Chapitre 20 : L'Erreur
Max avançait, tremblant de fatigue, ses yeux écarquillés de terreur, tandis que la silhouette de l'entité se déformait devant lui. Ses jambes étaient lourdes, son corps tout entier en feu. Il n’avait plus de force, mais il savait qu’il devait continuer à se battre. Il avait l’impression de perdre la tête. Après tout ce qu’il avait traversé, il se demandait si ce combat aurait une fin. L’ombre qui se dressait devant lui semblait inébranlable, prête à l’engloutir.
Puis, il se cogna contre quelque chose. Un choc brutal, un corps solide qu’il n’avait pas anticipé. Il n’eut pas le temps de comprendre. Son poing s’écrasa dans la forme qui s’était soudainement matérialisée devant lui.
— Non ! s’écria-t-il, son souffle s’accélérant sous l’adrénaline. Ce n'est pas réel ! Encore une de tes illusions !
Il frappa encore, plus fort cette fois, son poing se dirigeant vers le visage de la créature qui, selon lui, n'était qu'une illusion. Mais l’impact n’était pas comme celui qu'il avait anticipé. La silhouette ne se dissipa pas. Elle vacilla, mais resta ferme, tombant au sol avec un bruit sourd. Max, accablé par la rage et la peur, s'approcha rapidement, son regard furieux fixé sur la forme à terre.
— C’est pas réel ! murmura-t-il, hoquetant presque, mais une voix faible, un souffle entrecoupé, sembla échapper de l’ombre.
Ses doigts tremblaient de plus en plus, mais l’intensité de son coup le mena à se pencher sur l’"entité" qui se trouvait à terre. Il observa avec horreur.
Ce n’était pas une silhouette informe. Ce n’était pas une ombre. C’était un humain. Un homme.
Lentement, Max recula d'un pas, son souffle erratique. Il se rendait compte de son erreur. Ses yeux scrutèrent le visage de l'homme. Des cheveux en désordre, un visage marqué par la souffrance, des yeux clos, presque paisibles. Il n’avait pas de traits déformés comme l’entité, pas d’apparence monstrueuse. Non, il semblait… humain.
Le cœur de Max se serra. Comment avait-il pu le confondre avec cette créature qu’il pourchassait sans relâche ? Comment avait-il pu croire qu’il s’agissait encore d’une illusion ? Il s’accroupit, sa gorge nouée, et examina l’homme plus attentivement. La peau pâle, marquée par la saleté et la souffrance, les vêtements déchirés… Mais plus que tout, l’expression sur son visage… il semblait presque paisible, malgré la douleur évidente.
Max s’accroupit à côté de lui, se sentant pris de remords.
— Non, non, non… je ne voulais pas… dit-il à voix basse, sa main tremblante s'approchant de l'homme.
L'homme émit un léger gémissement, ses yeux se rouvrant lentement, flous au début, puis se focalisant. Il fixa Max, les yeux remplis de confusion et de faiblesse.
— ...Pourquoi ? murmura-t-il d’une voix presque éteinte.
Max sentit son cœur se serrer encore plus. Il n'avait pas d'excuses. Il avait frappé un être humain, un innocent qu’il avait pris pour une illusion. Il serra les poings, pris de culpabilité. Il n’avait pas réfléchi. Il n’avait pas pris le temps de se poser des questions avant de frapper, et maintenant il se tenait là, face à une personne qu’il avait blessée.
— Désolé… je pensais que… je pensais que tu étais l’entité, dit-il, les mots sortant de sa bouche avec difficulté. Je suis… je suis désolé.
L'homme émit un faible rire, presque amer, avant de se replier légèrement sur lui-même, visiblement affaibli.
— Une entité… ? dit-il dans un souffle, comme si l’idée lui paraissait absurde. "Arrête de te foutre de moi, tu...tu es l'entitée...c'est pour cette raison que tu m'a attaqué...."
Max baissa les yeux, honteux. Oui, il l’avait pris pour un ennemi, une créature de l’obscurité. Mais ce qu’il voyait maintenant, c’était un humain, un homme qui avait peut-être lui aussi traversé des épreuves inimaginables, mais qui, malgré tout, ne méritait pas d’être traité comme une simple menace.
— Je… je suis vraiment désolé, répéta Max. Je… je ne voulais pas… faire ça.
L’homme se leva lentement, soutenant sa tête d’une main, le regard fuyant. Max observa ses gestes hésitants, son corps frêle. Il ne pouvait s’empêcher de se sentir mal pour ce qu’il venait de faire.
Soudain, l'homme s'effondra en arrière, tombant lourdement sur le sol. Max se précipita vers lui, son cœur battant la chamade. Il plaqua ses mains sur les épaules de l’homme, le secouant légèrement.
— Hey ! Est-ce que ça va ?! Tu m'entends ?!
L'homme ne répondit pas immédiatement. Sa tête roulait mollement sur le côté, et ses yeux étaient à demi-closes. Max sentit un frisson glacial lui traverser le corps. La situation était encore plus grave qu'il ne l'avait imaginé. L'homme, cette personne qu’il venait de frapper sans raison, était en train de perdre conscience. Max se sentit submergé par un flot d’émotions : la culpabilité, la panique, mais aussi l’urgence de le sauver.
Max tenta de le secouer à nouveau, mais l'homme semblait trop faible pour réagir. Loin de l’entité monstrueuse qu’il avait cru combattre, l’homme était maintenant au bord de l’effondrement. La colère et la rage qui l’avaient animé quelques instants plus tôt se transformaient maintenant en une profonde inquiétude. Il avait fait une terrible erreur.
Soudain, le regard de l’homme se tourna faiblement vers lui.
— Je… je suis désolé… je suis… juste… perdu… souffla-t-il, sa voix brisée.
Max s'arrêta, une onde de compréhension traversant son esprit. Il n’était pas le seul à être perdu ici. L’homme en face de lui, celui qu’il avait attaqué, portait ses propres cicatrices invisibles. Il était peut-être autant victime que lui, peut-être même plus.
— Je… je vais t’aider, dit Max, sa voix tremblante. Tu… tu as ma parole. Je t'en suppli, ne me laisse pas seul...dans ce monde de chaos."
L'entitée, regardant de loin, ne pouvais pas s'empêcher de laisser paraître un sourire sinistre et se murmura : " Ca deviend de plus en plus intérressant...très interressant ! "
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