Les Arches (1.2.5)

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Tome 1 > chapitre 2 > partie 5

Il arriva un peu plus loin sur la crayée des Arches, une discipline de combat basée sur la magie défensive. Poène et lui s’entraînaient durement depuis des années à cet art en parallèle de leurs études et espéraient un jour devenir de bons combatt… Son cœur s'arrêta, il avait entraperçu une robe bleu clair cachée au milieu des gens devant l’ardoise.

Poène ? Ici ? pensa-t-il, alarmé.

Le temps de se faufiller dans la foule, elle avait déjà disparu. Toute sa nonchalance envolée, il s’arrêta à quelques mètres de la liste des admis, sans pouvoir en distinguer les noms. Il la voyait à peine remplie : peu de sélectionnés, comme à chaque année. Il avait l’impression que l’ardoise lui était tombée dessus tant le poids de la déception l’écrasait.

Poène et moi ne sommes sélectionnés que pour les Arches ? C'est pour ça qu'elle était là ? Juste les Arches ? Pris ici après tout ce que j’ai donné ? Je n'ai même pas candidaté aux Arches ! enragea-t-il.

Il ne souhaitait plus avancer, anticipant la confirmation du verdict, l'échec, l’avenir gâché.

Se battre ? Je ne souhaite pas passer ma vie à me battre ! Pour peu qu’il y ait une guerre j’y laisserai ma peau. Oh, ils ont beau dire que les Arcae des Arches sont parmi les meilleurs combattants du Continent, ça me fait une belle jambe. Anaelis l’Arcae qui ne sert qu’à batailler, pensa-t-il, écœuré. Je vaux mieux que ça. Planificateur, stratège, voila ce que je devrais être ! Pas un simple combattant. Et je ne laisserai personne me l'imposer, se dit-il, furieux. Dire que j'ai songé un temps à l'Académie Sange, quel imbécile.

Quelques guerriers en longue robe gris sombre discutaient devant l’ardoise. Leur ourlet d’or les désignait comme des membres éminents des Arches. Certains d’entre eux avaient été les maîtres de Poène et Anaelis ces dernières années. En le voyant, ils le saluèrent d’un geste de la tête. L’un d’eux fit ses adieux à ses compagnons et s’approcha.

— Félicitations. Je suis content de travailler avec Poène et toi encore cette année. Je dois y aller, aussi je te souhaite bonne chance et te dis à bientôt.

Anaelis ne put répondre. À l’instant où son ancien (et visiblement futur) maître s’en alla, il céda à l’abattement. Il resta épaules affaissées et tête baissée un long moment, la gorge nouée et les yeux humides. Arrivant finalement à relever la tête, il mobilisa la haine et lui fit remplacer le néant qui s’était insinué en lui, il se reprit, masqua son ressentiment et se dirigea vers l’ardoise. Autant en finir tout de suite.

Il n'y trouva ni son nom ni celui de Poène.

Quoi ? Je ne connais aucune une école qui permette de s'entraîner aux Arches en plus des enseignements. Attends, à part... Non, c'est pas logique. Ce maître a perdu l'esprit ? Ou s'est juste trompé.

Confus et soucieux, il passa devant la crayée suivante, y vit les beaux uniformes blancs de l'Amirauté. Rien à voir avec de vieux loups de mer : des marins professionnels qui soignaient leur apparence autant que leurs navires. Seuls certains officiers se donnaient rendez-vous une fois par an à Sciscere pour la tradition, les matelots restant dans les deux grands ports militaires de Calistrie : Forgrain et Capeaux.

Quelle idée de désirer se battre en mer, le bateau coule et l’on se noie, pensait-il. Au moins, à terre, on peut s’enfuir ou se cacher.

Il poursuivit, toujours sans trouver son nom, et s'arrêta devant l'ardoise de l'école des diplomates. Le nom de son amie Linsie n'y apparaissait pas, ajoutant à sa confusion.

C'était pourtant son premier choix, et je sais qu'elle n'était sur aucune autre ardoise. Qu'est-ce qui a pu encore plus l'intéresser au dernier moment ? Politique, magistrature, art oratoire, sociologie ?

Mais pour ces quatres écoles, il n'y vit pas plus de Linsie mentionnée.

Il arriva enfin avec appréhension devant l'ardoise de l'administration impériale, l'un de ses choix mineurs. Avec soulagement, il n'y trouva pas son nom. De même pour la planification impériale. La même appréhension l'habitait quand il arriva enfin à la stratégie militaire, son choix parmis tous. Rien, rien, toujours aucun nom.

C'est comme si on nous avait oubliés, effacés des ardoises. Je n'ai pas vu Theorode non plus.

Il essuya la sueur froide de son front, tenta d'avaler pour apaiser sa gorge desséchée, réprima un mal de ventre, sans succès. Il regarda les ardoises restantes, guère plus d'une douzaine, dont aucune d'école où il ait candidaté. Ingéniérie : rien. Médecine, écoles de magie, Cherche-Passé : rien non plus. Les autres : toujours rien. Enfin, il arriva devant la dernière ardoise, celle de la Chimérie : totalement vide.

Pas ici non plus... Oublier une personne, soit. Mais nous quatre, Poène, Theo, Linsie et moi, alors qu'on a candidaté dans des écoles différentes ? Ca n'a aucun sens. Misère, il va falloir aller voir chaque école une par une pour voir celles qui nous ont oublié.

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