2.12

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Je suis réveillé par un doux baiser et des yeux rieurs. La journée, nous marchons dans les environs, sans importance, nos mains liées en permanence, nos regards attachés. Peu de mots. Nous n’avons pas besoin de mots pour l’évidence.

Je ne comprends pas ce garçon, si policé, si bien élevé, si intelligent, si riche, capable d’audaces hasardeuses avec un aplomb phénoménal, sans crainte. Il est vraiment un risque tout, un aventurier, comme le disait Arnaud. Il m’impressionne. D’autant que je ne suis plus le même à ses côtés. Je me laisse entrainer, avec plaisir, car sa qualité première est la gentillesse. J’ai du mal à croire qu’il est différent dans d’autres conditions. J’ai envie de rencontrer Clarisse pour décrypter cet homme.

Le soir, j’ai besoin de savoir :

— Pierri, comment te sens-tu ? Que penses-tu de tout ça ?

— Je ne sais pas. Depuis toujours, il me manquait quelque chose. J’avais tout, sauf… sans pouvoir dire cette absence. Je te l’ai dit, quand je t’ai vu, en physique, j’ai senti que tu portais ce manque, que tu allais y répondre ! Je ne m’attendais ni à ces sentiments ni à cette nuit ! Je ne crois pas que ce manque soit une homosexualité refoulée, je crois qu’il me manquait un jumeau pour fusionner !

— Pour ce que nous avons fait, tu es déçu ? Choqué ? Honteux ?

— Surpris, étonné, heureux ! Je ne me sens toujours pas gay. Cette nuit a été fabuleuse et j’attends que nous recommencions. Mais parce que c’est toi, Usem, uniquement parce que c’est toi !

— Quelle déclaration ! Je dois reconnaitre que cette nuit a été particulière pour moi aussi. Loin de ce que je vis habituellement. Ne te fâche pas, mais elle m’a rappelé celles que je passe avec Doron, essentielle, vitale. Différente, mais pareille.

— Je comprends !

— Mais, dis-moi, tu dis que tu n’es pas gay, mais cette nuit, tu as fait l’amour avec un homme, et tu as aimé. Tu n’as pas été seulement passif, mais aussi actif. Tu bandais pour un mec ! Tu as accepté un mec en toi…

— Non, ce n’est pas pareil. Je te dis, c’est toi, uniquement toi, qui me fais envie ! Je ne sais pas dire autre chose ! Si tu veux que je dise que je suis homo, disons-le ! Ça n’a aucune importance pour moi !

Nous passons le weekend à ne rien faire et à tout faire.

Nous sommes nus, sur le lit. J’admire son corps et je le caresse, souvent. Maintenant, quand ma main se promène sur lui, sa réaction montre son plaisir et son désir. Quand sa main me parcourt, sa réaction est identique. Notre amour est assumé, érotisé, sexualisé. J’aime tenir son sexe et j’aime ses mains sur le mien, don et abandon.

Le dimanche soir, après une telle intensité de sentiments, je ne peux m’empêcher de lui demander, travaillé par cette question :

— Pierri, qu’allons-nous devenir ? Comment allons-nous vivre ?

— Usem, je ne sais pas ! J’ai besoin de toi. Plus rien ne compte.

— Et Clarisse ?

— Clarisse, je l’aime et je ne veux pas la quitter ! Toi, tu veux te séparer de Doron ?

— Non ! Il est trop important pour moi. Nous avons vécu ensemble, nous nous sommes séparés, enfin pas vraiment, mais nous venons de nous retrouver… Je ne sais pas ! Toi qui maitrises tout, qui n’as peur de rien, Pierri le conquérant, dis-moi !

— Je ne sais pas ! On continue en attendant de voir. Nous avons encore trois semaines ensemble, sans question ! Tiens, tu sais quoi ? Le weekend prochain, je te présente à Clarisse !

— Quoi ! Ça va pas la tête ?

— Ou alors, je t’invite avec Doron. J’ai besoin de nous voir tous les quatre, de connaitre ton mec, de voir comment Clarisse va te recevoir !

— C’est un guet-apens ! Tu vas tout casser ! Les trois relations !

— Et alors ? Que va-t-il se passer ? Ces trois relations sont à plat, sur la table ! Il va falloir les regarder en face. Le plus tôt est le mieux !

— Ne pose pas les questions dont tu ne veux pas connaitre la réponse !

— Non ! Pas l’autruche ! Jamais ! Dans les yeux ! Il faut savoir !

J’ai mis du temps à comprendre qu’il avait entièrement raison. Affronter la vérité et ses conséquences est la meilleure des solutions.

J’espère que je ne me suis pas trop étendu sur cette nuit ! Je voulais te faire comprendre que c’est le genre d’expérience qui n’arrive qu’une fois ! Elle te change complètement.

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