Envie I

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Deux heures que je me retournais dans mon lit, sans pour autant trouver le sommeil. Je me sentais seule dans ces draps froids. Je cherchais à me réchauffer par tous les moyens, j’avais multiplié les couches de vêtements, doublé l’épaisseur de couette, rien n’y faisait.

Je savais très bien ce qui causait ce froid dans mon lit et dans mon corps : la solitude. Depuis mon adolescence, j’étais envahie par un sentiment qui me laissait seule face à mes sentiments, à mes pensées, à mes questions. Personne à qui confier mes inquiétudes ou pour répondre à mes interrogations. Ce que j’appris plus tard, c’est que plus on se pose de questions, plus on s’exclut de la réalité, plus on prend de distance.

A l’époque, je me posais beaucoup de questions. Je me demandais pourquoi cette fille était populaire et attirait tous les garçons, et pourquoi moi je restais seule. Alors je jalousais. J’enviais ces superbes créatures qui avaient le monde à leurs pieds sans raison apparente. J’enviais cette intello qui attirait toute l’attention des professeurs, alors que tout était si facile pour elle.

Mais maintenant, j’enviais particulièrement ma voisine dont j’entendais les gémissements à travers la cloison de ma chambre d’étudiante. Cette pimbêche avait collé son lit au mur qui nous séparait et me faisait profiter de sa jouissance sonore. Son ami était moins bruyant, mais je l’entendais distinctement malgré tout. Voici une bonne demie-heure qu’ils s'ébattaient et que je me terrais en mon for intérieur, cherchant malgré tout le sommeil. Mes vieux démons me hantaient. Pourquoi elle et pas moi ? Moi aussi, j’ai envie d’une nuit de sexe.

Mon corps me travaillait. Mon entre-jambe criait famine et réclamait sa pitence. Je voulais être à la place de ma voisine, me faire culbuter, me sentir adorée et désirée. Je voulais m’apaiser et posais ma main sur mon sexe brulant, dans l’espoir illusoire de le calmer. Comme je m’y attendais, je venais de rallumer ce feu qui brûlait en moi. Je prêtais une oreille attentive à mes voisins, écoutait les cris, le grincement des ressorts du sommier, le cadre de lit qui tambourinait contre le mur. Je fis pénétrer un, puis deux, et enfin trois doigts. Je me branlais au rythme du tambour, à chaque “boum”, j’allais plus loin, j’allais plus fort. J’étouffais mon souffle dans mon oreiller, je n’écoutais qu’eux, je n’écoutais qu’elle. J’étais elle, à quatre pattes, écrasée par mon amant qui allait et venait en moi sans ménagement.

Puis, sans crier gare, un râle se fit entendre dans la chambre voisine, puis plus rien. Je m’arrêtais et posais mon oreille contre la cloison. Je les entendais parler, sans comprendre leurs paroles. Je l’entendais se rhabiller, ils avaient fini. Mon sexe en voulait encore plus, je ne voulais pas rester frustrée ainsi. Il allait ressortir de la chambre, je le voulais pour moi aussi. Il me le fallait. Je retirais à la va-vite mes couches de pyjamas et enfilait une nuisette ultra-courte et très décoltée. J’entrouvrais la porte, guettant la sortie du mâle. Quelques minutes plus tard, il quitta la chambre et je l’interpelais. Il n’était pas très beau, ni très grand, ni musclé. Ce n’était pas le genre d’homme sur lequel on se retourne. Et malgré tout, je le voulais, je le désirais. Si ma voisine avait pu le cueillir, je ne vois pas pourquoi je n’y arriverais pas. Le jeune homme ne fut pas bien difficile à convaincre : la nuisette montrait plus qu’elle ne cachait ma généreuse poitrine et sa transparence ne cachait pas non plus grand chose de mon anatomie. Il ouvrit de grands yeux de surprise, et se laissait guider entre mes draps.

Je ne connaissais que trop bien ma voisine et sa légèreté avec les garçons. Aussi, je tenais à me protéger à chaque rapport. Après tout, je ne savais que trop bien où il venait de traîner juste avant moi, et je savais surtout où elle était allée se faire fourrer. La nuit n’était pas magique, il n’était pas un amant fantastique. Je l’aurai sûrement oublié dans quelques jours. Il venait tout juste de jouir et ne pouvait m’offrir qu’une demi-molle toute humide. Mais ce n’est pas ce qui était important.

Ce qui comptait à cet instant, c’est que je me sentais belle, aussi attirante que ma voisine, cette grande et superbe créature au ventre plat et aux yeux de biche. J’avais autant de valeur qu’elle, j’étais autant désirée. Je fermais les yeux et la voyait, je la dominais, lui criait “Ce que tu as, je peux l’avoir !”. Et c’est ainsi que l’orgasme éclata, faisait trembler les murs jusque dans le lit de ma voisine que j’enviais.

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