La quête des boutons
Plusieurs année après cette dramatique histoire me voila dans le sud Ouest de la France. Je partage provisoirement l'appartement d'une de mes cousines avec mon meilleur ami. Nous cherchons un appartement qui pourrait nous permettre de vivre en colocation.
Les journées sont donc remplies à disperser mes Curriculum Vitae au grés des vents entre deux visites d'appartement. Chaque soir, les diners sont accompagnés d'une bière bien méritée que nous savourons devant un jeu vidéo ou un film. Le stress de notre situation accompagné de la chaleur estival malmènent mes nuits. Mais depuis quelques jours une douleur de type "gros boutons" ponctue celles ci de douloureux réveilles supplémentaires. Comme à mon habitude lorsqu'il s'agit d'un soucis de santé... Je sert les dents et me rendors. Un soir, fatigué, je me couche tôt, dans l'espoir de dormir mieux que les précédentes nuits, avec en fond sonore le jeu vidéo auquel mon ami s'adonné.
C'est vers une heure du matin que la douleur me réveille violement. Elle s'amplifie, se multiplie et devient véritablement présente. Au point de m'empêcher de dormir (et je vous pris de me croire, une douleur qui m'empêche de dormir, même par cette chaleur et forcément violente). A plat ventre sur ce lit, je ne supporte plus le poids d'un simple drap sur la moitié inférieur de mon corps. Curieux je réussis péniblement à me lever et à me trainer jusque la salle de bain pourtant proche. Cul nu, devant ce miroir, je contemple l'arrière de mon corps, enflé et rougi du milieu du dos jusqu'aux mis cuisse.
Laissant totalement tomber l'idée de dormir, je comprend mon besoin de soins et décide de partir à le recherche d'un hôpital. A pied. Sans plan. (pas d'internet sur mon portable à l'époque) Avec beaucoup de mal à marcher. Forcément ! C'est à moitié plié en deux et petit-pas par petit-pas que je part en quêtes de soins dans une grande ville qui m'est parfaitement inconnue. Certains auraient appelé SOS-médecin ou les pompiers et à vraie dire, je ne sais pas ce qui m'ai passé dans la tête pour ne pas l'avoir fait.
Je repère via un plan de Tram de la ville une clinique à quelques centaines de mettre. Y trainant donc difficilement ma carcasse à l'aide d'une démarche de grand-père anémié au grés des longues rues de cette ville. Les rares passants que je croisent sont des cons. Ils se foutaient de ma gueule. Deux d'entres eux ont poussés le vis jusqu'à imiter ma démarche, ou celle d'un vieux papy, je ne sais pas, ils étaient nul en imitation de toute façon !
Presque arrivé à destination de cette clinique, un trou dans le trottoir me déséquilibre...
Là mesdames, messieurs j'ai vécu un moment intense. Un de ceux que l'ont garde toute sa vie en mémoire. En espérant ne plus jamais le vivre. Mon déséquilibre me fait avoir un reflexe qui lui même me fait subir une petite douleur à la cheville, celle ci flanche, et m'envoie balader mon train arrière sur un poteau. Frappant violemment la zone la plus rouge et douloureuse de mon anatomie. Pour ceux qui ont eu la chance de ne jamais subir ce genre de douleur je vais vous la décrire. Fermez les yeux et imaginez. Non, ouvrez les yeux, pour lire c'est plus pratique. Imaginez plutôt:
Choc.
Extrême douleur, aigu, violente et soudaine.
Sueur froide suivit de très prés par une intense bouffée de chaleur.
Plus rien en vue, tout est blanc. Sans même que vous le vouliez un cri rauque s'échappe de votre gorge. Vous flanchez encore plus.
Le genoux à terre, votre corps s'est plié brutalement et vous le fait sentir en seconde douleur presque aussi violente. Vous tremblez. Un "Ferme ta gueule connard !!" retenti à travers la rue, comme une réponse à un cri de souffrance.
Votre cœur bat si vite qu'il vous semble prés à défoncer votre cage thoracique de l'intérieur.
Pas besoin de miroir et de lumière, vous êtes livide, vous le sentez parce que votre visage est glacial sur un sang chaud. Vos yeux perdus dans le vide, laissent coulés une larme et après plusieurs secondes, ou une heure, vous redonnent la vue.
Vous vous êtes presque rattrapez au capot d'une voiture par reflexe, un genou à terre, les mains sur ce capot vous pouvez enfin respirez et serrez les dents pour supporter la douleur qui sera de vous relevez.
Il ne me reste qu'une dizaine de mètres pour accéder à cette foutu clinique ! Tempi ! Je sert les dents et j'avance ! J'avale la douleur encore présente de m'être relevé et avance le plus vite possible. Ca y est, je suis arrivé. Pas de lumière. Le bâtiment est vide. Pas une seule âme qui vive à l'intérieur. Ne comprenant pas, fatigué, énervé et ayant mis plus de deux heures à parcourir à peine 800 mètres je me résigne à faire demis tour, me rendre à la ligne de Tram d'ou je vient et attendre le premier d'entre eux qui partira en direction du grand hôpital, bien connu des Bordelais.
Après avoir patienté longuement et écouté les comptines douteuse d'un clochards en sérieux manque d'affection. Le premier tram arrive enfin.
Expliquant mon problème au conducteur, celui ci me laisse gentiment utiliser se transport gratuitement. Es-ce mon teint livide, ma posture, mes cernes, mon air aimable et avenant, ou tout simplement de la compassion pour un jeune homme souffrant ? Sincèrement, sur le coup, j'en ai strictement rien à faire. Je vais à l'hôpital, c'est la seule chose qui compte. Deux autres homme ayant sensiblement mon âge, ivre, me donne un judicieux conseille pour aller mieux:
"-Bah qu'est-ce qui t'arrive ? Tu t'es assis sur ton balai ? Enlève-le, t'auras plus mal ! Hahaha !"
Au Urgence l'ont me demande de m'installer sur des fauteuils pour attendre mon tour... Sur un fauteuil, dans mon état vous imaginez bien qu'il est hors de question que je m'assoie sur quoi que ce soit. Cependant, mes jambes douloureuses m'indiquent qu'elles ont besoin, elles aussi de repos. Je cherche une solution avec ce que j'ai sous la mains. J'oscule donc la salle d'attente. Un couple de vieillards dont l'homme affiche une teinte non compatible avec le genre Humain. Et une femme dont je ne me rappel rien d'autre que son genre. Nous sommes quatre. C'est peu. Tant mieux.
Comment m'assoir? Je cherche, pataud, une solution/position. Puis à l'aide de sièges cubique pour enfant que j'empile les uns sur les autres, je me trouve une position qui ne me fait ENFIN plus souffrir !! C'est donc au milieu de cette salle d'attente, à genoux, le ventre sur ses sièges, que la paix vient à moi. Dégustant cette sensation de plénitude les bras m'en tombent et je pousse un long soupir de soulagement ! La vieille femme de l'homme de couleur étrange ne me jugea pas, au contraire, elle s'enquit de mon état et me rassura. Dans ses yeux, la même lueur que celle de ma grand-mère. Rassuré et éreinté, je m'endors presque aussitôt en souriant à cette vieille dame si apaisante.
Je me réveille presque 3 heures plus tard, pas loin de 9h du matin!! Une dizaine de personnes supplémentaires sont arrivés pendant mon sommeil. Cependant personne n'a eu l'air d'avoir était pris en consultation. L'octogénaire me confirme mes craintes: aucun personnel n'a pointé le bout de son stéthoscope dans la salle d'attente. Interloqué j'essais de me lever. Problème. Je suis bloqué. A quatre patte, le tronc calé sur des fauteuils pour enfant au milieu d'une salle d'attente moins enclin à la compassion qu'à mon arrivé. Résigné je salut ma dignité qui part au loin et demandant de l'aide aux patients qui m'entourent. Seule la grand-mère accepta de m'entendre. C'est donc une mamie d'environ 80 ans qui aida à relever un jeune homme de 18. Normal. Comble du comble, je ne peux plus marcher. Mes membres totalement engourdit et endolorit peine à me maintenir debout et à obéir aux ordres que je leurs donnent. Manquant de m'affaler au sol, ma nouvelle amie me rattrape et me soutien jusqu'au guichet d'accueil des urgences.
Ont m'y annonce (non sans crainte) un problème de personnel, et que personne ne pourrait s'occuper de nous avant midi. Fou de rage je part après avoir retrouvé l'usage de mes jambes et remercié la gentille grand-mère. Malgré les années qui s'écoulent je me demande souvent ce qui est advenu d'eux. Je n'espère que du bien.
Il était plus de dix heures du matin, la chaleur s'était à nouveau emparée de la ville. Au bout du rouleau, après être descendu à mon arrêt de Tram je fait le tour visuel de cette grande place et aperçoit de loin (j'avais une bonne vue à l'époque) la plaque d'or d'un médecin traitant. N'ayant plus rien à perdre j'y suis aller, ignorant au passage les regards inquisiteurs et les réflexions d'une bande de jeune connasse... Un tout petit cabinet qu'il était. Je n'avais pas encore vue la tête que j'avais, mais j'ai compris que mon état semblait grave au regard que me lança l'homme qui attendait avant moi. Poliment, je lui demande si je peut passer avant lui et qu'il n'y en aurait sans doute pas pour très longtemps. J'entre donc avec l'accord de cet homme, avant lui en consultation. J'explique la situation et l'épopée de ma nuit à la médecin. Elle m'écoute, comprend la situation et me demande de m'allonger sur sa table de consultation pendant qu'elle demande à son patient initial de patienter encore quelques minutes supplémentaires. En voyant ce qu'il était advenue de mon corps qu'elle s'écria:
"-Haaaaaan ! Vous avez traversé la ville dans cet état ! Mais vous êtes fou !"
Bafouillant de vague explication je n'ose rien dire d'autre que:
"-C'est quoi ?"
En retournant ma tête vers mon arrière corps douloureux. Je le voie. Deux espèces de collines étaient apparues, l'une sur une fesses, l'autre était alignés à la suite de ma colonne vertébrale. Je n'avais jamais vue une telle chose. Deux volcans violet prés à cracher leurs souffle putride sur ses vastes pleines écarlates. Et en y regardant bien, peu de partie de mon corps étaient de couleur normal. Imaginez un gigantesque coup de soleil, enflé. La médecin m'explique que se sont des Kystes, que normalement ils apparaissent seul, et qu'il est douloureux et déconseillé de les percer seul. Me prévenant que ce serait douloureux elle me tend un chiffon. Je la remercie, m'éponge le front et le coup avec et le pose gentiment à coter de moi n'osant pas lui redonner de peur de passer pour un snob. Son regard de pitié me fit reconsidérer l'utilité de se bout de tissu maintenant souiller de ma transpiration:
"-Attention, respirez à trois je vais percer. 1 - 2 et 3 ! "
Pas le temps pour le chiffon !! Sa table d'osculation à peut être encore les marques de mes dents.
(J'avais déjà chaud, mais après ca je me sentait dans un sauna !)
Les fesses à l'air, couvertes de pu et de sang et la chaleur aidant, une délicate odeur de chaire putréfiée arriva à mon appareil olfactif. Puis elle recommence, commentant au passage la quantité semble t'il impressionnante de liquide putride s'échappant de mes fesses par un nouvel orifice. Hésitant entre vomir, m'évanouir je songe à mon amis qui, tel que je le connait doit sans le moindre doute dormir paisiblement.
Ca y est... C'est fini. Pour le premier. Puis las de feindre le courage je dit:
"- Pas de pause, aller qu'on en finissent vite ! "
C'est ainsi que le deuxième kyste fut percé dans d'autres bouffés de douleur et étoiles blanches dans les yeux.. Une fois fini je promis à ce médecin de revenir vite avec son argent.
Sortant de son cabinet, je goutte déjà au bonheur de marcher normalement sans souffrir.
Et quand je suis rentré, mon ami dormait encore. Soulagé, je m'offris une douche avant de m'offrir une sieste. Puis vers 14h nous repartîmes vers une nouvelle quête d'appartement, de travaille et de rendez vous barbant dont certains passage aurait tout à fait leurs place ici.
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