Chapitre 9

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Épuisée par l’après-midi et ses pleurs, le sommeil l'emporta vite. Mais pas assez profondément pour qu'elle succombe à cet état lointain, ce trou noir sans le moindre rêve auquel elle était habituée. Et bien que Garance ne soit pas aisément effrayée par les cauchemars, elle aurait mille fois préféré la tendre caresse du vide à ce qui allait suivre. La jeune femme se retrouva coincée à mi-chemin entre sommeil et éveil, à la frontière de deux mondes. Elle était comme bercée, tendrement cajolée, jusqu'à ce qu'un frisson glacial ne s'empare de son corps et ne l'éveille en un brusque sursaut.

Aussitôt qu'elle ouvrit les yeux, Garance se rendit vite compte de l'étrangeté des lieux dans lesquels elle se trouvait. Le sol était dur et froid, comme de la pierre, et il faisait si sombre qu'elle se retrouvait aveugle. Curieusement, Garance fut bien incapable d'activer son sortilège de nyctalopie. C'était comme si toute forme de magie avait brusquement quitté son corps. La jeune femme n'était plus chez elle, dans le confort de son lit et de son foyer. Garance se leva, toujours vêtue de sa robe de chambre et les cheveux détachés.

La sensation qu'elle avait de l'endroit était si inhabituel qu'une question lui vint à l'esprit. Était-ce un de ces fameux cauchemars plus vrai que nature, dispensés par l'influence abyssale ? Dans sa tête, la réponse fut oui. Avec cette conclusion, elle tenta alors de rationaliser au mieux sa situation. Pour le moment, cela semblait marcher. Elle tâcha de s'en satisfaire.

Garance marcha à tâtons, essayant d'en savoir plus sur l'endroit où elle se trouvait. Elle écarta les bras. Si elle ne pouvait se rendre compte des lieux par la vue, elle le ferait par le toucher. Elle fit deux pas sur la gauche avant de sentir un mur, froid et lisse au toucher. Garance entreprit la même chose sur la droite, et enfin dans son dos. Dans ces trois directions ne se trouvaient que des murs. Ne lui restait donc que la direction face à elle. La jeune femme entreprit quelques pas en avant et ne sentit aucune surface obstruer son chemin. Pour plus de sûreté, elle décida de poursuivre cette route en s'aidant des murs. Elle garda ses deux mains plaquées contre la paroi et avança prudemment en les laissant glisser sur la pierre.

Le silence était palpable. A l'exception de sa propre respiration, rien ne venait le crever, pas un seul bruit d'animal ou de courant d'air. Garance essayait véritablement de déterminer le lieu que son esprit avait construit. Peut-être était-il inspiré d'un endroit réel ? Sa première idée fut les souterrains d'Agrisa. Avec tout ce qu'il s'était passé récemment, elle voyait difficilement une autre possibilité. Celle-ci se vit confirmée quand la jeune femme sentit sous ses doigts, les courbes et formes des colonnes qui soutenaient la voûte de la galerie. Un peu plus loin, c'est un des nombreux bas-reliefs de la cité souterraine qu'elle découvrit. De ce qu'elle fut capable de déchiffrer avec ses doigts, il s'agissait d'une scène qui se déroulait dans un décor végétal, probablement un jardin ou une forêt.

Elle parcourut ensuite une petite vingtaine de mètres avant de discerner une porte. Garance trouva vite la poignée et essaya de l'ouvrir mais celle-ci ne bougea pas d'un pouce. Ne souhaitant pas s'épuiser pour rien, elle abandonna et poursuivit sa route.

Le chemin continua en ligne droite pendant encore une cinquantaine de mètres. Elle trouva de nombreuses autres portes sur le chemin, et comme pour la première, Garance ne put en ouvrir aucune. Elle finit par déboucher sur une petite salle circulaire. Étrangement, la pénombre se fit moins oppressante ici. La jeune femme en fit précautionneusement le tour et, sans tenir compte du passage par lequel elle était arrivée, dénombra en tout trois nouvelles voies. Mais quelle direction prendre ?

Et c'est dans ce moment de doute que les murmures s'élevèrent. D'abord, un léger courant d'air en provenance d'un des passages, celui de gauche, la fit sursauter. Un rire lointain s'éleva ensuite, suivit des premiers chuchotements. Garance ne saisit aucun des mots qu'elle perçut. Le son était bien trop bas.

Étonnamment, son corps décida pour elle et prit cette direction. Elle fit les premiers pas inconsciemment, puis poursuivit sa route assurée d'une raison, d'un sens à tout cela. Les rêves étaient rarement anodins ; il y avait toujours un message caché, un désir refoulé en leur sein. Notre esprit tentait à sa façon de nous indiquer quelque chose.

Garance ne sut pendant combien de temps elle évolua dans ces galeries. Elle changea souvent de direction, tantôt à droite, tantôt à gauche, parfois tout droit. De temps à autre, une porte s'ouvrait, et quand elle empruntait un escalier, il descendait constamment. Et plus la jeune femme s'enfonçait dans les galeries et plus elles devenaient larges et s'embellissaient. Dans certaines d'entre elles, Garance avait presque eut l'impression de se trouver dans le palais d'un roi ou d'un empereur. Avec ces décors, aucun des derniers tunnels qu'elle emprunta ne lui étaient familier. Cependant, elle avançait avec une détermination certaine, poursuivant sans cesse ces multiples voix étranges qui la guidaient vers un inconnu connu d'elles seules.

La jeune femme déboucha finalement dans une gigantesque salle. De forme rectangulaire, celle-ci comportait plusieurs étages qui s'étendaient principalement en-dessous d'elle, Garance se trouvant à l'avant-dernier. Un nombre important de balcons et fenêtres donnaient dessus tandis que de larges passerelles en pierre permettaient de lier les différents côtés. Pour ce qui était de l'architecture et des fresques, tout était aussi richement détaillé que les galeries qu'elle venait de passer.

La brise se fit de nouveau sentir tandis que les murmures redoublaient d'intensité. Garance finit enfin par comprendre une phrase.

— Elle est ici.

Puis plus rien, jusqu’à ce que le son distinct de pas ne l’alerte de nouveau. Et c’est là, de l’autre côté du gouffre, qu’elle la vit. Sa mère, Kaerolyn Mortis, vêtue de sa fameuse robe bleue, une expression des plus neutres sur le visage. Elle était suivie par deux autres personnes, un nain et une elfe, tout aussi silencieux. Ils poursuivirent leur route jusqu’à un embranchement. Le trio s’enfonça dans le couloir qui faisait face à l’unique pont de l’étage.

Garance l’observa aller sans un mot, trop surprise pour parler. Puis passé le choc initial, elle fit rapidement le choix de la rejoindre. Elle en avait besoin.

Par chance, le pont aperçut plus tôt n’était pas très loin d’elle. Juste avant de poser un pied dessus, la femme jeta un rapide coup d’œil à ce qui se trouvait en dessous. Elle parvint à distinguer trois autres étages ; le reste se perdait dans une étrange brume sombre et le noir. Impossible de savoir ce qu'il y avait plus bas. Le passage avait l'air solide. Face à elle, loin dans le couloir, elle arrivait encore à distinguer la figure de sa mère.

Mais arrivée au centre, un rire sinistre s'éleva brutalement des chuchotements que Garance suivait depuis le début. Si lugubre qu'il la figeât sur place. Elle entendit un craquement sourd et dans l'instant qui suivit, sans même qu'elle ait pu réagir, le sol s'effondra sous ses pieds. Elle tendit les bras vers l'avant puis vers le haut en espérant agripper quelque chose, n'importe quoi qui puisse la retenir, mais ses mains ne saisirent rien d'autre que le vide.

— Maman !!

Elle émergea brusquement, en plein lieu de la nuit, dans un lieu qu’elle reconnut comme étant sa chambre. Seulement, elle se rendit vite compte de la différence au niveau du mobilier. Quelque chose n’allait pas. Rêvait-elle encore ?

Garance vit une lumière passer sous l’embrasure de la porte, similaire à celle d’une torche. De nouveau intriguée, elle sortit lentement du lit et se rapprocha de l’entrée.

— Dame Mortis ? Etes-vous bien sûre ?

Garance ouvrit la porte et entra dans le couloir qui jouxtait la pièce. Là, au-fond, près de l’escalier principal de la bâtisse, sa mère discutait avec un officier de la Légion, accompagnée du nain et de l’elfe. Kaerolyn était cette fois-ci vêtue d’une longue tunique, d’un pantalon et de bottes hautes, toujours dans les tons de bleus, du plus foncé au plus clair.

— S’il vous arrive quoi que ce soit, je ne me le pardonnerais jamais.

— Ne vous en faîtes pas, Commandant Rostand. Je sais ce que je fais. Ayez confiance.

— Partez dans ce cas. Mais revenez-nous vite. Que les Dieux vous gardent, mon amie.

L’officier la salua brièvement puis Kaerolyn et ses deux compagnons s’éloignèrent dans les escaliers en direction des souterrains. L’homme se dirigea vers un autre couloir, hors de portée de sa vue.

Garance courut vers l’escalier pour rejoindre le trio de chercheur. Mais avant d’entrer dans la cage d’escalier, elle tourna sa tête sur la gauche pensant voir l’officier. Personne dans le couloir, comme si l’homme avait soudainement disparu. Elle ne chercha à comprendre et descendit les escaliers presque en courant jusqu’à la seconde cave.

Elle arriva juste assez tôt pour voir le petit entrer dans les souterrains, via leur passage habituel. Elle essaya à nouveau de les rejoindre. Seulement, chaque fois qu’ils sortaient de son champ de vision, elle échouait constamment. Comme si la distance entre eux refusait tout simplement de se réduire.

Elle n’eut de cesse de les suivre sur plusieurs galeries différentes, plus ou moins éclairées. Et qu’importe la distance parcourue, elle ne ressentait aucune fatigue. Elle ne savait avec précision combien de centaines de mètres mais elle était bien sûre d’avoir descendu plus sieurs niveaux. Elle ne savait pas dans lequel elle se trouvait. Aucune des galeries, habitations et salles autour d’elle ne lui étaient familières. Maintenant, les zones qu’elle traversait étaient plongées dans le noir. Mais pas un noir aussi impénétrable que celui au début de son rêve, si elle pouvait bien le nommer ainsi.

Vint un moment où elle finit par perdre leur trace et, elle ne sait comment, sembla se retrouver au point de départ de la phase précédente de son rêve. Elle put avancer sans avoir à s’aider de ses mains et des murs et reprit instinctivement le même chemin. Dans les ténèbres, elle y voyait parfaitement bien.

Les murmures reprirent aussi jusqu’à rapidement devenir des voix parfaitement audibles.

— De retour. Elle est de retour.

— Cette fois-ci, il ne t’aura pas.

— Jamais.

— Jamais !

— Jamais !!

Le hurlement qui suivit la figea sur place pendant quelques secondes. Le discours de ces voix était le même que plus tôt dans l’après-midi, tout comme ce hurlement. Garance commença à ressentir le même mal-être qui l'avait envahi durant l'après-midi mais elle parvint à garder son calme, attendant de voir de quoi il retournerait. Elle reprit sa route.

Enfin de retour sur le large balcon, juste face à celui où sa mère était apparue la première fois, elle ne vit personne de l’autre côté. Elle entendit encore un peu mais toujours rien. Les voix devenues murmures se transformèrent maintenant en rire.

— Personne !

— Seule !

— Elle est seule.

— Toujours seule.

Elle ignora les voix et décida de traverser le pont malgré la chute du début. Elle voulait savoir où menait cette voie dans laquelle sa mère et ses compagnons s’étaient engouffrés. Et peu lui importait qu’elle tombe. Même si induit par l’Inconnu, c’était un rêve après tout.

Arrivée au milieu, elle ne put s’empêcher un rapide coup d’œil vers le bas. Lorsqu’elle releva le regard, elle se figea sur place. Le mystérieux Lua se tenait debout avec la lanterne à la sinistre lueur violette et bloquait l’entrée du couloir.

— Non.

— Non !

Un nouveau hurlement retentit derrière elle, cette fois-ci plus proche. Comme si les évènements des souterrains se répétaient. Elle sentit du mouvement juste derrière elle mais pour une raison qu’elle ne s’expliquait pas, elle n’osa pas se retourner. Elle avait un mauvais pressentiment.

Alors elle avança lentement, pas à pas, jusqu’à atteindre l’autre côté du pont sans jamais quitter Lua des yeux. Mais à peine posa-t-elle un pied sur le balcon que la lanterne vacilla. Dans l’instant qui suivit, Lua disparut d’un coup, laissant entrevoir au loin une bête squelettique aux os et membres distendus, accourant vers elle à une vitesse surprenante.

C’est là que la peur la saisit. Oubliant tout de son court trajet précédant, elle se retourna cherchant à échapper à la créature seulement pour faire face à un être similaire. Ce qui l’accueillit fut un crâne humain difforme aux dents acérées et inégalement disposées sur la mâchoire.

Sa poitrine se serra un peu plus. A trois mètres d’elle, la bête semblait l’observer avec curiosité jusqu’à l’instant où elle se jeta sur Garance. La première créature, maintenant derrière elle, fit de même.

Le craquement sourd de la pierre qui se brise perça une nouvelle fois le silence, comme au tout début. Les rires redoublèrent d’intensité tandis que Garance hurlait. Mais sa voix se perdit dans cette cacophonie moqueuse tout comme elle, dans les ténèbres du gouffre.

Elle s’éveilla brusquement, cette fois-ci pour de vrai. Emmitouflée dans son drap et son épaisse couverture, elle n’osait pas bouger. Et Garance, d’habitude si peu effrayée par le noir, ferma rapidement ses yeux n’ayant nulle envie de voir ce qui pourrait partiellement s’y cacher ici. Elle repensa au déroulement de son rêve, sa mère dans les souterrains et cette elfe et ce nain qui l’accompagnaient. Un nain ? C’est là que l’information lui revint en mémoire. Les nains et la carte pour laquelle ils s’étaient entretués. Elle l’avait rangé dans son manteau.

Elle rouvrit les yeux, se sortit de sous les couvertures avant de tirer les rideaux du baldaquin. Dans la cheminée, le feu brûlait encore, continuant d’apporter de la chaleur à la pièce. Isabelle avait posé ses affaires sur la malle au pied de son lit, son manteau sur le dessus de la pile. Elle posa ses pieds sur le tapis bleu et argent et rejoint le bout de son lit.

Elle attrapa son manteau et plongea sa main droite dans la poche intérieure. Elle en retira trois vieux morceaux de parchemins maculés de sang par endroits. La carte des souterrains se trouvait entre ses mains, exactement comme elle l’avait imaginée.

L’angoisse la saisit momentanément et elle s’écroula sur les genoux. Rien de ce qu’elle avait vécu n’avait été une hallucination. L’Archonte, les nains, les Abyssaux, les voix et la brume noire, tout était vrai.

— Un Archonte dans les souterrains agriséens ? Alors, ça voudrait dire que…que le Monolithe est toujours présent… Et maman dans tout ça ?

Elle regarda la carte dans sa main. Que devait-elle en faire ? Dans sa confusion, elle l’avait complètement oubliée et n’en avait par conséquent parlée à personne.

Le feu de la cheminée s’éteignit soudainement. Garance se leva d’un bond ; elle n’en était pas à l’origine. Elle posa son manteau sur le coffre puis s’avança jusqu’au milieu de la pièce, face à la coiffeuse qui se trouvait entre les deux baies. Un grand miroir au fond d’argent reflétait son image et celle d’un autre.

La mage observa la cheminée pendant quelques secondes. Il restait encore une grosse bûche à peine dévorée par les flammes. Mais ne voyant rien de particulièrement suspect, elle décida de retourner dans son lit. Même si le sommeil était difficile, elle devait malgré tout essayer d’y plonger. Elle n’avait guère le choix, son corps avait besoin de repos.

Elle se tourna et dans la glace son regard croisa son image et celle de Lua. Elle poussa un hoquet de stupeur, voulut reculer mais se prit les pieds dans le tapis. Elle tomba à la renverse et atterrit sur les fesses. Elle se recroquevilla sur elle-même, la tête entre les bras et les genoux. Elle serra les poings et pris une profonde inspiration. Elle releva la tête et vit de nouveau le supposé Archonte dans le miroir, comme s’il se trouvait juste au bord de la coiffeuse. Ils s’observèrent l’un l’autre en silence pendant quelques secondes.

— Garde là précieusement. Qui sait ? Tu pourrais peut-être en avoir besoin ?

L’intonation de sa voix donna à Garance l’impression qu’il souriait. Lua s’éloigna du miroir sans un mot de plus jusqu’au point où Garance ne l’y vit plus. Elle se leva et, dans le reflet de sa chambre, ne vit aucune trace de l’Archonte. Il avait à nouveau disparu.

Elle observa la carte dans sa main, bien plus muette qu’avant. Soupirant de nouveau, elle se dirigea vers son équipement. Elle prit son manteau et remit la carte à sa place. Elle le replaça ensuite en haut de la pile sur la malle. L’on frappa à la porte.

— Garance ?

— Entre, William, lui répondit-elle d’une voix fatiguée.

— Tout va bien, sœurette ?

Son frère entra dans la pièce, un bougeoir à la main. Garance s’assit sur le bord du lit.

— Oui, j’ai juste du mal à trouver le sommeil. Et le feu s’est éteint.

— Je vais le rallumer.

Il claqua des doigts et les flammes consumèrent de nouveau la bûche.

— Merci.

William posa le bougeoir sur un petit guéridon à gauche de l’entrée et se rapprocha de la cheminée. Il s’accroupit près du petit tas de bois et sélectionna deux nouvelles bûches. Il les rajouta au foyer.

— Essaie de te rendormir. Même si je sais que ce n’est pas chose facile.

Garance se replaça sous ses draps avant de se caler sur le côté.

— Ça ira. Ne t’en fais pas.

William rejoint sa sœur. Elle s’était enveloppée dans sa couverture comme dans un concon douillet. Ses traits étaient très tirés. Juste avant qu’il ne referme les rideaux du baldaquin, elle prononça ces mots :

— Un cauchemar… C’était juste un cauchemar.

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