Chapitre 23 - Chez Sarah

5 minutes de lecture

Le lendemain, Maéline est réveillée par l’alarme de son téléphone, elle doit être chez Sarah pour le déjeuner. Elle se prépare avant de descendre dans la rue pour prendre le bus.

Arrivée devant la maison pavillonnaire close par un portail en fer forgé, la rouquine regarde quelques instants la glycine en train de fanée, toujours aussi fascinée par cette plante élégante à l’odeur entêtante. Sarah ouvre la porte d’entrée, descend les quelques marches du perron avant de lui ouvrir.

— Je guettais ton arrivée. Comme tu m’as envoyé un sms pour me dire que tu voyais ton chéri hier, j’étais impatiente d’avoir les détails croustillants de votre rendez-vous ! dit la cousine en rongeant difficilement son frein.

— Le déjeuner est prêt ?

— Non, j’ai entendu ma mère dire qu’il fallait encore trente minutes de cuisson au rôti.

— Un rôti Orloff, j’espère ?

— Ton préféré, évidemment ! Dommage que Chloé n’est pas pu venir.

— Allez, je vais saluer tonton et tata.

Sarah mène sa cousine dans le jardin où ses parents installent la table pour un déjeuner en extérieur.

— Ahh, Maéline tu es arrivée ! Tu es toute en beauté ! la salue sa tante, Nathalie.

— Salut tata. Merci ! répond la jeune fille en lui faisant la bise.

— Bonjour Maé, comment va ta mère ? Et toi, comment vas-tu ? s’enquiert son oncle, Christophe en rajustant la ceinture de son bermuda en lin beige dans lequel est glissée une chemise noire.

— Moi, ça va. Pour maman… pas d’évolution.

— J’ai essayé de la secouer et proposer de l’aider. Je lui ai même envoyé une liste de psy, soupire Nathalie en triturant sa longue robe aux motifs graphiques. Ma sœur refuse tout. J’aimerais pouvoir faire plus, ma puce.

— Il lui faut du temps et je sais que tu l’aides souvent pour ses papiers. Merci tata.

— C’est normal, ma puce.

— Maman, on monte, tu nous appelles quand le rôti est prêt ? coupe Sarah qui attend toujours le résumé, ou plutôt le récit détaillé, de la soirée de la veille.

— Bien sûr, mon chaton.

Le duo grimpe aussitôt à l’étage dans la chambre au vieux parquet grinçant agréablement sous les pieds et à la grande cheminée en marbre qu’affectionne les deux jeunes filles. Elles s’installent sur le lit, adossées au mur.

— Alors ?

— Il s’en va demain pour un mois, se lamente Maéline. Je sais qu’on est ensemble depuis peu, mais je suis déjà hyper attachée à lui !

— Ma pauvre, la console Sarah en lui prenant la main.

Devant l’expression impatiente de sa cousine Maéline se replonge dans les souvenirs récents.

— Il m’a invitée à dîner chez lui.

— Avec ses parents ? la coupe Sarah surprise.

— Non, ils étaient de sortie.

— Y’en a qui ont de la chance !

— Et attends, il était habillé trop classe et m’a tenu la chaise comme un gentleman, explique Maéline avec engouement. Il a sorti un grand plateau de nourriture japonaise de chez Sakura Ya.

— Le paradis cette soirée, l’envie Sarah. Et t’es rentrée chez toi après ?

— Non, on a profité aussi longtemps qu’on a pu vu ce qui nous attend ! On a maté Gladiator, une belle découverte, même si j’ai caché ma tête sous son bras plusieurs fois.

— Mmmh, je vois à ta tête que tu me dis pas tout…

Maéline détourne le regard, mal à l’aise.

— Je sais pas comment…

— Balance et c’est tout ! l’encourage Sarah dont la curiosité est insatiable.

— Bon déjà, faut que j’te dise qu’on a fait l’amour deux fois déjà. D’ailleurs, merci pour l’achat lingerie, j’aurais eu trop honte sans toi !

— La vache, déjà ! Je trouve ça hyper rapide, commente Sarah en mettant de côté le sujet lingerie tellement choquée par la nouvelle.

Devant le léger recul de sa cousine, Sarah tempère son commentaire.

— Après… chacun son rythme. Ça t’a plu ?

— Oui, même si ça fait mal au début.

— J’ai pas hâte d’y être. En même temps faudrait déjà que j’ai un copain… Donc vous avez fait l’amour ensemble hier, histoire de vous dire au revoir ?

— Mmmh, pas tout à fait.

— Allez, crache le morceau ! Tu me tortures ! Je vais me faire des idées chelou en plus si j’attends davantage.

— Il m’a demandé si j’étais ok pour réaliser le fantasme de sa vie. J’ai dit oui. On… Je lui ai fait une fellation, sort Maéline d’une seule traite.

— Merde, je sais pas quoi dire…

— À table les filles ! entendent-elles crier du rez-de-chaussée.

— J’ai trop faim, on descend ? suggère Maéline.

— Euh… ouais…

Le rôti est servi avec des pommes de terre au four et une salade. Ce plat réconfort ravit les papilles de Maéline. Elle profite des échanges autour de la famille et de l’actualité en bonne compagnie en mettant de côté son envie de pouvoir vivre à nouveau ces instants avec sa mère et sa sœur. Vient ensuite une île flottante puis les aînés s’activent à ranger intimant aux adolescentes de profiter l’une de l’autre après avoir aidé à débarrasser. Elles retournent immédiatement dans la chambre.

— Je peux pas m’empêcher de repenser à ce que tu m’as dit, dit Sarah en s’asseyant au bord du lit tandis que sa cousine l’y rejoint.

— Quoi ?

— Ben la… la fellation quoi !

— Tu veux les détails de notre intimité ?

— Qu’est-ce que tu racontes ?! Non, bien sûr que non ! Mais je comprends pas qu’il t’ai demandé ça. Vous vous connaissez à peine et c’est le premier avec qui tu couches.

— Avec qui j’ai fait l’amour.

— Ok pour la nuance, bien qu’à ce que tu décris, ça ressemble plus à de la coucherie.

— T’es chiante, là !

— Et toi, tu te laisses avoir par ce mec ! s’agace Sarah qui croise les bras sur sa poitrine.

— T’es dégueulasse ! C’est pas parce que t’as pas de copain que tu dois foutre la merde dans le couple des autres ! s’emporte Maéline les poings crispés.

Sarah reste sans voix. La tension monte du côté de Maéline. Puis la cousine reprend, avec douceur cette fois-ci :

— Excuse-moi, c’est pas le sens que tu crois. Je veux pas qu’il profite de toi c’est tout. Sa demande me rend méfiante. Tu vis déjà une situation douloureuse, j’ai pas envie qu’il en rajoute.

— Il me rend heureuse. Avec lui je me sens vivante et j’oublie cet appart’ froid comme la mort !

Les épaules de la cousine s’affaissent.

— Une fellation tout de même. Même pas un mois que vous êtes ensemble… ne peut s’empêcher de ressasser Sarah.

— Tu m’emmerdes à la fin ! Arrête ta crise de jalousie !

— Je suis pas jalouse !

— Bien sûr que si ! T’aurais voulu que ce soit toi la première de nous deux, avoue ! s’exclame Maéline en haussant le ton.

— Arrête de t’énerver, je cherche juste à te protéger.

— En m’enlevant les seuls moments où je me sens vraiment bien !

— Merci pour moi et pour ta sœur ! s’énerve Sarah à son tour.

— Tu vois, t’es jalouse !

— Et toi, t’es une fille facile !

— TU…

— JE…

Maéline sent une rage prendre possession d’elle, et plutôt que de déverser sa haine sur sa cousine, préfère prendre la fuite.

— J’me casse ! Tu diras au revoir à tes parents de ma part !

La jeune fille claque la porte derrière elle, descend les escaliers d’un pas lourd et part rapidement pour fuir cet échange douloureux. Pourquoi sa cousine ne peut-elle pas être heureuse pour elle ? La gorge douloureuse, l’adolescente contient difficilement les larmes pendant le trajet en bus. Une fois la porte de chez elle refermée, elle s’enferme dans sa chambre, se cache sous sa couette et se met à pleurer. Romain lui manque déjà terriblement, alors même qu’il n’est pas encore parti.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Valériane San Felice ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0