Souricide
J’ai lu ce matin dans le journal, une information étonnante.
Un surdoué, habitué du concours Lépine, lassé du potin nocturne invraisemblable dans ses combles et du grignotage de ses réserves de fruits, s’est penché ethnologiquement sur les us et coutumes des ratidés.
Ses observations lui confirmèrent que ces espèces ont fréquemment des penchants au suicide.
Au creux du laboratoire d’où étaient déjà sorties moultes inventions aussi insolites qu’éclectiques, il passa de longues nuits à peaufiner son idée. Il suffisait d’inoculer un gène dépressif dans les grains d’avoine dont les souris raffolent, et elles tomberaient rapidement dans une mélancolie lamartinienne se laissant mourir de tristesse.
Il n’y a pas de fumée sans feu. Les souris ainsi modifiées ont développé une sorte d’antidote et renonçant définitivement à la noirceur du monde se sont muées en des aliens ébouriffés et si attachantes que leur élevage devint une mode triomphante qui se répandit comme une traînée de cocaine.
L’inventeur s’était planté fors l’honneur.
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