Chapitre 8 - Prétexte pour se revoir
Romain et Maéline restent toute la soirée à discuter de tout et de rien : des cours qui vont enfin se terminer, du bac de français qui approche, des vacances où ils pourront enfin vraiment souffler... Les lumières s'allument peu à peu, à mesure que la nuit s'installe. Dans cette atmosphère feutrée, ils échangent sur leurs goûts musicaux. Romain sort son smartphone pour lui faire écouter le dernier morceau des Balck Eyed Peas et s'exclame en le déverrouillant :
— Minuit, va pas falloir que je tarde !
— Déjà ? lâche Maéline sans cacher la déception qui la traverse.
— Mes parents peuvent être vraiment relous sur certains trucs comme les temps de sortie. Si je veux pas me retrouver privé de sorties jusqu'à la fin de l'été, mieux vaut que je sois de retour avant une heure.
— Ils vérifient que t'es bien rentré ?
— Pire, ils m'attendent. Et toi ?
— Moi ?
Frisson glacé. Vide abyssal. Sourire plaqué sur le visage.
— Ils dorment.
— Je t'aurais bien proposé de rentrer ensemble mais Lucas me dépose, il a le permis et interdiction de faire monter des personnes inconnues. Ses parents sont pires que les miens.
— Je préfère marcher de toute façon.
— Je fais une petite fête chez moi la semaine prochaine, ça me ferait grave plaisir que tu viennes ! C'est samedi, Jennifer sera de la partie.
Maéline est aux anges. Certes, elle ne connaîtra personne, ou presque. Et il sera leur hôte, donc certainement peu disponible. De toute façon, elle est incapable de dire non tant elle se sent vivante et apaisée en sa présence. Cela balaie la moindre réserve.
— Alors, j'y serais ! À quelle adresse ?
— Le plus simple c'est que tu me files ton num' et je t'envoie l'adresse.
Évidemment que cela lui convient d'échanger leur numéro ; elle espère qu'il a mis une photo de lui sur son profil histoire de pouvoir y jeter un coup d'oeil de temps à autre en attendant que passe la longue semaine avant de le revoir. Comme Lucas arrive pour invectiver Romain de se dépêcher, Maéline se dépêche de lui dicter son numéro. Romain lui envoie l'adresse qui vibre aussitôt sur le smartphone de Maéline.
— À samedi alors, j'ai hâte ! lance Romain avec un regard insistant avant d'être traîner de force par Lucas en direction de la maison.
Une fois Romain parti, Maéline ne s'attarde pas, elle n'a plus la tête à la fête et préfère rentrer pour rêver à la soirée qui l'attend.
La semaine passe assez vite, entre les corvées dominicales, les derniers cours du lycée et les ultimes conseils de la professeure de français. Arrivé le vendredi, Maéline reçoit un sms à peine rentré du lycée. Elle sort son téléphone et voit le prénom de Romain s'afficher avec un message en attente de lecture. L'excitation la rend fébrile, les doigts gourds.
Salut Maéline,
Pense à prendre la robe, je te dois toujours le pressing. J'ai hâte de te revoir demain, je sais qu'on ne s'est vus qu'une fois, mais c'est vide d'un coup sans toi.
À demain !
Il n'a pas oublié. Et elle lui manque. En cette instant, Maéline se sent chanceuse d'avoir rencontré quelqu'un de prévenant. Elle s'en veut presque d'arriver avec le vêtement tâché, mais la peur qui lui noue le ventre à l'idée de la fureur de sa soeur l'incite à accepter le service galamment proposé.
Enfin arrive le samedi soir. Après maintes tergiversations et après avoir vider la moitié de sa garde-robe à force d'essayage, Maéline opte pour un court short en jean et un haut léger aux épaules dénudées, les manches vaporeuses recouvrant ses bras d'un rouge tirant sur le rose foncé. Elle met les créoles offertes par sa soeur, de nombreux bracelets de perles fines et son collier au symbole infini qui lui a porté chance. Romain habite à presque trente minutes à pieds, mais le besoin d'évacuer le stress qui ne cesse de monter l'incite à s'y rendre à pied, malgré le ciel menaçant. Elle attrape une petite veste au cas où, laisse le parapluie qui pourrait être ujgé ringard et sort. La marche ne calme pas ses nerfs, elle opte donc pour de la musique K-pop. Le mélange réussit enfin à canaliser l'appréhension. Pourra-t-elle passer du temps avec lui ? Combien de filles lui tourneront autour ? A-t-il autant envie d'être auprès d'elle que l'urgence qui la presse de le sentir déjà à ses côtés ?
Arrivée devant le portail ouvert, elle voit un groupe sonner puis Romain leur ouvrir et les inviter à entrer. Elle hésite soudain, se demande ce qu'elle est venue faire dans cet inconnu total. Puis leurs regards se croisent. Un sourire accueillant se peint sur le visage de Romain. EtMaéline oublie tout. Son coeur bat plus fort. Une force semble la pousser dans sa direction. Arrivée sur le pas de la porte, il lui fait la bise avant de la complimenter :
— Tu es splendide ! Merci d'être venue.
Une onde de chaleur lui empourpre les joues.
— Viens, je te sers quelque chose ?
Elle hoche simplement la tête tandis qu'il passe un bras derrière son dosp ourl 'inviter à entrer et la mener vers le bar. Le salon est rempli d'adolescents, un verre à la main, certains se dandinant au rythme des tubes de l'été. Sur la droite s'étend un grand bar style retro avec des armoires vitrées contre le mur. Maéline apeçoit derrière la petite foule, une piscine extérieure et un sauna où certains on déjà pris leurs aises. Sans 'en apercevoir, elle se retrouve devant le bar, un verre de vodka-orange à la main et Romain en train de trinquer avec elle.
— À ta venue ! O nva dehors ? demande-t-il sans la lâcher du regard.
— Si u veux.
Il lui attrape la main. Le contact l'électrise. Sa tête vole au-dessus des nuages.
Romain se faiut alpaguer à plusieurs reprises sans lâcher la main de la jeune fille. Ils délogent trois jeunes assis sur une banquette à bascule un peu en retrait de la piscine pour éviter les projections de ceux qui s'amusent au concours de bombe à eau.
— Romain, tu viens faire un Action ou Vérité ? demande un grand blond.
— Plus tard. COmmencez sans moi.
— Ok, capitule ce dernier avec un regard en coin pour Maéline, une moue déçue déformant sa bouche.
Romain se tourne vers Maéline.
— Au fait, t'as la robe ?
— Euh... Oui. Tiens dans ce sac. Merci, c'est gentil d'y avoir repenser.
Romain ne la quitte pas des yeux.
— C'est normal, j'avais qu'à faire gaffe. Alors, tu as des projets pour l'été ?
— Je pars un peu dans le sud., répond-elle perdu dans l'émeraude de son regard.
Un cri aigu retentit du côté de la piscine. Maéline tourne la tête par réflexe. une fille s'est faite complètement aspergée par deux jeunes mort de rire au milieu de la piscine.
Soudain, l'adolescente sent un contact doux et tiède dans son cou. Son coeur s'emballe. Elle a chaud. Froid. Elle ne sait plus. Elle tourne la tête et ses yeux se posent sur les lèvres de Romain. Maéline sent sa nuque encore humide du baiser déposé. Irrésistible attraction. Plus rien ne compte que sa bouche, que cet instant. Pulsion de vie.
Elle s'approche et sent le souffle de Romain animer quelques mèches de ses cheveux. Il réduit la distance, leurs nez se frôlent. Elle hésite, a peur soudain de se tromper. Mais l'adolescente ne veut pas penser, juste se laisser porter. Romain semble répondre à cet appel invisible et l'embrasse, avide. Ce baiser en appelle un autre. Leurs lèvres se caressent, se quittent un instant pour mieux se retrouver dans un élan de désir sans cesse décuplé. Les mains du jeune homme entourent la taille fine pour l'amener à lui, puis une main glisse vers la jambe de Maéline pour l'installer sur sa cuisse. Bientôt, la jeune fille se retrouve à califourchon sur son amant. Elle pose ses mains sur les joues de ce dernier, tandis qu'il la serre contre lui. Leurs langues se cherchent, s'invitent pour une danse timide tout d'abord, puis de plus en plus enflammée.
Une sonnerie retentit. Maéline écarquille les yeux, se recule légèrement. Cette sonnerie... Elle sort son smartphone de son sac pour y voir afficher le mot "Papa". Hésitation. Décision : elle appuie sur le rejet d'appel.
— C'était qui ? demande Romain, en caressant les cuisses de la jeune fille.
— Mon père, répond Maéline le visage sombre.
— Un emmerdeur, comme le mien, on dirait.
Romain attrape des mèches rebelles et les place derrière les oreilles de Maéline tout en s'extasiant :
— T'es vraiment trop belle !
Nouvelle danse de leurs lèvres et de leurs langues. Un tango désormais. Leurs corps se pressent davantage. Leurs respirations s'accélèrent. L'adolescent glisse ses mains sous l'attache de la robe pour caresser le dos en partie dénudé. Puis ses doigts s'attardent sur le soutien-gorge. Maéline sent son corps se raidir légèrement, une imperceptible réticence. Elle s'écarte des lèvres tant convoitées et regarde le jeune homme en silence avant qu'il ne convienne :
— Si t'as pas envie, t'as juste à me le dire. J'ai cru que tu voulais.
— Pas maintenant.
— Ok, viens par là, tes lèvres me manquent déjà trop !
Nouveau baiser.
— J'ai soif, tu veux quelque chose, propose l'adolescent, les lunettes à moitié descendues de son nez.
Maéline sourit et replace ces dernières :
— Je veux bien un Coca, merci.
— Je reviens avec deux verres alors.
Il dépose une bise sur son front avant de prendre la direction de la maison. Depuis combien de temps n'a-t-elle pas ressenti cela ? Ces vibrations de vie qui rebondissent en échos dans tout son corps ?
Lorsqu'il reparaît, Maéline pouffe : Romain porte dans chaque main un grand gobelet et se retrouve obligé de tenir le sac de chips entre les dents.
— Va...llait ien... .ra...sier... peu !
L'amusée se lève, tend les bras vers la bouche de Romain :
— Attends, je t'enlève ta muselière, j'ai rien compris.
— Ahhh, c'est mieux ! Fallait bien se rassasier un peu ! s'exclame-t-il.
Les deux adolescents explosent de rire.
— T'es encore plus jolie quand tu rigoles.
— Mes chevilles vont exploser à force !
— Y'a jamais assez de compliments, lâche-t-il en lui tendant un Coca.
Lorsqu'il ne reste plus que les verres et l'emballage vides, Romain attire Maéline pour qu'elle se love au creux de son épaule. La jeune fille ôte ses ballerines pour étendre ses jambes sur le banc. Ils passent la soirée à discuter. Romain refuse poliment, mais fermement les tentatives de certains pour le faire participer à des jeux alcoolisés. Maéline est touchée de se sentir ainsi privilégiée. Le ciel se pare de sa robe au dégradé coloré et les échanges semblent toujours aussi fluides. Peu à peu la nuit étend son voile et pose une intimité bienvenue aux deux adolescents. Romain demande tout en caressant les cheveux de la jeune fille :
— On se revoit quand ?
— Aussi vite que possible !
— À ce point ?
— Je suis déjà habituée à te sentir près de moi.
— Moi aussi. Alors... disons, mardi soir après le bahut. J'ai mes derniers cours.
— J'ai déjà fini donc pas de soucis pour moi.
— Tu viens chez moi ?
— Je pensais essayer la crêperie illimitée qui vient d'ouvrir.
— Présenté comme ça : la plus belle jeune fille et des crêpes à s'en exploser le bide. Je peux pas refuser !
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