Je me réveille, je suis debout, j’ai les poignets enchaînés au-dessus de ma tête. Je ne sais pas ce que je fais là ! Je regarde autour de moi, je suis entourée de murs calcinés. L’atmosphère est étouffante dûe à la chaleur qui est à peine supportable. La pièce dégage une forte odeur de braise. Qu’est-ce-que je fais là ?! Je regarde mes pieds nus posés sur le sol carbonisé, je lève la tête et remarque que le plafond est dans le même état. Oh mon Dieu, mais où suis-je ?! Je ne peux pas rester ici, faut que je me défasse de ces chaînes. Je donne des coups dedans mais rien n’y fait, elles sont trop solides. Je regarde vers la porte et je le vois me regarder. À l’idée que je m’en faisais, je le reconnais immédiatement. Il donne l’impression d’être âgé de 25 ans, bien qu’il ait plusieurs siècles. Il est plutôt grand et imposant, je peux voir ses cornes noires ainsi que ses ailes déployées. On dirait qu’elles sont recouvertes de plumes de corbeau. Bien qu’il me fasse peur je les trouve magnifiques. Il les range d’un coup sec, ce qui me fait sursauter. Je ne suis pas rassurée de l’avoir en face de moi. Je garde mes plumes de cygne repliées par la peur.

- T'as fini ? Me demande-t-il moqueur.

Ça l’amuse de me voir essayer de me défaire. Je préfère ne pas lui répondre. Il s’approche de moi, je vois le noir de ses yeux avec un reflet rouge sang. Son regard hautain m’énerve autant qu’il me fait peur. Ses cheveux mi-longs aussi sombres que ses ailes lui donnent un aspect très autoritaire et agressif. Ça ne m’annonce rien de bon.

- Bah alors petit ange, tu n'as pas de langue ?

Je ne veux toujours pas lui répondre. Je m’attends à ce qu’il s’énerve mais au contraire ça l’amuse. Il met sa tête dans mon cou près de mon oreille, je peux sentir son souffle. Il dégage une odeur cendrée qui m’attaque la gorge et me fait tousser.

- Je vais vérifier ça par moi-même alors. Dit-il d’une voix sensuelle.

Il attrape mon menton pour me forcer à le regarder et je sens sa chevalière contre ma peau. Il approche sa bouche de la mienne et je me débats car je ne veux pas qu’il m’embrasse. Ça ne l’empêche pas de continuer jusqu'à ce que ses lèvres touchent les miennes. Je ferme la bouche pour qu’il ne puisse pas rentrer sa langue. Il persévère, mais je ne lâche pas car je refuse ce baiser.

Il pose sa main bouillante sur ma jambe et la remonte sous ma robe jusqu’à l’intérieur de ma cuisse. Je me mets à trembler mais je ne peux pas crier car ses lèvres m’en empêchent. Je me décide d’ouvrir la bouche avant qu’il ait envie d’aller plus loin. Il entre sa langue, caresse la mienne, je le sens sourire en me voyant réagir. Sa salive n’est pas mauvaise.

T’es sérieuse, tu crois que c’est le moment pour goûter à sa salive ! Crie ma conscience.

Je ne vais vraiment pas bien moi, pourquoi je pense au goût de sa salive ? Il retire sa langue et arrête de m’embrasser. Je sens que ce n’est pas la première fois qu’il embrasse il doit avoir beaucoup d’expérience.

Evidemment qu’il a de l’expérience, il est là depuis la nuit des temps.

Excuse moi je suis un peu attachée alors je n’ai plus vraiment mes capacités.

- Au moins, je suis sûr maintenant que tu as une langue. Je ne vais pas passer par quatre chemins, je pose des questions tu y réponds.

T’as le diable en face de toi et il est réputé pour beaucoup de choses comme avoir toujours ce qu’il veut.

Je veux faire taire ma conscience, j’ai assez de lui pour ne pas en rajouter. J’essaye encore de me défaire de ses chaînes mais rien n’y fait.

- Pourquoi persistes-tu Angel alors que tu sais que c’est inutile ?

Mais comment peut-il connaitre mon prénom ?!

- Dieu m’aidera. Dis-je.

Il se met à rire.

- Dieu ? Sérieusement, t’es qu’un jouet entre ses mains, il en n’a rien à foutre de toi.

- Vous mentez !

- Tu verras par toi-même, Dieu ne vient jamais ici, même si ses anges sont en danger. Dommage, il ne te punira pas pour ce qu’on fera.

Je ne dis plus rien, de toute façon, il aura toujours quelque chose à dire et je ne veux pas aggraver mon cas. J’ai mal aux poignets à force d’être attachée, en effet les chaînes marquent ma peau. D’un coup quelqu’un entre brusquement dans la pièce.

- Désolé de vous déranger Majesté, mais Marina est arrivée comme vous l’avez demandé. Dit je suppose un de ses démons.

- Fais là rentrer ici.

- A vos ordres.

Il repart et une fille entre. Elle fait plus âgée que moi mais plus jeune que lui. Je lui donnerais la vingtaine. Ses cheveux céruléens et ses yeux bleus me font penser à l’océan. Elle porte des sous-vêtements bleus pétrole en dentelle, ce qui lui donne un style qui me rappelle Poséidon.

- Pourquoi m’avez-vous appelée et fais venir ici ? Demande-t-elle.

Elle me regarde, je sens quelque chose qui nous connecte. C’est étrange, il y a un lien mais je ne sais pas lequel. Elle se met à reculer d’un coup.

- Qu’est ce qu’il t’arrive, tu as peur d’un ange ? Demande-t-il en se moquant d’elle.

- Ce n'est pas qu’un ange, elle est plus que ça.

- Je serais curieux de savoir qui elle est alors.

- Je ne sais pas.

Je ne sais pas si elle a senti la même chose que moi, mais je veux savoir qui est cette fille.

- Qui êtes-vous ? Dis-je.

- Je suis la Déesse de l’eau, des mers et des océans.

Je comprends mieux ce que je ressens, l’eau est un élément, c’est pour ça que nous sommes connectées.

- Je te retourne la question, tu n’es pas qu’un ange, tu te caches derrière cette illusion. Me dit-elle.

Je garde le silence devant eux.

- Tu ne veux pas me le dire car on est devant lui et tu ne veux pas qu’il le sache. Est-ce que j’ai raison au moins ?

- Je sais toujours tout. Ricane le diable

- Ça c’est sûr. Bref, ce n’est pas moi qui vais la forcer à dévoiler qui elle est. Dit-elle.

Je préfère ne pas être forcée du tout, si le diable apprend que je suis une déesse ça empira mon cas. Déjà avec un ange il est connu pour être dur mais quand il sait que c’est une déesse il devient cruel. Il n’a aucune pitié car une déesse est indépendante, contrairement aux anges qui ne le sont pas. Il ne peut pas faire tout ce qu’il veut avec les anges car ils sont sous la protection de Dieu. Une déesse est sous la protection de personne, il peut donc faire ce qu’il veut.

- Je ne te demande pas de la forcer.

- Je ne l’aurais pas fait de toute façon.

Le diable la plaque contre le mur de braise.

- Tu veux parier que tu n’aurais rien fais si je t’avais donné l’ordre de le faire ?

- Non, c’est bon. Dit-elle paniquée.

Il la lâche. Il fait pression sur tout le monde, surtout sur les déesses, ça ne me donne pas envie de lui avouer.

- Dis-moi tout ce que tu ressens sur elle. Ordonne-t-il à Marina.

Elle détourne le regard, elle n'a pas le choix de lui dire. Je ne lui en veux pas, elle me regarde et je lui fais un signe de tête pour lui faire comprendre de faire ce qu’il dit.

- Il y a quelque chose qui nous lie, je ne sais pas quoi. Dit-elle

Ça se sent dans sa voix qu’elle ne dit pas tout. J’ai peur qu’il s’en prenne à elle.

- Tu en sais plus alors parle, je n’ai pas de patience !

Visiblement ce n’est pas la première fois qu’elle a affaire à lui. Elle ne semble pas étonnée de sa réaction agressive.

- Ce lien peut se faire que par des déesses qui ont le même pouvoir ou des pouvoirs très proches. Dit-elle.

- Oh une déesse alors. Tu peux y aller Marina.

Elle part et je me retrouve seule avec lui. Maintenant qu’il sait que je suis une déesse, il peut me faire tout ce qu’il lui chante.

- Quelle déesse es-tu ? Me demande-t-il.

- Pourquoi ça t’intéresse ? Dis-je sur la défensive.

- Soit tu parles par toi-même, soit je te fais parler.

Je ne réponds pas car j’ai envie de faire ni l’un ni l’autre.

- Ça serait dommage que je te fasse déjà mal juste parce que tu ne veux pas répondre à une question simple.

- Tu sais que je suis une déesse alors à quoi ça te sert de savoir ?

- Tu ne réponds pas à ma question.

- Tu ne réponds pas à la mienne non plus.

Je vois que ça l’agace et que si je continue, la situation s’envenimera. Il touche mes ailes du bout de ses doigts, ce qui me procure une sensation que je déteste car je suis très sensible des plumes.

- Tu n’aimerais pas que je torture tes ailes. Dit-il d’une voix menaçante.

- Laisser mes ailes tranquilles ! Dis-je apeurée.

- Alors répond à la question. Dit-il calmement.

Il est trop calme, quelque chose se prépare mais je n’arrive pas à savoir quoi. Je préfère lui dire pour éviter de subir sa colère.

- Je suis la déesse des animaux et de la nature, je gère les éléments.

Je suis soulagée, il arrête enfin de me toucher les ailes maintenant qu’il a eu ce qu’il voulait.

- J’aime faire monter les déesses au 7ème ciel.

Il se met à rire et moi je ne suis pas rassurée, surtout quand j’ai vu comment réagissait la fille de toute à l’heure. Marina je crois. Elle est pourtant une déesse. Il met sa main sur mes yeux pour les cacher, je bouge la tête pour qu’il la retire. Je ne sais pas ce qu’il m’attend mais ça m’inspire pas confiance. Faut dire que je ne suis pas en face de n’importe qui.