Six semaines avant le solstice (1.0.1)
— Tu es sûre ? Tout de même… chuchota une petite voix.
— Parfaitement, répondit une voix féminine assurée.
— Comme toujours hein, nota l’homme présent.
— Si tu lui forces la main… Tu sais à quel point il ne supporte pas ça… Ça va le mettre dans une de ces colères…
— Sans compter qu’il peut décider de tout saborder juste à cause de ça, précisément pour reprendre la main, prévint l’homme.
— Ou partir… ajouta la petite voix.
— Dis plutôt : s’enfuir !
— Ce n’est pas un lâche…
— Il ne se donne jamais les moyens, ne rien faire ou éviter sont tellement plus confortables.
— Pourtant il réussit presque toujours tout, fit remarquer l’homme.
— Donc : on va réussir. Il faut juste le pousser un peu.
— On ne sait même pas s’il le veut vraiment…
— Oh que si, il le veut. Sauf qu’il maintient ça à l’état de rêve, il ne prendra jamais le risque d’échouer.
— Tout de même, on décide pour lui…
— En même temps, il parle toujours de « solution optimale », même si ça va à l’encontre des situations, des valeurs, et des gens, concéda l’homme.
Gagné. À elle maintenant.
— Si on est refusés, ce qui n’arrivera pas, la situation sera comme si rien ne s’était passé : on ira là où on a demandé ensuite sur notre liste.
— Mais si on est pris et qu’on échoue…
— On n’échouera pas.
— Tu n’en sais rien…
— Si on échoue, on aura la certitude d’être admis dans l’école de notre choix l’année prochaine. Tu pourras aller où tu veux, et lui aussi. C'est dans notre intérêt à tous.
La jeune femme à la petite voix gigota, se serra les mains, évita les regards.
Presque, presque.
— J’ai l’impression de comploter…
— Justement, toi qui rêves de démasquer des complots, sache que la première étape pour y arriver est d'être sélectionnée.
Elle leva un regard vers l’homme, qui inclina la tête en un geste d’assentiment.
— Il va nous massacrer…
— Il va nous remercier !
Allez ma grande, ose.
— Oh là là… Bon, je sais comment on va s'y prendre.
Gagné.
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