Chapitre 1 - Jeudi 12 mars 2020 

Une minute de lecture

Ce soir, monsieur-le-Président parle. Il en appelle à la nation, au courage, à l’abnégation et à la solidarité. Il y a toujours de grands mots avant les mesquineries de la guerre. Celle-ci est soudaine et ma foi joliment inhabituelle.

L’ennemi est toujours invisible et perfide, mais pour une fois c’est vrai. Le virus est parmi nous. La cinquième colonne n’est pas franquiste et plus sournoise encore. La première guerre vraiment mondialisée. C’est bon, on y est.

Avant, mais c’était avant, l’usage était d’envoyer au front les forces vives de la Nation. Les plus vaillants étaient sacrifiés par quelques généraux vieillissants. L’âge aidant, l’idée me semblait intéressante. Pas de chance, on a changé la stratégie. Tout fout le camp. Les vieillards, les malades et les plus faibles font partie des premiers trains. Les médecins, infirmiers et brancardiers, censés être à l’arrière se retrouvent sous le feu ennemi. Il n’y a guère que les enfants qui seront épargnés. C’est déjà ça.

En attendant, on se prépare, on se barricade, on ferme les écoles et on s’isole sur un air de pas vu, pas pris.

Et puis il y a l’arme de destruction massive : le télé-travail. Sans le savoir, je suis passé maître dans son maniement. Voilà des années que j’utilise ce joujou. Le seul hic, c’est que du travail il n’y en a pas. Reste la télé. Netflix, Canal et consorts vont adorer cette guerre. Pourvu que la connexion tienne, c’est notre ligne Maginot, dernier rempart avant la barbarie.

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