Montre-moi que tu m’aimes aussi (1/2)

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– Qu’y a-t-il, Rachel ?

– Tu vas bien ? éludé-je.

– Oui. Je m’inquiétais de ne pas t’entendre.

– Je peux te dire que j’aurais préféré ! Avec ce mufle…

– Un mufle ?

– Dis-moi, Lucas. Tu faisais quoi ?

Comment ça ? demande-t-il, perdu dans le méandre de mes pensées.

– Pourquoi être parti, d’un coup ? Tu avais besoin d’être seul ? dis-je précipitamment, avant de souffler pour me calmer. Excuse-moi, reprends-je. Mais, tu vois, tu es parti sans rien dire, et je me demandais ce qu’il s’était passé. Je n’ai pas compris.

Il met quelques secondes à répondre pendant lesquelles ses réflexions sont confuses.

Tout va bien, reprend-il. J’ai eu ce flash, et puis je me suis senti mal. Je devais rentrer.

– Rentrer comme ça ? Sans me dire au revoir ? rétorqué-je, la voix montant dans les aigus. Tu m’as laissée toute seule, ça ne te ressemble pas et je me suis fait du souci pour toi.

Je suis désolé. Pardon, dit-il, piteux. Je ne me suis pas rendu compte. Je crois que j’étais dans un état second…

Je pousse un gros soupir, absolument pas satisfaite, mais je laisse tomber et poursuis :

– Quel flash ? demandé-je en me souvenant qu’il était la cause de sa fuite.

J’ai l’impression de m’être souvenu de quelque chose, mais je ne sais plus quoi. Ça ne devait pas être si important.

Je fais les gros yeux. Un flash qui le pousse à m’abandonner au cinéma après avoir affirmé s’être fait séquestrer. Et ce ne serait pas important ? De nouveau les nerfs en pelote, j’attaque :

– Tu te fous de moi, c’est ça ?!

Rachel, tout va bien, me dit-il d’une voix rassurante.

– Non ! Tout ne va pas bien ! On s’est dit qu’on surmonterait tout, ensemble ! Je ne comprends pas ce qui t’a poussé à partir sans moi.

– Je ne sais pas… je suis désolé.

– Si seulement il n’y avait que ça, répliqué-je, fatiguée et amer.

– Que veux-tu dire ?

– Tu ne m’as jamais dit que tu pouvais parler à un autre garçon, comme avec moi.

– De quoi ? s’exclame-t-il.

– J’ai eu un autre type dans ma tête. Il m’a dit qu’on était trois. Lui, toi et moi !

– Mais non ! Il n’y a que toi, je ne parle avec personne d’autre. Je te l’aurais dit !

– Je ne sais pas… Parfois, j’ai l’impression que tu me caches des choses.

À travers Lucas, je ressens un pincement au cœur. Je lui fais du mal, et moi-même, ça me peine. Mais il y a tant de mystère dans toute cette affaire que je ne sais plus quoi faire.

Écoute, murmure-t-il. Tu as raison, rien ne va. C’est le bordel ! Et moi non plus, je ne comprends plus rien. Mon père me dit que j’ai perdu un an de ma vie, il y a une pseudo ex-prisonnière qui me cherche, je vois des choses étranges, je t’ai dans ma tête… Je suis perdu, voilà, et je n’ai pas de solutions. Alors je suis désolé, vraiment. Mais s’il te plaît, ne me retire pas la confiance que tu me portes. Je crois que je ne le supporterai pas.

Je soupire. Il a raison. Je dois prendre un peu sur moi et le comprendre.

– Je suis désolée, moi aussi, avoué-je. Tout ce que nous vivons est si nouveau. Mais tu as raison, je ne dois pas penser qu’à moi. Nous sommes deux et je dois me mettre à ta place. Si tu me dis que je dois te faire confiance, alors, je ne douterai plus. Mais, s’il te plaît, aide-moi. Partage ce que tu sais.

– Ce que je sais… répète-t-il, les doigts sur les tempes.

– Oui. Cette vision de toi sur ce lit dans une pièce que tu ne connais pas. Maintenant, nous savons que tu as été enlevé. Ce doit être la chambre où tu vivais.

– Oui. Je pense aussi.

– Alors, essaye de visualiser cette chambre.

– OK. Hum…

Il se concentre, puis, après quelques instants, bien que la tâche soit difficile, des souvenirs lui reviennent.

– Un lit d’enfant. Une commode à jouer et un canapé fait de matelas superposés… Mon cœur bat si vite, ajoute-t-il, mal à l’aise.

Il lève sa main pour la placer sur son torse et j’ai moi aussi la sensation de ressentir ses pulsations précipitées contre mes doigts.

– On peut arrêter si tu ne te sens pas bien, proposé-je.

– Non. Je dois savoir. Ça fait plus de dix ans que j’ai tout oublié, il est maintenant temps que je fasse remonter les souvenirs.

Je suis rassurée par sa voix déterminée. Je hoche la tête, de nouveau prête, quand je me remémore l’avertissement de l’individu mystérieux de notre trio :

« Ne lui parle plus de son passé. Tu vas tout faire foirer. »

Je sens Lucas froncer les sourcils.

– Ra…Rachel ? C’était quoi, ça ?

Bien sûr, cette fois, il l’a capté.

– Oui, en effet.

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