CHAPITRE 7 : 1/2
Willow bondit de son sommeil, transpirant à grosse goutte et essoufflée. Encore une fois, elle avait fait ce rêve. Ce cauchemar déroutant qui la hantait chaque jour et dont elle croyait s’être débarrassé en France. Passant la main sur son visage, elle se posa des questions, confuse. Quel était cet étrange endroit où elle s’était retrouvée, et qui était cette voix d’une douceur masculine ? Cette voix agréable qui l’avait arrachée de son lieu habituel. Cela faisait la deuxième fois que quelque chose d’inhabituel interrompait son cauchemar. À cette réflexion, elle éclata de rire et se laissa tomber mollement sur le lit, les jambes et les bras écartés. Le monstre devait être bien en colère qu’on intervienne dans son sale rituel, et c’était bien fait pour lui.
Alors qu’elle riait, un bruit étrange se fit entendre, et elle se leva aussitôt. Regardant autour d’elle, elle entendit à nouveau le même son et comprit que cela venait de son ventre. Son estomac grondait de faim. Elle se leva d’un bond et sortit de la chambre. Après être descendu au salon, elle entra dans une pièce adjacente : la cuisine. Sans tarder, elle ouvrit le frigo et fut face à de nombreux choix de plat. Après mûre réflexion, elle opta pour un hachis Parmentier et une tranche de mangue. Elle passa le hachis au micro-ondes et s’installa à table. Dévorant le plat, elle apprécia chaque bouchée. Si son père était nul en déco, il avait comblé cette lacune par son talent de cuisinier.
Alors qu’elle engloutissait son plat, elle entendit un clic, ce genre de bruit qui ne pouvait provenir que de la serrure. Son père était sûrement de retour. Ignorant le bruit, elle continua à manger. Mais lorsque le bruit devint insistant, elle eut un doute. Quelqu’un, essayait-il d’entrer par effraction ? D’un geste rapide, elle se leva et balaya la cuisine du regard, cherchant un objet pour se défendre si nécessaire. Son choix se porta sur un rouleau à pâtisserie posé sur le comptoir.
Munis de son arme improvisée, elle avança lentement vers la porte, le cœur battant tel un tambour, prête à frapper l’intrus. Attendant que la porte s’ouvre, elle fixa la poignée qui vibrait. Déglutissant, ses yeux s’écarquillèrent, et elle pria pour que la porte ne cède pas. Cinq minutes s’écoulèrent avant que le bruit ne cesse, au grand soulagement de Willow. Enfin, sa prière avait été entendue, et elle poussa un gros soupir. Franchement, elle ne pensait pas pouvoir faire grand-chose si l’intrus parvenait à entrer.
À peine avait-elle retrouvé un semblant de calme qu’elle entendit un bruit provenir cette fois de la cuisine. Le souffle coupé et le regard hagard, son cœur se mit à battre à un rythme effréné. La fenêtre de la cuisine était ouverte, et elle était sûre que l’homme essayait de passer par là.
Cogitant aux multiples scénarios possibles, elle fut tirée de ses pensées par un craquement du parquet.
_ Putain, entendit-elle une voix masculine se plaindre.
Elle déglutit et avança prudemment. Malgré la frayeur qui l’animait, elle trouva le courage nécessaire pour affronter le cambrioleur. Elle venait à peine d’arriver de voyage qu’elle devait déjà faire face à des problèmes. Génial. Prêtant l’oreille aux pas qui se rapprochait, elle sera fortement le rouleau, prête à frapper. Comptant jusqu’à trois, elle frappa.
_ Whoa ! Du calme, ma petite, dit l’intrus, arrêtant le rouleau d’une main.
Willow lâcha le rouleau et envoya immédiatement un coup de pied violant dans l’abdomen de l’indésirable, le projetant contre la table à manger. S’apprêtant à attaquer à nouveau, elle fut stoppée par l’homme qui se plia en deux, visiblement en pleine douleur.
_ A... Agent de police, dit-il en se tordant.
_ Ouais, c’est ça, répliqua-t-elle en lui envoyant un coup dans les parties intimes.
L’étranger laissa échapper un cri de douleur et s’écroula au sol, les mains entre les jambes, lançant une flopée d’injures.
Willow regarda l’homme souffrir, un sourire de satisfaction sur les lèvres. Elle était assez fière d’elle. Elle avait réussi à mettre au tapis un homme toute seule. Si sa mère la voyait, elle aurait été fière de constater que ses cours d’autodéfense avaient porté leurs fruits. Heureuse de son acte, elle continua à lui donner des coups de pied.
Sous les coups qui s’accéléraient, le teint laiteux du jeune homme vira au rouge, et ses yeux d’un vert de jade s’embuèrent légèrement de larmes. Mare de recevoir des coups, il attrapa la jambe gauche de Willow et tira, la faisant s’écraser sur le parquet.
_ Ok, assez jouer, dit-il, essoufflé.
Le corps douloureux, l’homme se leva avec difficulté et s’adossa à la table à manger. Il prit une grande inspiration et regarda la jeune fille se tordre de douleur, ce qui lui arracha un rire.
_ Willow, je présume. Je ne suis pas un voleur, ok ? essaya-t-il de la rassurer. Je suis un collègue de ton père, avoua-t-il.
_ Menteur, dit-elle en essayant de se relever.
_ Désolé d’être entré par effraction, mais j’avais un souci avec la clé que ton père m’a donnée. Je l’avais prévenu que je passerais, dit-il en passant une main dans ses boucles rousses.
_ Mon père ne m’a jamais dit que quelqu’un viendrait ce soir.
_ Oh, mince alors. Je te promets que je dis la vérité. Et si tu ne me crois pas, appelle-le, dit-il en lui jetant son téléphone.
Willow rattrapa le portable de justesse, confuse. Pourquoi se donnait-il autant de mal pour la convaincre ? Cela semblait peine perdue. Néanmoins, elle composa le numéro de son père, qui s’afficha aussitôt : « Clark Sheyton ».
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