Le rire de la hyène (2/3)

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Un bruit de pas retient toute mon attention. Je l’entends très clairement. J’ai appris à la connaître par cœur, la démarche de mon bourreau.

Je passe la langue sur ma gencive où il me manque maintenant une dent, stressée. Mes tremblements faibles reprennent. Et elle entre, comme elle sait si bien faire, de manière fracassante. La porte claque, je ne sursaute même plus. De toute façon, je suis trop épuisée pour réagir à ce que je connais par cœur.

Mon bol de soupe d’hier repose par terre, mais il n’est pas l’heure de manger. Non, il est l’heure de souffrir.

Elle n’a pas encore fait glisser la lame de son couteau que je me déconnecte de la réalité.

Je vois Lucas. Lucas.

Lucas.

Lucas qui m’appelle Poupée.

Lucas qui m’embrasse.

Lucas qui me sourit.

Lucas qui hurle !

Je tressaute et retourne brutalement à la réalité.

— Alors quoi ? reprend la femme. Aujourd’hui, tu ne me supplies pas ? Demande-moi de te libérer ! crie-t-elle avant de se mettre à rire.

Ce son, celui de mes pires cauchemars.

Le rire de la hyène. Le rire de la femme.

Elle élance son bras qui s’abat sur mon ventre et l’air s’expulse violemment de mes poumons. Les fils qui retiennent mes plaies fermées tirent instantanément ma peau et le peu qui avait cicatrisé se rouvre. Du sang coule.

— Réagis ! aboie ma geôlière près de mon oreille, si fort que mon tympan se met à siffler.

Son visage à quelques centimètres du mien, elle guette mes réactions inexistantes. Je ne lui donnerai plus ce plaisir. Si j’en suis dépossédée, alors elle aussi.

Elle se redresse, le regard froid. Je la suis de mes yeux ternes.

— Si tu ne m’amuses plus, je ne vois aucune raison à ce que tu m’encombres plus longtemps. Je devrais m’estimer heureuse que tu aies survécu autant. Mais je vois bien que tu commences à être malade. Tout va aller très vite et je ne tiens pas à ce que tu me files la crève.

Mon cœur se met à battre à tout rompre dans ma poitrine. Alors, ça y est, je vais enfin mourir ? Ne plus souffrir ?

— Mais avant, reprend-elle. Je vais me défouler un dernier coup. À la tempe, il paraît que c’est douloureux, m’apprend-elle tandis qu’elle enfile ses gants de boxe.

Je note qu’elle a posé son couteau en le voyant traîner un peu plus loin, sur un carton qui lui sert de table.

Je n’ai pas le temps de réfléchir davantage qu’elle élance son poing sur mon visage. Ma chaise et moi tombons sur le côté.

La seule chose à laquelle je pense avant de sombrer dans l’inconscient est qu’elle a raté ladite tempe, mais pas la pommette.

Ma tête est lourde et me fait mal.

C’est comme dans un rêve que je vois la chaise par terre, vide et souillée, où je suis restée assise pendant des jours. Je n’y suis plus attachée, par je ne sais qu’elle miracle. Mais pourquoi ? Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? Où est la femme ?

Je jette un regard vaseux autour de moi. Elle est là. Je l’entends échapper un rire fou. Mais nous ne sommes plus seules.

Lucas. Debout. Qui me tourne le dos. Juste devant moi.

Il ne m’a finalement pas abandonné.

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