« Pouick-Pouick » (2/2)

3 minutes de lecture

— Ne sois pas si sérieuse… Tu vas finir par me rendre nerveux, dit-il d'une voix hésitante.

— Désolée… C’est tellement nouveau pour moi. Et puis, il y a ce rêve…

— D’ailleurs, à ce propos… Tu ne m’avais rien promis ?

J’éclate de rire.

— Sois un peu patient, dis-je en arborant une moue que je souhaite mystérieuse.

Il s’arrête alors de marcher et je l’interroge du regard.

— Dis ? Dis ? demande-t-il avec une voix d’enfant tout en faisant « pouick-pouick » sur mon bras à l’aide de son index.

Mon ventre tressaute. Je m'attarde sur son visage de chien battu avant de me détourner d'un mouvement sec.

Il est… Il est tellement craquant !

Un peu plus et je me mettrai à crier comme une hystérique ! Mais, Dieu merci, je me retiens. Je fais même mieux. Reprenant contenance, je lui fais face et poursuis notre conversation avec le sérieux d’une femme d’affaires :

— Oui ?

— Quand ? demande-t-il maintenant avec un regard de cocker…

Ma promesse ? Quand, en effet…? De quoi ai-je envie ? De m’amuser un peu ? Ou… ?

J’approche mon visage du sien, lentement, jusqu’à me mettre sur la pointe des pieds. De ma main libre, j’agrippe ses cheveux à la nuque tandis que la sienne papillonne dans le creux de mes reins. Puis d'une pression sur la tête, je le force à se pencher vers moi. Je fais glisser mes lèvres de sa mâchoire à son oreille avant de murmurer une réponse d’une voix suave :

— Quand je l’aurai décidé.

Je le relâche et remarque sa mine ébahie. Mais, bien vite, une lueur de défi brille dans ses prunelles.

— C’est ce que nous verrons…

Je frissonne et lui sers mon sourire de matou. On s’esclaffe et nous repartons en direction du cinéma.

Il insiste pour acheter ma place et je me laisse faire. Nous nous installons dans les sièges les plus hauts. Les plus loin de l’écran, mais aussi, les plus intimes. Mais ça, nous ne nous l’avouons pas.

La salle se remplit gentiment et les lumières s’éteignent. Alors, sans attendre d’avoir prétendument peur, je lève l’accoudoir qui nous sépare et me blottis dans ses bras. Je le sens se tendre un instant, puis il se met à l’aise et me serre contre lui. Il loge son visage dans mes cheveux pendant ce qui me paraît être des heures et les hume avant de soupirer. Puis, plus rien.

Je commence alors à me concentrer sur les bandes-annonces quand il mordille le lobe de mon oreille. Évidemment, je sursaute.

Lucas ricane doucement contre ma joue et je me souviens qu’il a capté mes pensées pendant que je rêvais de lui. Je frissonne et mon cœur se gonfle de bonheur. Il est tellement attentionné…

Et coquin !

Il descend le long de mon cou qu’il goûte à son tour et une sensation agréable se manifeste dans mon ventre.

J’ai envie de l’embrasser. De prendre son visage dans mes mains et de déposer mes lèvres sur les siennes. Mais je me retiens. Il ne faudrait tout de même pas que je perde si rapidement à notre petit défi. Alors, je ne bronche pas, me contentant de « subir ». Mais, je décide bien vite de le dérouter un peu et pose une main sur sa cuisse que je caresse doucement.

Effet instantané : il l’emprisonne de ses doigts afin de s’assurer qu’elle restera bien sage jusqu’à ce qu’il la libère.

Je souris, fière de moi, et le film débute enfin.

Je n’ai pas regardé le synopsis, seulement la bonne notation des critiques. Ce pourquoi je me maudis. Je ne m’attendais pas à ce que notre premier rendez-vous au cinéma tourne au vinaigre. Bravo Rachel !

L’histoire prend place dans un jardin où une famille se baigne joyeusement à la piscine. Puis, après un instant d’inattention, leur unique enfant disparaît. Alors commence le calvaire. Pour eux. Pour nous.

Lucas s’attrape la tête des deux mains en geignant. Je sursaute et le dévisage, impuissante. Son regard est vide et il halète.

— Tout va bien, monsieur ? demande, agacé, un homme un peu plus bas dans la salle.

À ces mots, Lucas se calme et me fixe, perdu. Ce que je vois dans ses yeux me fait frissonner, mais ce n’est rien devant l’ampleur de la bombe qu’il s’apprête à lâcher.

— Je… je crois… Je crois que j’ai été séquestré.

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