Chapitre 1. Prologue, Salamandine.

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(les deux ou trois chapitres qui suivent sont à lire avant le prologue. Je les ai ajouté à cause d'une vilaine qui se reconaîtra.)

Au sommet d'une estrade en Jacarando, comme un soleil au milieu des cieux, était le trône de jade de la Papesse.

Il était couvert, il débordait de moelleux coussins richement brodés.

Salamandine y resplendissait au milieu d’une rivière de satin, d’une mer d'organdi, d'un océan de soie et de brocart qui soigneusement étalés autour d’elle semblaient être un écrin supplémentaire à sa froide beauté.

La Papesse, selon l'usage, était magnifiquement parée.

Elle était assise au milieu des iris d’or de sa robe étalée en plis gracieux, les broderies merveilleusement ouvragées scintillaient de mille feux et une ceinture de prix serrait sa taille svelte.

Elle semblait absente lisant distraitement accoudée à des polochons de soie.

Elle paraissait même rêver.

Puis au sein de ce royal ennui, un chambellan vint lui dire un mot tout bas à l’oreille.

Alors la belle Salamandine versa des larmes, de charmantes perles de rosée.

Elle s'était levée, appuyée contre le dossier de panneau de jade aux ornements dorés, elle leva un bras dans un mouvement de douleur, les doigts légèrement crispés sur la paroi lisse et brillante, la tête légèrement renversée, un peu inclinée vers l'épaule elle pleurait sans oublier d'être belle. Ses yeux très grands étaient pleins d'éclat brumeux, ses lèvres étaient fraîches et roses, son teint était laiteux et l'unique torsade formée de sa chevelure roulait jusque sur le sol, comme un serpent noir. Salamandine feignait la peine, qui pourrait l'imaginer à la voir si charmante ?

  • Avancez ! Avancez, méchant homme.

À quelques pas devant elle, le Duc Coppet de Fillon de Briançon, son amant, se tenait debout en grande armure de guerre ; une main sur le pommeau d’or de sa longue épée dans son fourreau grenat; il regardait attentivement le plancher.

De temps à autre, elle poussait de profonds soupirs.

  • Hélas! Hélas! Trois fois hélas! Se lamenta Salamandine. Tu vas partir, sûrement m'oublier, mourir peut-être.
  • Je puis mourir, si Dieu le veut, dit le Duc, mais vous oublier, je ne pourrai.
  • Mourir ! Tu es donc sans cœur, que tu oses me parler de ta mort ? Les hommes sont cruels ils vous jurent de vous être tout dévoués et peuvent pour un petit rien vous abandonner.
  • Ce n'est que mon devoir, il y a cette Sainte Croisade. Il me faut partir par-delà la mer avec nos troupes.
  • Et si je t'ordonnais de rester ?
  • Je te désobéirais, Papesse.
  • Tu l'avoues effrontément ! Eh bien je t’ordonne de rester !
  • Soit ! dit le Connétable, je ne puis résister à tes ordres mais ce soir même je me ferai Chevalier de la sainte ligue du Saint Tau de Feu.
  • Mais c’est pire que la mort ! Tu ferais cela pour me punir, tu t’ennuies de rester près de moi ?
  • Non parce que je serai déshonoré et je ne voudrai pas que mon nom puisse survivre à cette tache.
  • Ah je suis folle, dit la Papesse en essuyant ses yeux, je parle comme une enfant, je te conseille d'être lâche. Alors que c’est moi qui ai levé l’étendard. Va ! ne ménage pas tes coups si tu meurs...Messi m’en est témoin j’en mourrai aussi. Comme tu es beau en armure de guerre ! ajouta-t-elle en le considérant avec une complaisance gourmande. C'est donc pour l'ennemi que tu te pares ainsi ?
  • C'est la coutume, dit le Duc, d'ailleurs les flèches ricochent sur les mailles de fer et les coups d’épées ne peuvent la pénétrer.
  • Ne parle pas ainsi, il me semble être au milieu de la bataille, s'écria Salamandine. Je vois les flèches voler, j'entends le cliquetis du fer. Que vais-je devenir pendant ces longs mois d'inquiétude ? Ma sœur, elle aurait prit les armes.

De l'autre bout du mégaron on entendit une voix au zézaiement à peine perceptible.

  • Oui votre sœur les auraient prises, elle serait même à la tête de l’armée ! Voila ce qu’elle aurait fait au lieu de se lamenter comme une fillette !
  • Vous Nicohélas ! Je n’ai point entendu qu’on vous annonça. S’étonna la Papesse
  • Oui c’est bien moi ! Mais annonce-t-on la venue d’un homme de Dieu ? Quand à la Croisade, de l’ennemi n’ayez nulle crainte, ces sauvages ne connaissent pas même le cheval. Tout juste savent-ils forger un peu le fer. Et si au milieu de cet enfer il n’y eut l’arbre du Saint Tau... c’est fort aise que nous eussions oublié ce désert et ces sauvages.
  • Je désapprouve la présence de la Papesse, elle est trop fragile, pour cette tâche de guerrier.
  • Je crois que j’ai mon mot à dire. Je suis la première concernée il me semble.
  • Je ne viens pas pour cela Papesse, il faut fixer une date quand à l’exécution de votre sœur. Plus les jours passent plus la populace la croit innocente ; bientôt les troubles seront de plus en plus fréquents, il faut agir, je n’attends que votre sceau.
  • Nous verrons cela quand je reviendrai de Croisade, car c’est maintenant décidé... je prendrai la tête des armées.
  • Majesté se n’est pas raisonnable. dirent les deux hommes en cœur. Mais pas pour les mêmes raisons.
  • J’en suis seule juge Monseigneur Nicohélas veuillez vous retirer. Quand à l’exécution de ma sœur laissez moi encore y réfléchir, c’est chose lourde que vous me demandez la ! J’ai encore à m’entretenir avec Mon Seigneur le Duc. L’ecclésiastique sortit en maugréant.
  • Pour une fois je suis d’accord avec cet oiseau noir, votre place n’est pas à la guerre.

Salamandine qui était descendu de son trône s’approcha tout près du Duc. Et pouffant presque:

  • Tais toi, s’il t’entendait tu finirais au Val d’Enfer. Il commence à devenir gênant, je le crois complètement fou.
  • Alors Majesté qu’attendez vous pour vous en débarrasser ?
  • Tu n’es toi aussi qu’un grand fou. Pour l’instant il est trop puissant et j’ai bien compris que pour le petit peuple je ne suis qu’une usurpatrice. Sais-tu comment on m’appelle en ville ? Je vais te le dire l’anti-papesse ! Voila le titre que l’on me donne. Aussi pour une fois l’idée de suivre l’armée est bonne, je serai plus en sûreté entre tes bras qu’ici... seule au palais, entourée de cette cour de religieux.
  • Alors laissez-moi-vous offrir la plus solide des armures.
  • Merci amour, quel beau couple nous ferons. Et puis quand nous reviendrons tout auréolés de gloire nous pourrons nous occuper de ce Nicohélas.

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