2.2

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Nous alternons la conduite pour ce long trajet, nous déjeunons et dinons ensemble, comme un vieux couple, heureux de cette association agréable et facile. La nuit, j’ai du mal à dormir, excité durement.

Le lendemain, c’est le choc. Il arrive au petit déjeuner déjà accoutré, en short avec les chaussures de marche. Ses jambes sont aussi belles que ses bras, avec la même couverture d’or pur. Mon imagination ne s’était pas trompée ! Je ne peux pas supporter un tel spectacle. Voir sans toucher est une torture ! Mes bafouillements sont mis sur le compte d’une mauvaise nuit. Il faut que je me maitrise, un peu.

Avant de partir, je me mets dans la même tenue. Je suis pris d’un doute et je m’examine dans la glace : je ne suis pas si vilain ! Et depuis que je suis intégralement glabre, je me trouve plus viril, plus tentant !

Nous sommes en montagne et les équipements sont lourds à porter, plus le repas, la boisson. Nous cheminons en silence. Comme il a le positionnement, il marche devant. Le spectacle de ses fesses, serrées dans le short, de ses jambes, est insupportable. Je suis gêné dans ma marche par mon pieu qui ne demande qu’à s’exprimer.

Nous mettons tout en place. C’est délicat, car il faut savoir positionner les capteurs, mettre les enregistreurs à l’abri des animaux et des randonneurs indélicats, même si, normalement, les spots sont éloignés des sentiers. Rigueur, efficacité, c’est un bon professionnel. Je le supposais déjà lors de nos préparations. Nous cassons la croûte, un peu tard, avant les derniers contrôles de fonctionnement et de redescendre, satisfaits de cette première pose. Nous nous relâchons un peu après ces efforts. Je suis à demi conscient quand il me lance :

— C’est vrai que tu es gay ?

Je me réveille brusquement. Quelle franchise ! Comme si nous étions deux vieux amis ! Nous ne nous connaissons que depuis à peine vingt-quatre heures. Je l’avais perçu comme un garçon bien élevé, discret. Cette introduction dans mon intimité (à revoir, car ces mots peuvent prêter à confusion ! Si seulement…) m’étonne. Nous changeons brutalement de registre dans notre relation. J’aime ce changement de pied, surtout la gentillesse de l’interpellation.

— Ça t’intéresse ?

— Oui ! Je n’ai jamais rencontré d’homosexuels !

— Dis plutôt que tu ne savais pas pour tous ceux que tu connais !

— Si tu veux !

— Mais qui t’a raconté ça ?

— Je me suis renseigné avant de partir vivre deux mois avec un inconnu !

Pourquoi moi, ne m’étais-je pas posé cette question ?

— De toute façon, tu n’avais pas le choix !

— J’avais besoin de me préparer psychologiquement, de me rassurer !

Il est en train de m’embrouiller, de jouer avec moi, toujours avec délicatesse et légèreté, me ligotant l’esprit avec son sourire charmeur. On va s’amuser !

— Et tu as trouvé facilement cette information ?

— Oui, assez facilement ! Elle fait partie de ta réputation. Chercheur brillant, sympathique, ouvert et… gay. Tu ne dois pas te cacher beaucoup ! Et tu as dû laisser des traces abondantes !

En plus, c’est un malin : il a le don pour placer des ambiguïtés désarmantes.

— Pourtant, au boulot, je ne mélange pas les genres ! Et les réseaux sociaux ne m’intéressent pas : ni Facebook, ni Instagram, ni Tweeter, ni Snapchat, même pas LinkedIn…

— Pour quelqu’un qui ne s’y intéresse pas, tu les connais tous !

— Tu as donc d’autres sources : police, renseignements généraux…

— Même pas ! Plus simple encore ! La fac n’est pas très loin. Tu avais une activité redoutable. Tu avais même un ami, Doron, je crois !

— Tu es incroyable ! Quel détective !

— Bon, j’arrête de te faire marcher. J’ai parlé de cette mission avec un ami et quand j’ai cité ton nom, il te connaissait de la fac. Arnaud !

— Le salaud ! C’est vrai que je ne l’ai pas vu depuis longtemps. Il va bien ?

— Oui. Bon, l’histoire du gay, c’était pour te charrier. Je n’en ai rien à foutre ! Mais c’est bien ta réputation, avec d’autres, toutes très flatteuses. Je crois que je suis bien tombé !

— Merci ! Je n’ai pas pris de renseignements sur toi, mais je partage ton avis, tu es bien tombé ! Non, je rigole ! Je pense que la réciproque est vraie. Je pense que nous allons passer deux mois très agréables !

J’attends une seconde avant de conclure :

— Même si nous ne couchons pas ensemble !

Je l’ai formulé malgré moi. Je sais que je veux dire le contraire. Je suis gêné et prêt de rougir. Je suis redevenu un ado peureux. Il rit ! C’est tellement facile d’être avec lui ! Quelle détente dans mon corps !

Nous revenons en parlant d’autres choses. Mais je suis content qu’il sache mes préférences, cela me rend plus libre, plus détendu. Je ne l’ai jamais caché, sauf à mes parents, bien sûr. Ce garçon continue de m’intimider et je fais attention à ce que je dis, à mes attitudes. Pourquoi fais-je si attention à lui ?

Le soir, nous prenons l’apéritif, toujours en short à cause de la chaleur. Sa chemisette du soir bâille sur son torse, couvert de ces poils qui me tournent la tête. Je n’ose pas un compliment qui me brule les lèvres.

S’il ne me mettait pas en transe sexuelle en permanence, ce serait le plus adorable des compagnons.

Je ne sais pas s’il est beau. Je ne dirais pas cela. Mais c’est sans importance, tellement son charme est envoutant.

Tu comprends que je ne maitrise plus rien face à lui !

Il aurait fallu que je résiste, mais je n’en avais absolument pas envie !

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