Harmonie... quand tu nous tiens !
Ils étaient six dans la pièce, formant un cercle parfait. Chaque pied de l’un touchant celui de son voisin, chaque main de l’un tenant celle de la personne d’à côté également. Ils étaient tous vêtus d’une blouse d’un blanc immaculé, dans cette pièce carrelée de blanc du sol au plafond. Même le néon diffusait une lumière blanche, froide.
Deux hommes étaient assis l’un en face de l’autre à l’extérieur du cercle, sur des chaises pliantes autour d’une petite table en formica, blanche elle aussi.
— Tu vois André, dit l’un des deux hommes en reposant sa choppe de bière avec désinvolture, je me demande à quoi ça tient l’existence.
— Ecoute Emile, moi je me demande si c’est bien le moment de se poser des questions existentielles, on ferait mieux de partir.
Le prénommé Emile tourna la tête vers les autres, il contemplait avec volupté les tâches rouges s’étendre sur le blanc immaculé de leur blouse blanche. Puis après avoir repris une gorgée de bière, répondit à André :
— Tu crois qu’ils vont se mettre à faire une danse après ça ? ils sont allongés, bien rangés, c’est ça le principal.
— Tu n’as vraiment aucune empathie, Emile.
— Ecoute moi bien André, répondit Emile en se saisissant du couteau de boucher ensanglanté posé sur la table, ne me chauffe pas plus. Tu sais pourquoi tu n’es pas encore dans le cercle avec les autres ?
— Oui, répondit André, totalement sous l’influence de son comparse, pour ne pas rompre l’harmonie…
— Bien, tu vois quand tu veux. Alors tais-toi et laisse-moi contempler mon œuvre, je sais que je suis le seul à faire des taches de sang aussi parfaites en leur perçant le cœur.
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