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Une minute de lecture

J'ai, de mon grand-père paternel, hérité du voyage forcé, lorsqu'il a fui la dictature de Franco, lorsqu'être républicain signifiait quelque chose.


Sans doute ai-je hérité aussi de son angoisse, celle qui lui faisait imposer à sa famille de dormir, toutes les nuits de la guerre, tout habillé, la valise toujours prête au pied du lit, alors qu'une mitrailleuse anti-aérienne était montée sur le toit de la maison.


Je l'ai peu connu, mais il m'a donné mon père, le plus beau cadeau de la création.


Mon autre grand-père a lui aussi pris sa part au combat contre le nazisme, cette autre forme de fascisme, dont l'ersatz revient dans les rues parisiennes casser des voitures, lancer des pavés sur la police, sous des drapeaux rouges et noirs. Ce grand-père là m'a donné le goût du whisky, m'a appris le respect, l'espoir et le pardon.

Il a accueilli avec bienveillance chez lui les amis allemands de deux de ses petits-enfants, sans rancoeur, sans rancune. Peu disert, il s'est voulu le rempart entre la tragédie guerrière et l'avenir.

C'est ce grand-père dont j'ai, avec ses trois autres petits-enfants, porté le cercueil au sortir de l'église, comme il nous l'avait demandé.

Je le vois encore sourire.

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