Chapitre 18 (4/4)

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— Inconscient ? Moi ? demanda Edwald, de nouveau outré par l'impertinence du Grand commandant. Le seul inconscient que je vois dans cette pièce, c'est vous, Seigneur Mortis, avec cette façon odieuse que vous avez de vous adresser à autrui. Les méthodes des ériliens sont peut-être légèrement brutales par instant, mais elles ont le mérite d'être efficace. Eux au moins sont en mesure de suivre les ordres et de se soumettre à l'autorité. Choses que vous semblez peiner à montrer ces derniers temps. Si vous faites ce que l'on vous dit dans le calme, vous n'aurez rien à craindre de Sire Iveln. Après tout, ne s'agit-il pas d'un respectable homme de loi et de foi ?

A ces mots, un rire fort et teinté d'ironie se fit entendre. La Diath Héloïse en avait entendu assez.

— Un homme de foi, Votre Majesté ? Ce fou sadique qui prend plaisir à brûler vif des mages pour des crimes aussi grotesques qu'inexistants ? La Trinorie souffre déjà bien assez de ses agissements. N'allez donc pas rajouter cette noble contrée à la longue liste de ses victimes.

Le roi se tourna vers elle, soupirant.

— Ne soyez donc pas aussi dramatique, Votre Excellence. Ces mages n'étaient que de vils crapules qui ont abusé d'honnêtes citoyens. Des nécromanciens et autres praticiens des arts sombres qui passent leur temps à blasphémer envers nos dieux et nos saints. Ces gens ne méritent nullement notre sympathie. (Il se tût un court instant.) Je me demande sincèrement pourquoi vos cultes persistent encore à soutenir de telles pratiques. Il serait peut-être temps que certaines choses changent, ne pensez-vous pas ?

— De sages paroles sur lesquelles il nous faudrait tous méditer, Votre Majesté, ajouta vivement Herlemond. Tel que nous l'enseigne le Père de la Lumière et tel que Lilua et Lothrean auraient depuis toujours dû nous l'enseigner.

— Prenez donc garde à vos mots, Herlemond.

Cette fois-ci, c'est le Diath Volusien qui s'exprima. Héloïse poursuivit à son tour.

— Et c'est vous qui, avec de tel propos, osez nous parler de blasphème ? Vous...

— ASSEZ !! hurla soudainement le roi. Ces détails ne sont en ce moment pas à propos. Vous aurez toute la liberté de débattre plus tard, quand nous en aurons fini ici, Excellences. (Il se tourna vers Victor et son groupe.) Cinq jours et pas un de plus. Maintenant, sortez. Thralond, je vous laisse la délicate et douloureuse tâche de vous occuper de cette « situation ». Mes pensées vous accompagnent.

— Majesté, dit-il tout en s'inclinant.

Le capitaine descendit l'estrade et rejoignit les membres de la Légion, aux côtés de ses hommes.

— Ah, et une dernière chose, Seigneur Mortis, interrompis le roi. Vous êtes tous confinés dans vos « quartiers » jusqu'à l'heure de votre départ. Seuls vos domestiques auront la permission de rentrer et sortir pour les dépenses quotidiennes, sous la bonne surveillance de nos gardes. Vos activités en tant que « chasseurs de monstres » et autres extravagances d'aventuriers sont désormais prohibées.

— Soit. Comme vous le voudrez, Votre Majesté.

Le groupe se dirigea vers la sortie. Juste avant qu'ils ne quittent la pièce, le roi s'adressa à eux une toute dernière fois.

— Et profitez bien de cette petite semaine pour réfléchir à votre attitude, Seigneur Mortis.


*****


De nombreux badauds s'étaient réunis en haut de l'avenue des Montoineaux, près de l'entrée de la place qui faisait face au château, et observaient avec curiosité les chevaliers esseniens raccompagner les membres de la Légion jusqu'à leur demeure dans la haute-ville. Les réactions de la foule face à ce spectacle demeuraient les mêmes qu'à leur premier passage mais maintenant que la sanction concernant la Légion venait d'être prise de façon officielle, nul doute que leur attitude serait amenée à changer. Les chevaliers esseniens formèrent de nouveau un couloir pour que l'ensemble du groupe passe au-travers de cet auditoire, indésirable pour certains, et amassé sur les bords de l'avenue et aux croisements des rues et de certaines ruelles.

Le soleil avait bien percé l'horizon. Entre les bâtiments de la haute-ville, de larges et profondes ombres s'imposaient encore en maîtresses des lieux. Dans la pénombre de l'une d'elles juste à l'arrière de la foule se tenait un mystérieux personnage encapuchonné.

Cet homme aux cheveux courts et clairs observait en silence la procession tout en écoutant les commentaires divers des spectateurs alentours, le visage impassible. Sous son manteau, un étrange tatouage couvrait une partie de son bras, une série d’arabesques géométriques, de symboles et de glyphes qui descendait le long en ligne droite, du milieu de son épaule jusqu'au dos de sa main. Là, le symbole y était plus grand et entouré d'un cercle dont à nouveau cinq lignes partaient pour couvrir ses doigts jusqu'à la base des ongles.

Autour de lui, une grande majorité des gens semblait se satisfaire du spectacle, à des degrés plus ou moins virulents. Il sourit doucement. Les plans de son maître ne devraient plus être perturbés. Cette nouvelle le satisferait grandement.

Une fois le cortège hors de sa vue, l'homme s'éloigna de la populace avant de plonger plus profondément dans la pénombre des ruelles. Il tourna à droite en direction d'un autre petit croisement à l'ombre des bâtiments. Il accéléra le pas ; il devait rejoindre ses camarades au plus vite. Concentré sur sa destination, il ne vit que trop tard la femme qui s'avançait vers lui en courant.

Ses vêtements, une tunique bleu sombre et un épais manteau marron à capuche, épousaient gracieusement le moindre de ses mouvements. D'une agilité sans pareille, elle prit appui sur les murs alentours pour se propulser dans les airs d'un saut. A un mètre de son adversaire, elle déroula la jambe pour asséner un puissant coup de pied qui le déstabilisa.

L'homme parvint de justesse à rétablir son équilibre et sorti dans la foulée une dague de sous son manteau. Mais la femme fut plus rapide. A peine toucha-t-elle le sol, qu'elle se propulsa de nouveau en direction de son adversaire. D'une série de mouvements précis, elle retourna son arme contre lui pour la plaquer contre son cou avant de se saisir de son autre bras qu'elle immobilisa dans son dos.

Sous sa capuche, le visage de la femme demeurait impassible. Sa grande taille lui donnant un avantage certain, elle tira son adversaire sans beaucoup d'efforts dans une autre ruelle. Elle y murmura quelques mots. Dans la pénombre, il y eut soudainement un flash bleu. Le décor changea brusquement et ils se retrouvèrent en bordure de la forêt de Lugram, à l'extérieur de la ville.

La femme désarma finalement son prisonnier qui tomba à genoux avant de vomir. Une téléportation aussi brutale avait le don de retourner les estomacs. Une ombre finit par le dominer et il releva la tête une fois les violents spasmes passés.

— Tiens, tiens... Mais regardez ce que nous avons là...

Ishaa Astanatos se tenait devant lui.

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