Comme une lettre à la poste…

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Pendant les mois qui ont suivi, j’ai couvé Charlène comme jamais, je crois que j’ai jamais pris autant soin de quelqu’un comme ça, même pas ma Cilia je pense, et je sentais qu’elle s’agaçait de cette prévenance constante.

Malgré ses remarques, ses réflexions assez vexantes parfois, contre lesquelles je me suis rapidement blindé, je continue de faire selon mon idée, quitte à la contrarier et la voir m’ignorer une bonne partie de la journée. Une vraie gamine!!!

Une à deux fois par semaine, je m’accorde un peu de temps, selon la météo pour quelques kilomètres à vélo, ou un peu de ski de fond, la laissant aux mains de sa mère ou de Sabrina, si Emma est motivée pour m’accompagner.

- Putain Lou!!! Ralentis un peu!!!

- Ben alors? Tu te traines aujourd’hui?

- Avec la semaine qu’on a passé je vois pas comment tu fais…

- Je sais me retenir la nuit…

- Je sais pas ce que tu sous-entends, mais crois moi, c’est pas ce que tu penses… C’est plutôt le boulot…

- Tu parles, j’ai vu la gueule de Sabrina aussi… Vous devez pas beaucoup dormir en ce moment…

- Connard… C’est toi qui me fatigue…

- J’aimerai bien…

- T’es vraiment un sale pervers en fait… Je vais en parler à ta femme, tu vas voir…

- C’est plus un secret pour elle depuis longtemps, surtout en ce qui te concerne.

- Tu fais chier, je vais faire des cauchemars maintenant… Beurk!!!

- Allez!!! Arrete de te plaindre et pédale un peu… Ca t’évitera de dire des conneries.

- Tu me dégoûte Louis.

- C’est bon signe… C’est que tu commences à te poser des questions sur nous…

- T’es con… Je risque pas d’avoir envie de faire quoi que ce soit avec toi…

- Moi aussi je t’aime ma petite Emma!

- Enfoiré… Mais tu sais quoi?

- Non, mais je sens que ça va pas tarder?

- Je t’adore moi aussi mon Loulou… Au moins je m’ennuie pas avec toi au boulot… Tu me sors cinquante conneries par jour, on se marre bien… Et quand j’ai un coup de mou, c’est super important pour moi.

- T’es pas en reste toi non plus… Mais c’est vrai qu’on passe de super journées.

- Grave…

- On ferait un beau couple, non?

- Ferme ta gueule!!!

Avec les mois qui ont passé, nous avons construit une profonde amitié tous les deux, complémentaires quelles que soient les circonstances, au boulot comme en dehors, on s’entend comme larrons en foire, ce qui n’a pas manqué de faire jazzer gentiment à l'atelier pendant quelques semaines, avant qu’elle ne décide de leur présenter Sab. Sa fraîcheur, sa spontanéité, son enthousiasme en font une acolyte de très bonne compagnie, le fait qu’elle m’accompagne régulièrement pendant mes sorties à vélo a fini de nous lier, même si je dois avouer que mon niveau a quelque peu baissé depuis.

L’hiver faisant soudainement son apparition à la mi-novembre avec des chutes de neiges précoces et conséquentes, nous avons troqué roues et pédales contre spatules et bâtons, et je dois avouer qu’à ce petit jeu, Emma m’est superieure, ce qui donne lieu a quelques belles vengeances moqueuses de sa part.

Pendant les fêtes de fin d’année où nous recevons famille et amis chez nous pour éviter tout risque pour le futur bébé dont nous ignorons volontairement le sexe malgré les supplications de notre entourage, nous avons la joie d’accueillir pour quelques jours Alicia chez nous.

Même si je suis ravi de l’avoir avec nous, j’avoue que j’appréhende un peu sa présence, notamment le fait qu’elle approche à grand pas de l’adolescence, et de tous les changements que celà implique.

Elle reste finalement cette adorable princesse, très bavarde certes, mais tellement adorable, j'aime particulièrement discuter avec elle, en Italien la plupart du temps, tandis que Cilia nous regarde bizarrement, essayant de comprendre ce que nous disons.

Pendant que sa cousine et sa tante se reposent, elle m’aide à préparer les repas, faire le ménage, ou ranger un peu la maison, souvant elle viens avec moi aussi quand je prends du temps pour jouer de la musique, posant mille questions, s’amusant avec les instruments, fredonnant aussi a quelques occasions. Bref, je sens qu’elle est heureuse de passer ces quelques jours chez nous, même si ses parents lui manquent, elle nous promet de revenir dès que possible et son départ laisse un grand vide dans la maison.

- Mon coeur… Tu dors?

- Mmmh… A trois heures du matin? Bien sûr que oui…

- Alors arrête tout de suite et prépare toi, je viens de perdre les eaux…

- Déjà?

- Ben ouais…

- Attends-moi à la voiture, j’arrive avec la petite… Mais tu vas bien?

- Bien sûr… Contractions de vingt secondes environ toutes les quinze minutes. T’as mis toutes les affaires dans la voiture?

- Oui ne t’inquiètes pas… T’es sûre que ça va aller?

- Mais oui, c’est bon… Allez bouge…

- J’arrive… Appelle ta mère pour Cilia.

Le temps d’arriver à la maternité, les contractions s’étaient rapprochées, environ toutes les sept minutes, mais Charlène restait de marbre, d’un calme absolu, totalement à l'opposé de son premier accouchement, et cette tranquillité était plutôt bon signe, avec un effet apaisant pour moi.

Nous retrouvons Caro qui nous attend pour récupérer Cilia, et rejoignons la maternité tranquillement, entre deux contractions.

Une fois installée dans la salle de travail et équipée de tout le matériel de surveillance, nous apprenons que le bébé est bien placé, en pleine forme et que la césarienne ne devrait pas être utile même si une équipe est en train de se préparer, information que je m’empresse de relayer a ma belle-mère, très inquiète pour sa fille. L’accouchement reste risqué pour tous les deux, et une surveillance renforcée est tout de même mise en place pour éviter les soucis et réagir au plus vite en cas de problème.

De problème, nous n’en rencontrons aucun aujourd'hui, à peine plus de trois heures après notre arrivée, je tiens enfin mon petit Livio, endormi, contre ma peau, tandis que Charlène se repose paisiblement après ses efforts et une bonne tétée.

“Comme une lettre à la poste”, c’est ce que nous a dit le personnel médical, un véritable exploit après les complications du premier accouchement, même le gynécologue n’en revient pas. Pourtant il n’a rien à envier à sa grande sœur, avec ses 4kg100 et ses 60cm, mais il me semble plus fin, plus élancé que Cécilia à la naissance.

- PAPA!!!! Il est ou le bébé?

- Deux minutes, princesse, on va aller le voir…

- Alora? Com’è andata?

- Perfettamente. Comme une lettre à la poste, ils nous ont dit.

- Et?

- Un petit bonhomme…

- YOUPI!!!!!!

- Cilia!!! Calme toi!!!

- Félicitation Lou, je suis tellement heureux.

- Livio, votre premier petit fils…

- Livio! Livio! Livio!

- Bon on reste jouste cinque minute et on rontre. Compris Cilia?

- Si nonna. Capito bene!

J’ai envoyé Cécilia réveiller sa mère, essayant de la calmer un peu, puis nous les avons rejoint quelques minutes, le temps qu’ils puissent se rendre compte de la bonne forme de leur fille et de leur petit fils avant de nous laisser profiter d’un peu de calme.

- Alors, heureux Monsieur Gallo?

- Pas autant que ton père, il avait les larmes aux yeux… Pour moi, je dirai plutôt soulagé que tout se soit bien passé.

- Et tes parents?

- Ils seront là demain, vu que tout s’est bien passé et que tes parents s'occupent de Cilia, je leur ai dit de prendre leur temps cette fois…

- Tu préviendras les filles aussi? Sinon on va se faire gronder…

- Déjà fait, elles te font des gros bisous, Sab passera ce midi, pendant sa pose, et Emma peut être ce soir…

- T’assure mon coeur…

- Pas autant que toi… Je suis fier de toi encore une fois, regarde comme il est beau notre fils, t’es une artiste. Et cette fois, pas de mauvais plan…

- Merci… Je suis soulagée que tout se soit bien passé, mais ça, c’est parce que t’as bien pris soin de moi aussi.

- Merci…

Cinq jours plus tard, Livio découvre la maison, sa chambre, et nous, la vie à quatre, et même si Cécilia était un bébé modèle, il s’avère que son petit frère bat des records de tranquillité, puisqu’une dizaine de jours après sa venue au monde, monsieur décide de faire ses premières nuits pour notre plus grand bonheur.

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