Le début de la fin
Combien de temps vais-je encore continuer à camoufler tout ça ? Combien de temps vais-je encore continuer à mentir ? à faire semblant de mener la belle vie ?
Je ne sais même pas ce que je devrais écrire.
ça fait plusieurs mois que j’évite cette situation, cette vérité.
Je suis rentrée il y a déjà 4 mois.
Je suis rentrée à la maison, en situation d’alerte, pensant que j’allais me faire ‘’soigner ‘’ ici. Et tout ce que j’ai fait à la place, était de cacher la vérité. Cacher Ma vérité douloureuse.
A peine rentrée j’ai retrouvé ma « vie » d’avant. J’ai fait en sorte de remplir mon emploi du temps et d’éviter la solitude, pour ne pas me retrouver dans cette situation, encore une fois.
Je n’ai fait que fuir. Fuir pour éviter la peine. Fuir pour atténuer la souffrance. Fuir pour chasser les idées sombres qui m’ont laissé à leur merci.
Regardez où j’en suis. Je me sers moi-même de mes douleurs pour en faire une œuvre d’art.
Alors comment je veux que les gens me regardent différemment ?
Mon masque est en train de penser à m’abandonner. Mon vrai visage commence à prévoir son entrée sur scène. Mes nerfs ont débuté leur processus de lâchement.
C’est fini. Je suis fatiguée. Je ne peux plus supporter ce cri assourdissant à l’intérieur de moi, ces ténèbres qui poussent sans relâche les murs de mon corps, cet enfer qui cherche refuge dans mon cœur, ces organes ingrats qui veulent me lâcher. N’ai-je pas pris soin d’eux comme il le fallait ? Pourquoi me font-ils ça ? Devrais-je changer de méthode ? Je devrais peut-être les faire payer, et les laisser moisir au fond de mon cadavre à peine vivant, pour leur montrer qui tient vraiment les reines ici.
C’est ridicule. ‘’voire même pathétique’’. Même moi je ne supporte plus d’être dans mon propre corps.
Comment puis-je penser pendant une seule seconde que les autres seront capable de me supporter, de me regarder, de me parler.
Et après je parle de confiance en moi ? mais on en est MEME pas encore là. Ce serait du luxe d’avoir ça comme seul problème.
Au stade où j’en suis, ne pas m’ôter les tripes est mon seul objectif.
Continuer à vivre. Ou plutôt à survivre.
Mais pour quelles raisons ?
Pour me teindre les cheveux en bleu et en être fière ? pour chialer et ouvrir ma grande gueule et montrer que je suis sévère ? Pour rire et sauter partout et faire profiter aux gens de ma « joie de vivre » ? Pour que le public dise que je suis cool ? Que je suis unique ? Pour être aux côtés de ceux que « j’aime » ? Pour étudier et devenir quelqu’un « d’important » dans la société ? Pour qu’on me nomme « Présidente » ? Pour être à la tête du club que j’ai tant défendu, et pour lequel j’ai tant donné ? Pour faire de la musique, vous savez, ma « raison de vivre » ? Pour dire que je suis une « femme forte » ? Pour me bourrer la gueule pendant chaque soirée et penser que c’est ça la « beauté » de la vie, la « magie » de l’adolescence, la « signification » de l’existence ? et rentrer après pour trouver mon père faisant mine de s’en foutre et penser que J’ai le papa le plus cool de la terre ? Pour chercher la solution chez les drogues ? et pourquoi pas les drogues dures ? hein ? Après tout, mes potes n’ont jamais eu de problème avec ça.
Qu’en serait-il si j’avais plus envie de mener cette misérable mort douce ? Qu’en serait-il si je n’étais plus en mesure de poursuivre cette mascarade mesquine ? Qu’en serait-il si je n’en avais plus rien à cirer de ceux qui m’entourent ? Que leur attitude je m’en foutiste, ne me fait plus aucun effet ? Que je m’en tape qu’ils soient fâchés ou énervés après moi ? Que je mourrai quand même en paix après tout le mal qu’ils ont essayé de me faire ?
Qu’en serait-il si je ne pouvais plus supporter ce contraste, ces deux facettes totalement opposées à l’intérieur de moi ?
Qu’en serait-il si je ne cherche même plus à comprendre si je suis vraiment malade ou pas ? Après tout… Pourquoi se fatiguer à faire tant d’effort quand, à la fin, personne ne va me croire, Monsieur le médecin qui fait des conférences à l’étranger m’a dit que je pouvais faire du sport et que j’allais bien, alors qu’hier encore, j’ai perdu l’équilibre et j’ai failli tomber dans les escaliers tellement je manquais d’oxygène. Mais on s’en fout non ? JE suis la DRAMA QUEEN. Je ne veux qu’être le NOMBRIL de terre.
Là, maintenant, je pourrai jouer avec ces rasoirs que j’ai dans mon tiroir. Je pourrai, essayer différents trucs, pour le FUN. Je pourrai me déchirer la peau, Je pourrai admirer ce sang rouge qui coulera de mon poigner. Je pourrai mettre un tissu blanc en dessus, et le regarder perdre sa pureté face à mes tourments.
Après, je pourrai réessayer, mais je pourrai être plus courageuse. Plus brave. Plus FORTE cette fois. Après tout, Je suis celle dont le nom fait trembler l’obscurité. Je suis la fille qui n’a peur de rien. Après tout, Je suis celle qui ne recule devant rien.
C’est moi ! la leader, l’autoritaire, l’initiatrice, la narcissique, l’égocentrique, la grande gueule, la confiance incarnée.
Cette fois, je pourrai essayer de m’ouvrir les veines. Pas parce que je veux me suicider. Non, le suicide c’est pour les faibles. On va essayer ça, seulement parce que les veines m’ont toujours intrigué avec leur couleur verdâtre, et leur petit gonflement chiant en dessous de la peau. Je les ai toujours dans mon champ visuel là, et je me suis toujours demandée si ça faisait mal de les trancher. Comme ça, par un seul petit coup de lame. Sec.
J’ai toujours admiré la couleur du sang. J’ai toujours pensé que le mien était plus sombre, plus foncé que les autres.
Pourrais-je avoir une meilleure ‘’dernière image’’ que celle de ma réalisation la plus audacieuse ?
Les gens diront peut-être que je suis faible. Que finalement je ne suis pas, Ah pardon. Que finalement je n’ETAIS pas aussi forte que le laissais paraître.
Mais on s’en fout, je ne serai même pas là pour les écouter. Je serai déjà loin. Très très loin.
Et je ne reverrai plus jamais leurs tronches d’hypocrites.
Pour qui se prennent-ils pour parler de MOI, pour ME juger ? y avait-il quelqu’un à côté de moi quand j’en avais besoin ?
Bah non. Parce que MOI, je n’ai besoin de personne.
Merci, mais je peux m’occuper de moi-même. Je suis une grande fille maintenant.
Ça a toujours été le but des parents non ? De me laisser pousser mes propres ailes et prendre mes propres décisions toute seule ? Donc qu’en ne viennent pas me reprocher mes actes ou mes pensées.
Et de toute façon, faudra déjà arriver à ma hauteur, pour pouvoir parler de moi. En sens figuré. Ou au sens propre.
Maintenant excusez-moi, je dois me doucher et me faire belle pour ce soir. J’ai une soirée à préparer.
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