Tu as tout gâché ! (2/2)

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Un bruit me fait sursauter et je me fige. Je tente de calmer ma respiration pour écouter tout ce que je peux. Pas de problème, j’entends très distinctement une porte proche d’ici s’ouvrir avec fracas et se refermer avec autant de brutalité. Bien que j’avais en tête de faire la morte, je me tasse sur moi-même.

Que va-t-il m’arriver ? Est-ce la fin ? Vais-je recevoir une balle dans la tête ?

La lumière s’allume dans la pièce, mes yeux écarquillés le voient en dessous du bandeau.

Quelqu’un marche jusqu’à moi. Je ne reconnais pas s’il s’agit d’un homme, d’une femme, d’un enfant. Quoi qu’il en soit, la personne s’approche. Tellement que je ressens son souffle sur mon visage. Je reconnais un parfum féminin. Tout mon corps se crispe instantanément de terreur. Femme ou homme, dans ma posture, les deux sont dangereux. Surtout que, si je suis ligotée, ce n’est pas pour jouer à la dînette.

À son souffle qui s’éloigne, je saisis qu’elle recule. Soudain, je me prends une gifle de plein fouet. Ma tête va taper le mur et je laisse échapper un gémissement. La douleur est cuisante, mais ma peur est plus importante encore. Est-ce la première d’une longue série ? Vais-je subir mille coups avant de mourir, là, dans cette pièce ?

Surprise de ne pas subir une seconde attaque, j’attends, toujours le corps tendu, les muscles bandés, prêts à en découdre alors que je reste encore et toujours attachée à cette foutue chaise.

Elle se met alors à taper quelque chose. Autre que moi, ce qui me soulage, vu la force des coups donnés. Puis tout s’arrête.

Je l’entends respirer, fort, comme si elle était en colère plus qu’essoufflée. Mais sa respiration ralentit et je crois qu’elle s’intime au calme. Pour ma part, je reste sur le qui-vive.

Au bout de ce qui me paraît une éternité, j’ai presque l’impression qu’elle a disparu tant le silence est sourd.

Quand elle prend la parole, je suis si surprise que je tressaille.

— J’ai toujours essayé d’être une bonne mère. De bien t’élever. Crois bien que j’ai tout fait pour que nous soyons une bonne famille. Mon mari et moi avons vraiment essayé.

À qui parle-t-elle ? À moi ? Qui d’autre ?

Soudain, mon sang se glace. Suis-je vraiment seule avec elle, ou bien, ce qu’elle frappe est vivant ? Alors, pourquoi ne fait-il pas de bruit ? Est-ce quelqu’un d’inconscient ? Pourquoi ai-je l’impression que toute cette histoire est familière ?

J’entends les coups pleuvoir de nouveau et je m’enfonce dans la chaise comme pour disparaître. Elle frappe avec une telle férocité que j’ai peur pour l’objet de sa discorde. Là, quelqu’un est en train de payer. Peut-être que son sang s’écoule jusqu’à mes pieds. J’ai l’impression qu’il se fait cogner juste à côté de moi.

Elle se met à hurler et je tremble, terrorisée.

— Tu as tout gâché !

Tout à coup, quelque chose érafle mon oreille et tape contre le mur juste à côté de ma tête.

Puis la femme s’éloigne d’un coup et sort en trombe de la pièce. La porte claque et je reste tétanisée dans le noir le plus complet.

Car je vis l’expérience la plus effrayante de toute ma vie.

Car son accusation fait écho en moi et révèle la peur que j’éprouve contre moi-même. Tout ceci est de ma faute, comme m’avait prévenu l’inconnu dans ma tête.

Car je crois comprendre ce qui se passe. Il n’y a pas de second obstacle avec la connexion de Lucas. Il est tout simplement trop proche et inconscient pour pouvoir me parler. Ou bien, mort, peut-être ?

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