Chapitre 23 : Le Nom Des Ombres

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Le feu crépitait doucement dans le coin de la cabane. Max s’était assis en tailleur, à une distance raisonnable du jeune homme qu’il avait presque tué quelques heures plus tôt. L’inconnu, toujours allongé, s’était redressé à moitié contre un mur, une couverture grossière sur les jambes. Le silence entre eux était chargé de tout ce qu’ils n’osaient pas dire.

Max triturait un morceau de tissu entre ses doigts. Il leva enfin les yeux vers lui.

— T’as encore mal ?

L’autre hocha lentement la tête.

— J’ai connu pire. Mais j’aurais préféré que mon premier contact ici ne soit pas un direct dans les côtes.

Max détourna le regard, honteux.

— Je t’ai déjà dit que j’étais désolé…

— Tu l’as dit trois fois. Tu veux en faire une quatrième pour un carton plein ? lança-t-il avec un petit sourire moqueur.

Max souffla par le nez. Il hésita, puis se rapprocha un peu.

— Alors… t’es là depuis longtemps ?

L’inconnu plissa les yeux, comme s’il cherchait une réponse dans les flammes.

— Pas assez pour comprendre ce monde… Trop pour croire que j’en sortirai facilement.

Max resta figé un instant.

— Tu veux dire… t’as été transporté ici, toi aussi ? Comme dans un rêve… un cauchemar... qui ne finit pas ? Le jeune homme tourna la tête vers lui. Une lueur de méfiance brillait dans ses yeux. Puis il lâcha :

— Ouais. Un peu comme toi, non ? T’as cette lueur paumée dans le regard. Et la façon dont tu sursautes à chaque bruit... C’est familier. Max déglutit. Il hésita. Puis il demanda :

— Et... comment tu t’appelles ?

L’homme le fixa. Longuement. Puis il sourit, mais ce sourire-là n’était pas moqueur. Il était dur. Méfiant. Presque triste.

— C’est marrant… Tu veux mon nom comme si c’était une poignée de main. Mais dans ce monde, un nom, c’est plus qu’un mot. C’est une faille. Un levier. Une porte qu’on ouvre sans la refermer.

Max le regarda, confus. L’autre soupira, passa une main dans ses cheveux emmêlés, puis ajouta :

— J’te le dirai. Mais pas encore. Pas tant que je suis pas sûr que tu sois pas… une illusion. Ou pire.

Max hocha la tête. Il comprenait. Il avait pensé la même chose de lui, après tout.

— Et toi ? demanda l’inconnu, posant soudainement les yeux sur lui avec intensité. Tu sais comment t’es arrivé ici ? Tu te souviens du moment où tout a changé ?

Max frissonna. Les souvenirs le percutèrent, flous, confus. L’écran. Le choix. Le “oui”. Les ténèbres. L’entité.

— Je… Je jouais. À un jeu. Minecraft. Et y’avait ce message… une voix. Un bouton. Suivre ou refuser. J’ai cliqué. Et je suis tombé.

L’autre resta silencieux. Puis, lentement, il recula un peu contre le mur.

— Toi aussi…

— Quoi ? demanda Max, sur le qui-vive.

Le jeune homme secoua la tête, visiblement troublé.

— Rien. Juste… t’es pas le seul. Y’en a d’autres. Des joueurs. Des gens qui ont “accepté”. Qui se sont laissés happer par ce monde.

Il tourna la tête vers Max, les yeux soudain très sérieux.

— Ce monde joue avec nous, Max. Tu crois que tu t’es perdu ici ? Peut-être que t’étais juste… un pion de plus. Une pièce pour l’amuser, elle.

Un long silence tomba. Au-dehors, un bruit de branches qui craquent. Mais ce n’était pas l’entité. Pas encore.

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