101 - ses maîtresses
On est restées absente combien de temps ? Nulle ne peut le préciser, sans calendrier. Mais dans sa maison du Port en Principauté, Greta nous rassure :
- Peu importe le temps qui passe dans l’éternité. Vous êtes là. Toi, Jenna, avec ta sorcière bien aimée, Maëlle, en toi d’avant, c’est troublant.
- Je me sens réunie avec Maëlle, ma « elle ». Comme toi avec ta Victoria, ta victoire. Désolée, j’ai des troubles cognitifs.
Rien de tel qu’une petite croisière en voilier pour faire connaissance en toute intimité au large et en zone blanche sur la surface aveugle des forces telluriques. À l’abri en cabine, étendues sur les confortables coussins, Greta sait comment me guérir et elle met son autre sein à disposition de ma doublure. Nous sommes désormais et à nouveau ses filles de lait. Pour la récompenser, on joue sur tout son corps une partition à quatre mains pour la faire chanter la symphonie du plaisir sensuel, charnel, éternel où elle s’en tortille dans une danse lascive. Notre première fois, Maëlle et moi, avec Greta, au large du temps qui glisse entre nos corps, à cœurs ouverts dans nos esprits via nos âme. Quand on se réveille, elle n’est plus là. Le bateau penche et vibre avant de se stabiliser. On monte sur le pont. Greta est à la barre. Elle passe en automatique pour nous rejoindre.
- On s’est pas mal éloignées. J’ai mis le cap vers le Nord. On va où ?
- Il est pas trop grand pour le Port des Suburbs, si ?
- Il n’y a qu’une façon de le savoir.
On se retrouve à préparer des cocktails à la Paillote sur la plage, près de la maison blanche. Que de souvenirs… C’est plutôt bon signe que je m’en rappelle.
- Greta, ça te manque pas de plus être au centre de l’attention ?
- J’ai eu ma part, d’échecs. Tout fonctionne mieux sans moi.
- On commence à être nombreuses, à être en retraite.
- C’est très bon signe, pour nous toutes, que certaines puissent se poser.
Victoria nous rejoint pour récupérer sa Greta. Je reste avec Maëlle pour une nuit torride au Manoir. Au matin je lui montre le bureau avec la machine à écrire reliée à la Bible. Elle claque une lettre de temps en temps mais il n’y a plus de papier. On prend une navette vers l’Ouest, direction la maison 25 où Pénélope nous attend pour le brunch. Je coiffe Maëlle pour qu’elle ressemble moins à Megan, en vain. Maëlle aime bien jouer le jeu, se sentir plus moi et moins elle, ça l’excite. On est accueillies par Médo sur la plage. La chienne nous amène à ses maîtresses.
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