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Le jour levé, les deux fuyards levèrent le camp. Ils n’avaient réussi à dormir qu’une poignée d’heures, et avaient de plus grosses valises sous les yeux qu’aux bras : l’unique sac-à-dos emporté par Romikéo contenait son EC ainsi qu’un chargeur solaire, quelques vêtements, un duvet, un tapis de sol, la gourde qu’ils se partageaient et une petite trousse de toilette et d’urgence, grâce à laquelle Gaëlla avait pu désinfecter et soigner la blessure de la balle qu’elle avait reçue.

Depuis qu’elle avait retrouvé des forces, elle relayait régulièrement le jeune homme pour porter le sac pendant la journée. Leur maigre équipement les obligeait à faire des sacrifices : Romikéo insistait pour lui laisser le sac-de-couchage chaque nuit, et prétendait que s’enrouler dans sa polaire suffisait à le protéger du froid, mais Gaëlla avait dû s’emporter tous les soirs pour qu’il prenne au moins le tapis de sol.

Une fois en marche, ils mirent le cap sur une rangée de collines, où le feuillage des arbres s’épaississait, les protégeant davantage que la vallée peu boisée.

Alors qu’ils n’avaient pas fait trois kilomètres, un vrombissement sourd se distingua du bruit continu du ruisseau qu’ils laissaient derrière eux.

– Tu entends ça ? dit Romikéo.

Gaëlla se figea en reconnaissant le danger et s’exclama :

– Un hélicoptère arrive ! Vite, on doit se mettre à couvert !

Elle saisit le poignet de son acolyte et l’entraina en direction d’un arbre proche. En levant la tête, ils constatèrent que ce n’était pas un appareil, mais trois, qui patrouillaient dans le secteur.

– Ils vont nous voir, paniqua Romikéo, on n’est pas dans la forêt !

– Mais il n’y a nulle part ailleurs où se cacher, ici ! Les collines sont encore loin, on ne peut pas risquer de courir…

Les engins survolèrent l’arbre derrière lequel ils étaient dissimulés, et sitôt qu’ils furent au-dessus d’eux, Gaëlla tira Romikéo de l’autre côté du large tronc, par là où les hélicoptères étaient arrivés.

– Ne bouge plus, souffla-t-elle.

Elle croisa les doigts pour que cet instant ne soit pas l’un de leurs derniers ensemble, mais apparemment, ils n’avaient pas été repérés, puisque les hélicoptères ne revinrent pas en arrière.

Le silence revenu, Romikéo, tout pâle, se tourna vers Gaëlla.

– Jusque-là, j’avais toujours évolué au couvert des arbres, c’est pour ça que j’ai un peu… perdu mes moyens en voyant qu’on était exposés, bredouilla-t-il. C’est un peu comme se retrouver tout nu d’un seul coup, tu vois ?

La jeune fille lui adressa un regard taquin. Elle le poussa doucement contre le tronc de l’arbre jusqu’à ce que son dos rencontre contre l’écorce, lisant autant d’incompréhension que d’amusement dans ses prunelles. Puis elle se mit sur la pointe des pieds et l’embrassa avec une tendresse qu’elle découvrait elle-même.

Romikéo se laissa faire, la bouche entrouverte, avant de prendre les devants et de glisser une main dans la nuque de la jeune fille, tout en augmentant la pression sur leurs lèvres.

Gaëlla lui caressa la joue, avant de se détacher de leur étreinte, soudain parcourue par une inspiration.

– Mik, tu sais ce qu’on devrait faire ? dit-elle, les yeux animés d’une flamme intense, les pommettes en feu.

Son camarade sourit de toutes ses dents en l’entendant prononcer son surnom.

– Reprendre ce baiser beaucoup trop court ?

– Balancer au public tous les documents confidentiels qu’on a, pour que la population sache ce que l’Etat fait dans son dos.

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