Halen

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Les volets métalliques du hangar se lèvent, éclaboussant les murs et le sol d’une lumière rougeâtre. Les silhouettes des tours et des habitacles de la station émergent du néant sombre, dans les rayons de l’astre mourant qui luisent sur ses surfaces métalliques. Ce spectacle, Halen l’observe chaque matin.

Halen est le gardien de cet être, il s’assure que le sang électrique circule dans les câbles, que les muscles d’acier des pompes ne s’épuisent pas. Et surtout, partout où il les voit, il efface et élimine les signes de vieillissement, de dégénérescence qui apparaissent comme des cancers. Il y a cependant des défaillances qu’il ne peut réparer.

Halen se sangle à un des rails qui parcourent les parois de la station. En agrippant le rail de ses mains, il remonte sans effort le long de la coque. Face à lui, C781-A, l’étoile autour de laquelle gravite la station, luit d’une lumière fatiguée. Il y a longtemps que les photons qui frappent les capteurs photovoltaïques de la station n’amènent plus assez d’énergie pour remplir les batteries. La station fonctionne à l’instant, avec ce qu’elle réussit à tirer de cet astre dont l’agonie s’étirera encore sur une éternité. Cela fait longtemps que les moteurs tournent à régime minimum, et chaque jour Halen traque et élimine les dépenses d’énergie superflues.

Halen arrive finalement au niveau du capteur principal, qui génère la majeure partie de l’énergie vitale de la station. Un grand miroir concave y concentre l’énergie lumineuse dans un faisceau recueilli en son sein. Mais le miroir est très sensible aux micro-débris spatiaux, et chaque jour Halen doit l’entretenir avec soin. Il se saisit de son laser portatif et s’applique à éliminer méticuleusement toute la poussière qui s’est accumulée sur le miroir. Cette activité lui prend la majeure partie de sa journée.

Après cela, il se rend à l’ordinateur central de la station, afin de prendre connaissance de l’état des autres systèmes et des potentielles réparations et manœuvres d’entretien à effectuer. Seuls les mécanismes primaires de la station fonctionnent encore. La serre hydroponique et le recycleur d’eau et d’oxygène sont désaffectés depuis longtemps. L’antenne de radio tourne toujours dans le vide, à la recherche d’une infime éventualité, mais finira elle aussi par être mise en veille.

Halen commence ensuite sa ronde quotidienne de la station. Il prend son temps pour observer et vérifier manuellement chaque système. Pas un boulon n’échappe à son regard, pas une égratinure dans la coque ne se soustrait à ses doigts. Il évolue lentement à travers la station, le moindre geste mal calculé pourrait avoir des conséquences désastreuses sur les mécaniques si fragiles du vaisseau. Le rôle de Halen est de perpétuer un miracle quotidien, le maintien en vie de cet être dont il a la garde. Chaque jour, il accomplit ce rituel sacré dont il est le prêtre et le fidèle. Chaque jour, il insuffle à ce vieux corps métallique l’énergie de vivre un autre jour.

A la fin de son tour, Halen rejoint son habitacle. Il se cale dans l’alcove qui lui sert de couche, se branche sur le câble d’alimentation qui rechargera ses batteries, et s’endort jusqu’au jour suivant. Au-dessus de sa couche, le compteur cathodique s’actualise.

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