Bisou cœur

(Ceci n’est pas une déclaration)

Tu m’as écrit un mot tout court,

trois phrases et un détour.

Tu n’as rien dit de trop, c’est vrai,

mais j’ai relu cent fois, tu sais.

Et puis à la fin, sans chaleur,

un baiser timide suivi d’un cœur.

Pas un cri, pas une caresse,

mais un soupir, avec politesse.

Alors j’ouvre les tiroirs

,j’examine l’entre-deux, le non-savoir.

Et pourquoi pas une fleur, un vent,

ou pourquoi pas juste du néant.

Bisou cœur, drôle d’élan,

entre la brise et l’embrasant.

C’est dire je pense un peu à toi,

mais surtout pas plus que ça.

C’est tendre, mais à distance.

Un parfum sans existence,

Ca laisse une trace dans le miroir.

Bisou cœur, art du non-recevoir.

Et moi, je brode sur du silence.

Je cherche un sens dans l’apparence.

Pendant que toi, dans le secret,

tu sèmes le flou avec respect.

Tu sais que les âmes comme la mienne

veulent du réel, pas du quand même.

Pas des échos sans résonance,

mais des silences pleins de présence.

Mais tu dis tout par demi-mot

et moi j’invente des tableaux.

Et toi t’appelles ça de la pudeur,

quand moi j’y vois juste de la peur.

Bisou cœur, geste incertain,

ni tout à fait loin, ni tout à fait mien.

Un filet tendu, sans vraie toile,

un frisson lancé à l’étoile.

C’est juste, c’est raffiné,

mais trop léger pour me porter.

Et moi je suis faite pour incarner.

Bisou cœur, j’en ai assez.

C’est fou comme un petit souffle écrit

peut faire chavirer tout un esprit.

Mais je ne t’en veux pas,

je préfère écrire que compter sur toi.

Bisou cœur, t’étais charmant,

mais flou comme un serment.

Qu’on dit les yeux à demi-clos

pour ne pas dire vraiment les mots.

Je range des signes dans un cahier,

celui qu’on lit sans s’attarder.

Moi je te réponds sans rancœur :

Tu ne voulais pas vraiment mon cœur