158 - les choix de sa vie
Je fais le tour des chantier pour rencontrer sur le terrain mes équipes d’ingénieures de Westech en charge de la flore et de la faune. On fait le point sur les insectes et les poissons avant de s’intéresser aux arbres, des palmiers et des pins qui viennent s’ajouter à des essences plus classiques. La mise en place des écosystèmes à l’air de fonctionner, je pense qu’on peut même pêcher depuis les ponts du canal qui sépare les maisons de leurs annexes à Laguna Beach. Le plus dur en fait, c’est de contenir la Riviera car la vie à tendance à s’étendre facilement. Je fais le tour à vélo, des fois je m’arrête pour mieux voir et ressentir lentement l’ambiance apaisante dans les petits jardins de gravier blanc au milieu des plantes verte ornées de grosses fleurs qui distillent leur parfum dans le doux bruit de l’eau qui coule d’une petite fontaine. Je note : au 46, ça manque de galets, bien ronds et bien lisses, pas trop gros, noir et blanc, près du banc, à portée de main, pour les saisir et méditer. Je me baisse pour tracer des lignes avec mes doigts dans le sable autour. Inspiration. Expiration. Je me relève et je me retourne, surprise par une fille, là devant moi, en train de sucer une sucette. On dirait une agente.
- Ça alors, t’as pas l’air de me reconnaître. Paloma, elle, tu la reconnais. Megan, ou Jenna, comme tu veux, c’est moi, Marie.
- Little Marie, Marylène, qu’est ce que tu veux ? Paloma a des soucis ?
Elle s’approche près, en zone intime et me sonde de son regard, partout sur mon corps, elle s’arrête sur mes mains et cherche dans mes yeux. Les siens sont de toutes les couleurs, plein d’imperfections.
- Sympa ta Riviera. En fait, je suis venue voir Aaron. Mais avant, je préfère te prévenir. Tu en as faite une fille apparemment.
- Alors c’est toi. Arona m’a racontée, tu l’as protégée. Merci.
- De rien. C’est pas grand-chose. Toi tu as faite mieux, tu l’as sauvée.
- Merci Marie. Je t’amène la voir ?
Quand on arrive à l’annexe 72, Arona se jette sur Marie, surprise, époustouflée, admirative, fière. Elles sont très proches. On se pose pour discuter. Marie rit de bonheur de retrouver mon enfant. J’ai l’impression qu’il a été le sien plus que la mienne. Ça me donne envie d’encore l’oublier cette Marie, une pure produit de l’Est et du Grand Chelem, une haute fonctionnaire fidèle au pouvoir sous ses airs gauche et débraillée, ambiguë.
- Tu sais, Arona, il y a de très bons lycées aussi à Sylvania si tu veux. Pour ta copine aussi. Si ça t’intéresse un jour, n’hésite pas à m’en parler.
Sur ce Marie nous laisse avec une Arona ouverte sur les choix de sa vie.
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