Je ne peux pas voir mon visage
Les yeux sourds,
Avides de larmes.
Lames d’ébène sur mes joues.
Le baiser amer des pierres qui roulent,
S’écoulent, me noient,
Étouffent.
Je ne peux pas voir mon visage.
Le bleu de mon front,
Se déverse dans mon regard.
Chasse le chagrin.
Perdu ici comme ailleurs.
Caché des nuages,
Je ne peux pas voir mon visage.
Ma peau s’étire, soupire, déchire,
Mourir, n’est qu’une option, action
Une sensation, satisfaction,
Une déception, passion, tension,
En dérision.
Je tourne, je tourne, je tourne…
Fais face au miroir.
J’aimerais tuer mon visage.
Il s’accroche à moi comme je m’accroche au vide.
Vide de sens, et sans-façons. Façonné à mon image.
Image partielle, jamais réelle, se dissocie, de mes soucis.
Disparais, ne reviens pas.
Non, reviens-moi puis jamais plus.
Plus jamais de larmes, je n’aurais plus jamais froid.
Jamais je ne t’aimerais, je n’aime jamais.
Jamais plus que moi, plus que rien au moins.
Ou plutôt moins que rien.
Il faut que ça cesse.
Que quelqu’un m’enlève mon visage.
Je l’ai créé de toutes pièces, puis j’en ai enlevé quelques-unes.
À l’emporte-pièce. Pièces à conviction.
J’avais la conviction qu’elles ne me serviraient plus.
Plus. De plus en plus de trous.
Plus que dans ma gorge, mais partout ailleurs.
Ailleurs, là où je suis souvent.
Était... le temps d’un été.
Où je l’ai laissée s’en aller.
Je ne m’en veux pas.
J’en veux à personne.
De ne pas m’avoir dit :
Je n’aime pas ton visage.
Je n’aime pas ton visage, je n’aime pas ton visage, je n’aime pas ton visage.
Je ne peux pas voir mon visage.
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