La vie suit son cours…

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Après la chaleur de l’été, après de multiples rendez-vous, à la banque, chez l’architecte, avec les entrepreneurs, les artisans, nous donnons le premier coup de pioche à une dizaine de mètres de la terrasse, immortalisé par toute la famille, Carolina en tête, coup de pioche symbolique, puisque dès le lendemain, les engins prendront le relais. Nous avons décidé de réunir tout le monde pour lancer le chantier, en ce dernier dimanche d'août, nos deux familles au grand complet installées dans le jardin, nous les laissons découvrir ce que sera notre future maison entre plans, dessins, croquis, et l'imagination débordante d’Alicia qui piaille à tout vas sur ses projets pour notre maison.

- Vous êtes sûrs d’avoir assez de place?

- Tu plaisante j’espère? Cent cinquante mètres carrés habitables à l’étage et autant de surface pour le garage et l’atelier au rez-de-chaussée, tu penses que c’est trop juste?

- Tu vas pouvoir commencer à retaper des caisses toi aussi…

- J’aimerais bien, mais ta sœur n’est pas du même avis…

- De quoi? On parle de moi?

- Non, ne t'inquiètes pas…

- Et voilà… On réunit les trois frères et ils sont insupportables… Au lieu de m'embêter, allez vous occuper d’allumer le barbecue et de l’apéro…

Accompagné de ma nièce, qui me colle aux basques depuis son arrivée, je prépare donc de quoi grignoter et nous désaltérer, tandis que Max gère la cuisson de la viande et que mon frère dresse la table, éjectant les anciens dans un coin.

- Cha, je te félicite, t’es la seule à arriver à faire bosser mes fils… Et c’est pas rien!!!

- Ma è vero cara mia… Jé n'ai jamais vou ton fratello faire tout ça sans ché jé loui démande en hourlant.

- Vous savez pas y faire… C’est tout… Je suis sûre que Thaïs ferait aussi bien que moi…

- Tu parles, je pourrais me casser la voix, qu’il ne bougerait pas le petit doigt…

A leurs côtés, nos pères ne bronchent pas, perdus dans l’étude des plans, ils sourient simplement en entendant les commentaires diffamatoires auxquels nous décidons de ne pas répondre. Seule Helena décide de se lever pour m’aider à servir nos invités, perdue je pense en essayant de suivre la discussion en Français.

- Di cosa stanno parlando Lou?

- Ridono di noi.

- Ma… Perche?

- Perché ci occupiamo del servizio quando di solito non lo facciamo.

- È vero che non è nelle vostre abitudini...

Elle me regarde soudain, sérieuse, avant d’éclater de son rire sonore et chantant, et de regarder en direction du reste des filles. Avec le temps j'ai appris à ne pas me formaliser de ce genre de remarques, et même si celà me touche venant d’Helena, je ne suis pas vexé pour autant et termine de m'occuper de nos invités, allant ensuite rejoindre Max qui lutte contre les flammes. Je sais qu’il n’est pas un habitué de ce genre de manœuvre, comme l’a souligné sa mère, et je pense que mon aide est la bienvenue pour lui, équipé d'une petite bouteille d’eau.

- Merci à tous d'être venu ici aujourd’hui, pour le lancement des travaux. Merci encore Patrick, Max et Caro pour le terrain.

- Vous le méritez tous les deux et tu le sais très bien Louis.

- P’pa, même si c’est le cas, sans ça, on serait pas ici aujourd’hui, et ça reste un très beau cadeau.

- Merci pour eux, Patrick, c’est un beau cadeau que vous leur avez fait, c’est une belle preuve de confiance pour Louis, après tous ses soucis.

- Bon, on boit ou vous continuez à vous remercier jusqu’à ce soir?

Après cette intervention pleine d'à propos de la part de mon frère, nous trinquons tous ensemble à notre nouveau projet, à notre future vie, et au chantier qui démarrera le lendemain.

Le lendemain, justement, le débarquement a lieu à huit heures précises, au moment où Charlène part pour le boulot, tandis que je suis sur le pont depuis plus de deux heures. Ma semaine de congés promet d'être épuisante, mais participer aux travaux était une condition incontournable pour moi. Une fois les engins débarqués, nous commençons le traçage des fondations, et validons les prises de côtes faites la semaine précédente avec le géomètre pour que la mise en action du tracto-pelle soit la plus précoce possible.

Le soir même, les tranchées sont terminées, aux côtes prévues, et le beau temps qui s’annonce pour les jours suivants nous laisse optimistes pour le respect des délais fixés.

Le soir, dès son arrivée, Chou a droit à une visite guidée du rez-de-chaussée de la maison.

- Ici le garage avec le coin atelier dans ce coin-ci, de ce côté là, la buanderie avec lave-linge, sèche-linge, chauffe-eau, et enfin dans ce coin-là, le rangement des vélos, des skis sous les escaliers pour accéder au premier.

- Mais c’est immense!!!

- Cent cinquante mètres carrés… On aura la même place à l'étage, sans compter la terrasse de la salle à manger et les balcons des chambres.

- J’ai toujours eu du mal à évaluer les surfaces… Je pensais pas que ce serait aussi grand… On va être vraiment bien…

- Et puis avec l’appart transformé en coin détente, on gagne encore de la place et on pourra inviter les copains…

- Et la terre? On en fait quoi?

- On verra plus tard, pour aménager le jardin… J’ai quelques petites idées…

- T’as toujours des petites idées… C’est ça qui m’inquiète…

J’ai déjà les plans de notre jardin en tête, ce genre de situation a le don de faire bouillonner mon imagination, et dans ces cas là, mon fidèle carnet de notes devient un allié de choix, j’y note immédiatement toutes les idées qui germent, au cas ou, quelques murs en pierres, quelques talus, des arbres, un potager, bref, de quoi bien occuper quelques week-ends en perspective.

En fin de semaine, la dalle du garage est coulée et tout est prêt pour la pose des murs du rez-de-chaussée, la semaine suivante. Il faut que la maison soit hors d’eau et hors d’air avant la fin du mois d’octobre, c'est pourquoi nous avons opté pour le préfabriqué, plus simple à mettre en œuvre et surtout plus rapide, pour un prix équivalent.

L’arrivée des premiers murs est une attraction à elle seule, d'immenses parois de béton chargées sur une remorque que la grue met en place comme un jeu de construction, et en moins d’une semaine les murs du bas sont terminés, nous donnant un réel aperçu de notre futur nid d’amour. Je profite des week ends avec qui le veut bien pour avancer de mon côté sur l'extérieur, sur la fabrication des rambardes des balcons, l’assemblage des volets en bois, enfin tout ce qui ne demande pas trop de bras.

Une fois la dalle du premier étage sèche, je peux débuter l’isolation du bas, la pose des cloisons, de l'électricité et de la plomberie avec mon père qui s’est décidé à venir tous les weekends pour nous aider à avancer, même si le planning serré du départ est largement respecté par les ouvriers, qui n’hésitent pas à traîner un peu plus tard que prévu le soir ou à venir le samedi, pour profiter en même temps de délicieux barbecue.

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