Euh... oui. Qui d’autre ? (1/2)

3 minutes de lecture

Je le regarde, ébahie. Séquestré ?

Ce qu’il dit semble coïncider avec ce que son père essayait de lui avouer avant notre terrible mal de crâne hier, lorsque j’étais encore dans le train.

— Tu te souviens de quelque chose ?

La tête baissée, toujours dans ses mains, il ne répond pas.

— Lucas… On ferait mieux de sortir d’ici pour en parler.

C’est alors qu’il se lève et, d’une voix rauque que je ne reconnais pas, me répond :

— Non. Pas la peine. Ce n’est rien.

Je me lève à mon tour.

— « Rien » ? Mais… comment peux-tu dire…

Je n’ai pas terminé ma phrase qu’il a déjà quitté la salle, sans un regard pour moi. Le temps que je le rejoigne, il est à l’autre bout du hall, près de la sortie. De toute évidence, il ne veut pas de moi pour l’instant.

Mon cœur se serre.

Je croyais… qu’on faisait équipe ? Non. Pas simplement une équipe mais beaucoup plus. Me serais-je trompée ?

Si seulement nous avions regardé un autre film… Tout ce que je voulais, c’était être avec lui. Cependant, cette révélation est un pas en avant pour nos recherches.

Peut-être dois-je accepter sa réaction ? Ce doit-être normal de prendre de la distance après une telle nouvelle, non ? Pourtant, il me voulait près de lui pour l’aider à gérer ses problèmes. Pourquoi ce revirement de situation ?

Totalement perdue, je rassemble de nouveau les informations dont nous disposons et en effet, mises bout à bout, il ne subsiste plus aucun doute : il a été enlevé. Mais, pourquoi alors Lucas vient-il de dire que, finalement, ce n’était rien ? Pour ne pas m’inquiéter ? Ou… pour une autre raison ?

Je frissonne.

Constatant que ma petite soirée avec Lucas est maintenant fichue, je décide de rentrer chez moi. Je n’ai même plus envie de regarder le film, alors que j’ai toujours le ticket d’entrée. Sans Lucas, ce ne sera pas pareil.

Et cerise sur le gâteau, je n’ai même pas eu le temps de lui dire que je l’aime… Une fois chez moi, je capterai sûrement de nouveau ses pensées et nous discuterons comme nous aurions dû le faire.

Je prends le bus, perdue et oscillant entre la tristesse, la nervosité, et l’énervement.

Quand je sors mes clefs pour ouvrir la porte de ma maison, je ressens une présence.

– Lucas ? appelé-je.

Rien. Que du silence, bien que j’ai la certitude de ne pas être seule.

– Lucas… ? tenté-je de nouveau. Tu vas bien ?

Il ne répond toujours pas et je note quelque chose d’étrange. Pourquoi est-ce que je n’entends pas le flot de ses pensées ?

Me revient en mémoire ce rêve où j’avais cette perturbante sensation que Lucas et moi n’étions pas seuls, qu’une tierce personne s’était invitée à notre petit rendez-vous nocturne.

Mes poils se hérissent et je me dépêche d’ouvrir la porte avant de me barricader à l’intérieur.

Ridicule. Tout ceci se passe dans ma tête, fermer la porte ne changera rien.

Soudain, je n’ai pas le temps de me retourner que quelqu’un court vers moi et une masse s’abat sur mes jambes. Je tombe sur le ventre et pousse un cri de terreur pur tandis que je me tords le cou pour regarder derrière moi, horrifiée.

Visiblement content et croyant à un jeu, Jonto aboie à son tour, fouettant l’air de sa queue.

— Rahh ! Tu viens de me faire la peur de ma vie ! ralé-je.

Il me sert son sourire de chien, la langue pendante, et je le regarde avec effarement, la main sur mon petit cœur qui a frôlé la crise cardiaque. Puis je prends un air faussement boudeur.

— Ça ne me fait pas rire. Un jour, tu auras ma mort sur la conscience. Et plus de croquettes, par-dessus le marché !

Il me regarde, toujours la langue dehors. Je me relève difficilement et c’est avec les jambes tremblantes que je m’assois sur le canapé. Je tapote ce dernier pour que Jonto me rejoigne.

Puis je ressens de nouveau un titillement dans mon esprit et je retrouve mon sérieux.

– Je sais que tu es là, je reprends. Qui es-tu ?

Et toi, qui es-tu ? dit une voix grave, profonde, et terriblement calme.

Je sursaute. J’avais raison. Je ne suis pas seule. Je suis bel et bien connectée à un esprit. Un esprit inconnu.

Merde !

Qui je suis ? J’aimerais lui rétorquer : « J’ai demandé en première ! » Mais, ce serait enfantin (bien que vrai !) et pas très intelligent. Je grince des dents. Ne pas entendre ses pensées me donne la désagréable impression d’être au téléphone. Sans savoir ce qu’il ressent… J’espère que cette absence d’information fonctionne dans les deux sens.

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