esprits des quatre Eraiens étaient absorbés par un autre objectif. Tous installés dans une auberge réquisitionnée par la Vaïncrus, comme toute la cité, chacun cherchait à comprendre la raison de leur présence.

« Comment être sûr que c’était bien eux ? demanda Hellie. Après tout, ils étaient physiquement différents ?

— Cette façon de se battre, pas de doute, nous avons combattus les dix Executors Primas, répondit Vallia soucieuse. C’est notre maitrise, parfois nouvelle, de la vision du cycle qui a donné la victoire.

— Skyva est bien vivante alors pourquoi pas eux ? approuva Ashron.

— Alors quoi ? Ils sont immortels ? s’énerva Guidomex en frappant la table du repas face à lui.

— Leur existence Arvilienne semble l’être. Dans l’Ervilia, éliminer leur corps est fatal à l’enveloppe.

— Vous dites que ces Axems sont ceux que vous avez combattus sur Era ? coupa Naioji, intriguée par l’échange. Et vous avez tué leur enveloppe physique ? Donc n’est-il pas possible que leur conscience soit retournée dans l’Arvilia après la destruction du corps Ervillien?

— C’est ce qui est arrivé à la conscience de Skyva, à la mort de Serath, donc pourquoi pas pour eux également? Mais cela voudrait dire que… On ne peut pas les tuer ?»

La conclusion d’Ashron n’eut d’écho que le silence terrifiée de ses compagnons. Seul Naioji semblait intriguée et ravie d’avoir un mystère à éclaircir.

« J’aurais besoin d’en connaitre plus sur la Via et sur ce plan énergétique, l’Arvilia, reprit Naioji en s’asseyant face à Ashron.

— Je ne sais pas trop quoi en dire. J’y suis allé mais j’ai eu l’impression de n’y avoir passé que quelques mois, voir moins. L’Arvilia est comme une représentation de l’esprit d’un univers sans aucune interaction physique possible.

— Aucune interaction physique. Et l’écoulement du temps y semble différent? demanda Naioji, qui réfléchissait à voix haute. Ce plan n’a rien à voir avec le cycle de la Via d’Era et de Rae.

— Maintenant que tu le dis, je me souviens qu’utiliser la Via m’était impossible dans l’Arvilia. précisa Ashron.

— Rien d’étonnant. La Via ne doit pas exister dans ce plan. Et comme la Via est source de toute existence dans l’Ervilia, j’en déduis qu’une absence d’interaction veut dire absence de Via et de cycle. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a rien. expliqua Naioji.

— Donc l’Arvilia est un monde sans Via, chercha à comprendre Ashron.

— Ce ne sont que des suppositions. Je dois approfondir mes recherches et j’ai besoin de temps pour mener mes réflexions. »

Un bruit d’agitation émergea de l’extérieur, au point d’interrompre la discussion des Eraiens. Des brouhahas s’élevèrent et des cris, au sujet d’Akmmar, se firent entendre.

Soudain, Celenok entra dans l’auberge.

« Nous avons un problème, un gros problème ! s’exclama-t-il paniqué. Akmmar !

— Quoi Akmmar ? demanda Pavelox

— Les Terres n’existent plus !

— Comment ?! Que veux-tu dire par n’existent plus ?

— C’est ainsi que je le dis : Akmmar n’existe plus ! C’est comme pour Esgard, un désastre, le Chaos !

— Elle a osé ! s’exclama Ashron en se levant. Elle a réitéré ça sur Akmmar.

— Elle a osé quoi ?! De quoi parlez-vous ?! coupa Pavelox qui perdait patience à tenter de comprendre les mots de ses compagnons. Dites-moi de quoi vous parlez ?! Qu’est-il arrivé aux montagnes de Drihurla Man Ran ?!

— Nous avons envoyé un aérostate pour contacter les tribus des montagnes dans l’espoir de les convaincre de rejoindre la Vaïncrus. Mais les vaisseaux n’ont trouvé que les mers à la place des Terres. répondit Celenok, sincèrement peiné d’apporter une telle nouvelle.

— Des Terres ne peuvent pas disparaître ! continuait à s’énerver Pavelox. Vous déraillez complètement !

— Pavelox, calme-toi, tenta d’apaiser Ashron.

— Comment veux-tu que je me calme ?! Vous êtes en train de me dire que tous ceux que je connais sont morts ?! Que mon foyer n’existe plus ?!

— Je sais et te comprends mais… Calme-toi.

— La ferme ! Je veux me rendre sur Akmmar ! »

Hors de lui, la peine envahissant son esprit, Pavelox montra des signes de violence. Froidement, Ashron se leva et se dirigea vers lui pour l’empêcher de partir.

« Laisse-moi passer, tu es mon ami et je ne te veux aucun mal mais… »

L’instant d’après, sans lui laisser le temps de finir sa menace, Guidomex avait surgi pour l’assommer, laissant à Ashron le soin de le rattraper pour l’allonger au sol.

« Pavelox. Désolé. murmura l’Eraien, peiné de le voir ainsi.

— Skyva a provoqué un déséquilibre de Via sur Akmmar, dit Vallia la voix tremblante.

— Mais c’est si soudain, répondit Celenok. Sur Esgard, ça a pris des années.

— Auraient-ils trouvés un moyen d’accélérer le processus ?

— C’est pourquoi nous avons décidé d’avancer notre attaque. Nous devons nous rendre sur Raylia pour en finir avec les Axems ! s’énerva Celenok. Quel que soit la façon dont ils arrivent à maitriser le Chaos, nous devons absolument les arrêter avant de tous sombrer.

— Ne nous précipitons pas, tempera Ashron en balayant du regard ses compagnons. Attaquer sans avoir plus d’information sur les forces Axems est très risqué.

— Ashron, coupa Pavelox qui avait péniblement reprit connaissance, ce n’est pas à toi de décider de notre sort. Tu ne peux m’enlever ma vengeance, ou notre désir de sauver les nôtres. Alors honoreras-tu ta promesse de nous aider ? »

L’Eraien interrogea de nouveau ses compagnons du regard. Il y lisait la peur, mais aussi l’envie d’arrêter cette folie qui animait les Axems.

« Nous vous aiderons, comme promit » lança-t-il.

Guidomex aida Pavelox à se relever, laissant un mot d’excuse s’échapper de sa bouche, et tous sortirent de l’auberge en précédant Celenok. Dehors, l’agitation de la bataille à venir animait les rues de Jafar. De part et d’autres de la place, surgissaient des Raeiens pressés de rejoindre leur bastion.

Hors de la citée, la surplombant de leur carcasse métallique immense, les forteresses attendaient la fin du chargement des troupes pour prendre leur envol. En chemin, Celenok détailla la stratégie : Se confronter au reste de l’armée Axem à Issyia Miel Ran. Supérieur à leur nombre estimé, la Vaïncrus misait l’écrasement par la masse, fort des renforts Emeraliens et de l’appel de la Vaïncrus à travers tout Rae.

La logistique pour le voyage vers Raylia était assurée par les dix forteresses lourdement armées, commandées par Celenok. Les files d’attente devant les immenses vaisseaux des Emeraliens empêchaient de dénombrer le nombre de soldats qui s’engageait pour cette bataille. D’un regard peiné, Ashron fixait les jeunes Raeiens qui s’engageaient dans un combat à mort. Car tous ne reviendraient pas, là était sa seule certitude.

A bord du cruiser, la forteresse de commandement de Celenok, les Eraiens, Naioji, Pavelox et Kaien traversèrent ses interminables dédales pour arriver dans la pièce de commandement d’où l’Emeralien distillait ses ordres.

« L’itinéraire est calculé, les troupes sont à bords et installés, nous sommes prêts pour le départ, annonça-t-il aux autres commandants de forteresse. Il est temps de mettre un terme à la domination de ces peaux bleues ! »

Celenok raccrocha le communicateur et vin accueillir les Eraiens qui ne savaient où s’installer.

« Le moment est historique pour Rae. Tant de peuples aux histoires belliqueuses, parsemées de conflits et de réconciliations, maintenant réunis face à un ennemi commun.

— Nous avons connus ça sur Era, répondit Vallia sur un ton rassurant.

— C’est de bon augure pour notre future victoire. Mais avant ça, nous avons quelque chose pour vous. En remerciement.

— Tu me remercieras lorsque nous auront vaincus les Axems, répondit Ashron

— Mon frère et moi avons finalisé le portail transcycle entre Rae et Era. Avec Belenok sur Era, nous serons en mesure de l’activer pour vous ramener chez vous.

— Tu vas faire des heureux, répondit Ashron en regardant ses amis Eraiens. Il me tarde de rentrer chez moi. »

D’un sourire approbateur, Celenok invita les Eraiens à s’installer, puis reprit le communicateur pour annoncer le départ de la flotte.

Les vibrations métalliques parcoururent la pièce de commandement de la forteresse. Du plus profond de ses entrailles, les moteurs à propulsion de Via crachèrent leur puissant souffle, faisant s’élever le métal assemblé dans les cieux de Rae.

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