Orange | Wallid (par Drak_D)

2 minutes de lecture

La lumière du jour ne s’enfonce que difficilement à cette profondeur et seulement de manière fragmentaire.

Pour dire, elle perce si mal, qu’en réalité il faut tout de même avoir des lampes pour ne pas être plongé dans l’obscurité.

Walid passe devant le groupe de travail cinquante-deux, sa pioche à l’épaule, jusqu’à parvenir à l’espace assigné au groupe cinquante-trois, auquel il a été muté depuis peu, suite à l’éboulement qui a décimé le groupe quarante-neuf.

Évidemment, aucune cérémonie n’a été menée en la mémoire des défunts.

L’équipe de secourisme a embarqué les blessés et sommairement soigné les rescapés, avant que les cadres en charge de ce secteur ne les re répartissent dans les autres groupes.

Les morts sont rayés de la liste des travailleurs et leurs corps seront naturellement balancés au feu quand un nouveau groupe atteindra leur position.

C’est simple.

C’est la norme.

C’était, c’est, et ce sera toujours ainsi.

Alors pourquoi ressent-il un poids dans la poitrine ?

Il réaffirme sa prise sur le manche de son outil, avant d’en enfoncer violemment la pointe dans la roche.

Les tintements vifs des pioches…

Les coups grinçants des pelles…

Les roulements cahotants des chariots de minerais…

Les grondements puissants des tractopelles…

Les martèlements sonores des masses…

Les chuintements réguliers des roues des camions…

Les impacts agressifs des marteaux-piqueurs…

Le tout accompagné des craquements de la pierre qui se fend et des sifflements de terres s’écoulant…

C’est l’habituelle musique de ces lieux !

Alors pourquoi ce concert ne lui paraît-il pas résonner comme d’habitude ?

Pourquoi lui semble-t-il étranger ?

D’accord, ce n’est pas celui de ses anciens camarades ! Mais : qu’est-ce qui ressemble plus à des sons de minage, que des sons de minages ?

Ils ont les mêmes instruments ! La même cadence rodée par l’expérience !

Pourquoi ce poids, pourquoi ce sentiment de vide, pourquoi… ? Pourquoi ?

Un minerai opalin se découvre sous les coups de Walid.

Quelques instants d’efforts plus tard, des responsables du ramassage peuvent en collecter les fragments, puis les emporter jusqu’aux chariots prévus à cet usage.

Le garçon peut poursuivre sa tâche, seul avec son trouble.

Pour la première fois de sa vie, il a comme l’impression d’étouffer dans sa combinaison frappée de l’emblème de l’OS orange !

Alors que pourtant, elle est respirante, agréable à porter, ne gêne aucunement les mouvements et est légère !

Alors quoi ? Quel est le problème ?

Oui, il ne reverra jamais Inès, Angel, Paolo, Gédéon, David, Wendy, Irène, …

Des larmes dégoulinent de ses yeux, sans qu’il ne sache pourquoi.

Il frappe la paroi, sans mollir, sans s’arrêter, et il sanglote, incapable d’en déterminer la raison.

Il a déjà vu certaines personnes pleurer, pendant qu’ils travaillaient, et il s’était parfois posé la question de ce qui pouvait bien leur arriver !

Mais alors que c’est en train de lui arriver, il ne comprend pas davantage.

Il ne comprend pas…

Il ne comprend pas.

Ilnecomprendpas.

Ilnecomprendpas !

Ilnecomprendpas !!

Ilnecomprendpas !!!

Ilnecomprendpas !!!!

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire 2xDoo ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0