Tu as tout gâché ! (1/2)

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Une douleur lancinante me vrille le crane. J’essaye d’ouvrir les yeux, mais je n’y arrive pas, quelque chose m’en empêche. J’ai l’impression qu’une vache est assise sur le haut de mon visage. Je lève un bras, prête à la repousser, seulement, il est retenu au poignet. Je tire le second, rien à faire. Je suis ligotée. J’évalue la situation. Ma tête me fait mal, mes mains sont attachées. Et mes jambes ? Aussi, aux chevilles, constaté-je après avoir essayé de les étendre.

Je jauge mon état. A priori, je suis assise sur une chaise, si j’en crois au dossier que je ressens contre mon dos. Et, en remontant mes cuisses de quelques centimètres, je me rends compte que je n’ai plus mon portable. Habituellement rangé dans mes poches de devant, il me serait rentré dans la peau s’il était encore là.

Merde ! Qu’est-ce qui a bien pu m’arriver ? Je suis ligotée à une chaise ? Moi ? Mais pourquoi ?

Serait-ce Lucas qui souhaite passer à la vitesse supérieure ? Pas moyen, il m’aurait clouée à un lit et je n’aurais pas si mal au crâne. Alors, qui ? Et surtout, pourquoi ?

Je me débats, mais les liens me rentrent dans les poignets et je m’arrête, abasourdie par la douleur.

Prise de panique, j’ai besoin d’une grande goulée d’air, et me rends compte que ma bouche est figée. Du scotch… Je peste intérieurement. Mais là n’est pas le plus important. J’ai besoin de savoir où je suis.

Il n’y a pas de vent et j’ai un peu froid, j’en conclus que je suis à l’intérieur. Une odeur de poussière et une légère humidité me rappellent mon garage. Je tends l’oreille. La première chose que je remarque est le silence de mort uniquement rompu par ma respiration. Rien. Pas de voiture ! Pas de… civilisation ?

Où ai-je bien pu atterrir ? Et pourquoi ?

Une blague ? Une caméra cachée ?

J’essaye de me remémorer ce qui a bien pu se passer.

L’esprit encore embrumé, j’ai un mal fou à faire remonter les souvenirs à la surface.

Les cours ? Lucas… Oui. Je devais voir Lucas. Puis cette main sur ma bouche, avec, un mouchoir ?

Et c’est tout, tout ce dont je me rappelle.

La panique s’insinue en moi et j’ai envie de crier. Mais si je crie, je vais peut-être rameuter mon ravisseur. Car, on m’a enlevé, non ? Si je fais du bruit… ai-je vraiment envie qu’il rapplique ?

Qu’est-ce qu’il m’arrive ? Que va-t-il me faire ?

Je gémis.

Pourquoi moi ? Pourquoi faire ça ? Suis-je la seule ?

– Lucas… Lucas, est-ce que tu m’entends ?

Ma gorge se serre, j’ai peur, j’ai envie de craquer… Rien ne me retient de pleurer et d’appeler ma mère au secours, à part ce scotch et mon nez qui coulerait.

Comment mourir bêtement étouffé par sa propre morve. Je crois que c’est cet instinct de survie basé sur ces éléments ridicules qui me fait tenir bon. Alors je ronge mon frein.

– Lucas ? Dis-moi que tu m’entends !

– Lucas ! Ne me laisse pas tomber, Lucas ! J’ai besoin de toi. Je ne peux pas être seule…

Cependant, il ne répond pas. Est-ce une question de périmètre ? Ou bien est-ce qu’un autre obstacle entre en jeu ?

Je prends une grande inspiration et remets mes neurones en marche.

Si je suis assise sur une chaise, je n’ai donc pas de vache sur le crâne. C’est déjà ça. Je me disais aussi que ça sentait juste la poussière. Alors, m’a-t-on bandé les yeux ? Je pense. Il ne doit donc pas être impossible d’enlever ce truc qui m’empêche de voir. Je fais des grimaces pour gagner quelques centimètres de visibilité. Je dois faire une tête ridicule, mais au bout de plusieurs minutes, j’aperçois… que du noir. En plus de me bander les yeux, je crois qu’il n’y a pas de lumière. Ceci dit, peut-être que je pourrais distinguer deux-trois éléments de la pièce. Je recule ma tête en arrière et le haut de mon crâne rencontre directement le mur… Je soupire, agacée.

Je penche la tête sur le côté, ce qui me permet une vision verticale. Il fait vraiment sombre. Si je pouvais me détacher les mains, tout serait réglé. Enfin, presque.

Y a-t-il un moyen pour que je me libère ? Il faudrait que je casse cette chaise. J’essaye de la palper, mais mes mains liées dans le dos sont trop éloignées des armatures. Tant pis, je dois savoir. Je me contorsionne et la chaise me rentre dans la peau. Je gémis, mais continue, jusqu’à ce que mes mains tendues à l’extrême frôlent l’assise. En bois. Je relâche immédiatement la pression et souffre en silence. Si seulement je pouvais frotter ma peau sensibilisée pour me soulager…

Alors, si la chaise est en bois, je devrais pouvoir la briser. Je commence à m’agiter. Elle grince, mais tient bon.

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