Chapitre 10 - Virée shopping
Le lendemain matin au réveil, un message l'attend avant d'aller retrouver sa cousine pour une virée shopping :
-Belle journée ma belle ! Tes lèvres me manquent déjà. Tu es mon rayon de soleil.
-Bonne journée mon chéri. On s'appelle ce soir ?
-Yes !
Le cœur de Maéline sautille d'impatience et de joie.
Direction la douche avant de retrouver Sarah, sa cousine, pour un brunch.
À peine a-t-elle posé un pied dans la douche, qu'on toque à la porte.
— T'aurais pas revu ton Romain, Chouquette ?
La rouquine stoppe le jet d'eau.
— Pourquoi, ma Pralinette ?
— Tu chantonnes très fort, pouffe Chloé.
— Raahhh ça va ! Allez, va retrouver ton Erwan. Tu rentres samedi ?
— Oui, le soir, je vais pas te laisser dîner toute seule pour notre soirée rituelle en famille. Enfin, ce qu'il en reste...
— Merci, t'es au top !
— J'ai donné son ptit-déj' à maman vu que tu fais tout le reste pendant quatre jours. J'ai mis son pilulier à jour et j'ai aéré sa chambre. Allez, à plus !
— Okidoki. Profite bien de ton Erwanneuuh !
L'adolescente finit de se préparer avant de prendre le bus direction le centre commercial Alma. Les cousines arrivent au même instant devant le bistrot, Sarah dotée de la même chevelure rousse caractértistique de ce côté de la famille, mais les yeux noisette et une bonne tête de moins que sa cousine, malgré leurs quelques jours d'écart. Elle revêt un jean foncé et un haut vert dont les manches tombent sur ses épaules à demi-dénudées. Petites, leurs mères avaient pris pour habitude de les envoyer chez leurs grand-parents à la même période pour profiter de ce trio du même âge, en incluant Chloé d'un an leur aînée. Bien qu'elles ne s'y rendent plus systématiquement depuis deux années déjà, elles se côtoient régulièrement. Chloé ayant moins d'affinités, leurs rencontres se font souvent à deux. Elle est devenue la plus proche parente de Maéline après sa soeur.
Après les bises et accolades rituelles, le duo entre dans le bistrot. Une fois installée, la carte en main, Sarah s'enquiert :
— Alors, comment ça va ? Ton oral ? Moi, je passe que dans trois jours, pfff...
— Je profite, la nargue-t-elle. Bon courage à toi, bientôt libérée.
Sarah dévisage sa cousine.
— Pas trop dur avec ta mère à gérer ?
— On se fait une raison, répond-elle en haussant les épaules. Qu'est-ce que t'as à me regarder comme ça ?
— Je te trouve plus joyeuse que d'habitude. Enfin depuis... tu sais quoi.
— J'ai... J'ai fait une rencontre.
La rouquine rougit.
— C'est pas vrai ? Raconte !
Une ombre apparaît dans son champ de vision avant qu'elle n'ait pu articuler le moindre mot.
— Vous avez choisi ?
Les cousines se regardent embarassées.
— Non, désolée, répond Maéline en premier.
— Je reviens dans quelques minutes, propose le serveur.
Les adolescentes pouffent d'un mélange d'excitation et de gêne complice.
— Merde, ça va faire durer le suspens mais je veux pas passer pour la relou. On choisit vite et tu me raconte tout !
Maéline narre ensuite par le menu sa rencontre avec celui qui fait battre son cœur, ce qui les mène bien après le repas, lors de leurs déambulations dans les magasins. Lorsqu'elle a fini son récit et pris des nouvelles de sa cousine, cette dernière lui met un cou de coude.
— On finit sur un magasin de lingerie ? propose-t-elle en lui faisant un clin d'œil équivoque.
— T'es sûre ? C'est mon premier et...
— Pour le fun ! Et comme ça, tu te rappelleras qu'on était toutes les deux pour ce grand moment alors que tu mettras l'ensemble.
— Ok, je te suis ! cède facilement Maéline excitée de cette nouveauté.
— Je préfère être claire, je te fais juste prendre de l'avance histoire de nous faire un souvenir à nous deux. Et puis j'avoue, ça m'amuse de faire la conseillère en lingerie. Mais pas avant plusieurs mois, même un an. Que tu me dises pas que je t'incite à coucher ! Tu le connais à peine, c'est ton premier et faut jamais précipiter ! insiste Sarah.
— T'inquiète ! Déjà, j'ai mis seize ans avant d'embrasser un mec, alors d'ici à ce que je fasse l'amour...
— Alors on y va ! s'enthousiasme Sarah en glissant sa main sous le bras de Maéline pour la tirer vers l'autre extrémité du centre commercial.
La rouquine est ravie d'avoir quelqu'un pour l'accompagner. En l'absence de sa soeur et de sa mère, elle n'aurait pas osé passer la porte d'une boutique de lingerie, mais penser à la tête de Romain en sentant sous ses doigts un soutien-gorge sexy la ravit. Elle se sent toute à la fois honteuse d'une telle pensée alors qu'ils se connaissent à peine.
La vendeuse les conseille pour choisir quelque chose de piquant mais pas vulgaire et qui convienne à une jeune fille de dix-huit ans. Elle n'a pas osé avouer son âge. Maéline ressort un sourire éclatant sur le visage et dans le sac un ensemble noir avec une petite dentelle et un A brodé en fil doré sur le sein droit.
— Te précipite pas à lui montrer, on a choisi en avance. Ok ?r rappelle Sarah.
— T'inquiète, on se connaît tout juste.
— Ouais mais les hormones peuvent vite nous faire accélerer le pas.
— Dit celle qui n'a pas encore eu de relations sexuelles, lance Maéline avec une lueur de défi mêlée à l'amusement.
— Je pense à Zoé, une amie qui a couché après même pas un mois. Elle qui faisait de grands discours sur le fait d'attendre un an ou plus et pas avant ses seize ans bien avancés, s'est retrouvée à avoir son premier rapport à tout juste quinze ans. Bon, ils sont restés ensemble un an, mais quand même. Ça aurait pu finir autrement.
— J'en suis pas là, ok ? Merci d'y avoir pensé, ça ma fait trop plaisir de choisir cette tenue avec toi.
En rentrant, sa bonne humeur est érodée par le vide ambiant. Après avoir poser ses sacs, la shoppeuse se dirige à pas traînants vers la chambre maternelle. Elle souffle et pénètre dans la semi-obscurité de la pièce.
— Maman, c'est moi.
— Coucou ma chérie, l'entend-elle répondre la bouche pâteuse. Tu as passé une bonne journée ?
— Oui, et toi ?
— J'ai pris une douche.
— C'est une bonne nouvelle ! s'efforce de s'enthousiasmer l'adolescente tout en s'approchant du lit.
Sa mère tend une main vers sa joue et la caresse.
— Merci, ma chérie.
— Je vais préparer à manger. Tu veux quelque chose en particulier ?
— Comme tu veux.
— Je suis fourbue et j'ai la flemme donc pâtes au beurre et salade ou semoule et restes de ratatouille.
— Comme tu préfères.
Cette absence d'envies et de vie l'exaspère, Maéline prend sur elle avant de répondre d'un ton faussement joyeux :
— Va pour pâtes au beurre et salade !
Après avoir déposé le plateau dans la chambre de sa mère et s'être installée à table avec un livre, Maéline prend soudain conscience de la cruelle réalité : sa soeur et sa cousine ont tout de suite perçu le changement, sa mère, non. Un feu vif flamboie dans sa gorge alors qu'elle ne peut contenir les larmes qui roulent sur ses joues et mouillent son haut.
Elle a rien vu ! Comment une mère peut-elle être aussi indifférente ? À ses propres filles ? J'ai trop envie de me casser d'ici comme Chloé ! Romain m'accueillerait pour une nuit ? Arrête tes conneries, on se connaît à peine. Et puis je vais pas m'imposer dans sa vie. Quand est-ce qu'elle va se bouger les fesses ? Faut que j'arrête d'espérer. Ça va être long, pénible et va falloir endurer.
Pour ne pas s'assombrir davantage, l'adolescente saisit son téléphone :
- T'as passé une bonne journée ? Moi, c'était brunch avec Sarah, ma cousine, j'ai pris un giga-plateau trop bon ! Après on a fait du shopping. On peut se voir cette semaine ?
- Aprèm' foot avec des potes et là, on dîne devant un film. Samedi ?
- Je peux pas, soirée avec ma sœur. Vendredi ?
- Vendu ! Ça fera un jour de moins à attendre ! Bonne soirée, ma belle ! À vendredi. Trop hâte de t'embrasser !
- À vendredi ! Tu me manques. Moi aussi trop hâte !
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