CHAPITRE 3 : les préparations de Samaël. (corr. Anne)

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Tandis que les Salamandrins préparaient l’invasion du royaume qu'il s'était lui-même créé, Samaël, le Saigneur des Seigneurs était occupé à guerroyer contre le roi Tottustamin. Il tua ses trois frères, ainsi que Herawalda, roi de Sourwège, qui était venu l’assister. La bataille fut livrée le 6 de la lune Major du calendrier de Samaël.

En ce jour faste, l'armée des Sourwègiens fut presque entièrement anéantie par les Samaëliens.
De là, Samaël, vainqueur, revint en sa grande oasis de l’Antre de Baal, mais il ne put jouir à plaisir, ni longtemps, ni en sûreté de ses victoires, car des messagers lui annonçaient pour bientôt l'arrivée des Salamandrins.
Or Samaël, apprenant que ses plus féroces adversaires levaient grande flotte et forte armée contre lui, se prépara vigoureusement à de nouveaux combats, car il était extrêmement brave et audacieux, et de plus, agréable par sa manière de s'exprimer et courtois avec tout son monde.
Comme ses fidèles cherchaient à le dissuader d'aller si diligemment au combat, Al-Garci, son bras droit, lui dit :

  • Maître et saigneur très vénéré, il faut que ta valeur se laisse un peu modérer par les conseils de la prudence. Tu arrives maintenant fort éreinté d'avoir combattu les légions Sourwègiennes. Tu n’as pas dormi une nuit, ni un carré,ou une minute depuis plus de vingt jours, et tu veux de nouveau aller en hâte te mesurer à ces Salamandrins. Repose-toi, je t'en prie et réfléchis-en toi-même, avec ta sagesse coutumière, sur ce que tu nous as promis par serment. Si grand malheur voulait que tu soies vaincu par leur immense armée, imprimant par-là à notre nation l’éternel déshonneur d’être des esclaves, tu auras trahi tous tes serments. Par ma foi, je suis tout prêt à marcher courageusement avec mes Hommes de Main contre les Salamandrins pour défendre notre désert, le temps que tu prennes repos mérité et que tu reformes nos myriades. Mais toi, mon maître, encore une fois, je te le dis bien haut, repose-toi en paix sous ta tente, en un lieu où tu voudras l’ériger, et attends la tournure des premiers combats et les bienfaits du désert, afin que la belle liberté des Samaëliens ne périsse de par ta main.

Le Saigneur ne dédaigna pas les conseils que ses amis et vassaux jugeaient salutaires, mais riant fort de bon cœur, il les accabla d'injures, ce qui ne les vexa point, car telle était la coutume des rudes gens des sables.
Ensuite, et durant six jours, il fit sonner le rappel des Schecher*, et pendant que son armée se rassemblait en une innombrable multitude, venue des horizons les plus lointains, il en profita pour dormir, sous la protection de l'unique enfant d’Al-Garci.
Au matin du sixième jour, son armée était sur le pied de guerre, le nombre de ses soldats était plus que proportionnel à la population des tribus.
Comme Samaël s’étonna de cette foultitude, l'enfant d'Al-Garci lui répondit :

  • Maître, nous n’avons pu en renvoyer qu’une petite partie, les renvoyer c’était les insulter et couvrir de honte leur chefferie.

Autour de la tente de Samaël, étaient plantés des centaines d’étendards claquant au vent, une véritable forêt multicolore.
Il les donnerait à chaque Scheik après les libations de Caudalium, après les avoir bénis de son sang et de celui du Scheik, ainsi, ils auraient une âme, ainsi, ils seraient sacrés.
Les oriflammes du Saigneur furent tirées de leurs housses et déployées, tambours et olifants sonnèrent, car telle était sa façon de déclarer la guerre.
L’armée était rassemblée dans la plaine de Baal, autour du Lac Pur, mais elle ne serait au complet qu’après avoir dépassé Tabar et Ligéris, où la population était nombreuse, et où l'attendaient les cohortes des Gn'eiss avec, à leur tête, Gn'ull l’ancien.
Comme les martiales colonnes traversaient l'horizon, sur le fond d'or du grand erg oriental, se détachait l’image, aux couleurs éclatantes, des étendards claquant au vent. La grande armée avançait, volontaire, au pas lent des tri-bosses, parmi les sables roux du grand désert.
Le vaste sol miroitait maintenant et tremblait de chaleur.
Les monts de granit, en avant de la mer de sel, prenaient la pâleur de la rose trémière, paraissaient se mélanger, en un jeu de lumière, avec un ciel nacré, blême, vers le zénith.
C'est, étrangement serein, étrangement vague, l'esprit flottant, éperdu comme sur une vague, que Samaël pensait : "Suis-je maître de ce convoi d'âmes, glissant vers cet enfer aux éternelles flammes ?"

Il voulait surprendre par sa promptitude les Salamandrins et choisir le lieu de l’affrontement. Ayant chevauché toute une semaine, il se présenta, à quelques arphanges des Salamandrins.

Schecher* : (pluriel de Cheik, ce mot dans son acceptation étymologique, signifie vieillard, ancien)

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