la vie continue...

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Hormis ses tournées de surveillance régulières et souvent problématiques, Michel n’était pas harassé de travail. Il s’était donc senti disponible à partager son temps avec la cellule naturaliste de Corte et arpentait souvent l’île du ponant à l’orient, à la recherche d’espèces endémiques, animales ou végétales, tant pour l’ONF que pour d’autres entités administratives, régionales ou européennes.

Mais la vie n’était pas faite que de travail et d’affrontement. Dans le massif de Bavella poussent ces aiguilles de granit rouge moucheté de lichen jaune-verdâtre dont la base se perd dans des vallons touffus. Avec leurs parois vermoulues de tafonis délirants, elles composent un décor extravagant, avec parfois un peu de brume façon baie d'HAlong, où des pins suspendus, façon Japon, se découpent sur un ciel intense, presque bleu marine... Dépaysement assuré ! Marie-Napoléone et Michel s’initièrent à l’escalade. Le cirque de Bavella était équipé d’au moins une centaine de voies. Avec les années et Jean-Paul Quilici, premier guide haute montagne corse, ils grimpèrent les voies d’U Corbu et ses dos d’éléphant en redescendant sur Larone, le Specciu – une dalle en miroir derrière la maison forestière – U Haddad – une voie serrée avec en plein milieu "un pas" coté en 7a ! Punta di Ferriate, Teghie lisce et tant d’autres… Ils plongèrent dans les vasques turquoises du San Petru, au beau milieu d’une nature à la beauté presque irréelle, les canyons naturels de Purcaraccia, Pulischeddu et Gorges de la Vacca… Une vie de famille s’organisait autour de la maison forestière, avec Marc-Antoine, Anne-Sophie, Marie-Laetitia et la famille Maestracci. Des fêtes de fin d’année étaient célébrées aux chandeliers avec des frères et sœurs Bouillane venus pour les vacances, auxquels se joignaient les Grimaldi qui faisaient souvent office de taxi. L’été, la maison, cette immense caserne, était pleine d’amis, de famille, de fêtes et d’apéros ! Malgré les soixante jours de patrouille incendie estivale.

De même, Michel, en formation professionnellement de secourisme, fit beaucoup de courses en montagne avec le PGHM (Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne) de Corte, survola en hélicoptère tout son secteur, les Aiguilles, l’Incudine, le Trou de la bombe… Ah, l’Incudine qui signifie l’enclume, i forca di Bavedda - les fourches de Bavella, Lucifer les auraient forgées sur cette enclume ! Michel l’avait souvent parcouru. De tous les sommets corses, c’était le plus facile d’accès, été comme hiver. Son ascension se faisait soit à partir du plateau du Coscione, soit à partir des bergeries d’Asinao. La vallée de l’Asinao, comprise entre l’Incudine et les Aiguilles de Bavella, est orientée nord-est sud-ouest. Sur l’adret de l’Incudine, une piste en fort mauvais état conduit, des caseddi de Scapa di Noce aux bergeries d’Asinao. Elle traverse une forêt majestueuse de moyenne montagne, peuplée de chênes verts, de hêtres, de pins sylvestres, d’aulnes odorants en bordure des cours d’eau, et de magnifiques pins laricio avant de rejoindre l’alpage et les bergeries. Chaque printemps, Le Parc Naturel Régional Corse y organisait des comptages de mouflon. Marie-Napoléone l’accompagnait régulièrement dans ces virées patrimoniales.

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