Vous me croyez ? (2/2)

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— Alors c’est moi ? C’est moi qui l’ai poignardée ? Comment ai-je pu la tuer ? Je ne m’en souviens même pas !

Il regarde ses parents avec confusion.

— Comment ai-je pu la tuer ? répète-t-il.

— C’était pour te défendre, Lucas, assure sa mère. C’était pour ton bien ! Après ce qu’il t’est arrivé, j’aurais fait la même chose !

— Et si nous t’avions retrouvé, je n’aurais pas hésité également, ajoute son père d’une voix grave d’où grondait la colère.

De nouveau, un silence plane. Les gendarmes restent à leur place, discrets.

Alors comme ça, ses parents l’aimaient, quand bien même ils étaient au courant de son meurtre. Peut-être accepteraient-ils également son don ? Mais…

— J’ai peur, avoue-t-il.

— À quel propos ? demande Lionel.

— Je ne veux pas que vous me preniez pour un fou…

— Quoi que tu nous dises, nous te croirons, répond sa mère.

— Je suis sérieux. Je ne veux pas que vous me preniez pour un fou.

— Lucas, quand bien même ce serait le cas, nous ne te laisserons pas tomber, murmure son père.

— Nous voulons simplement t’aider, ajoute sa mère.

Lucas lève les yeux vers les deux gendarmes. Le chef le devance :

— Nous aimerions rester. Nous ne jugeons pas, ce n’est pas notre travail, et chacune des informations pourrait nous aider dans l’enquête.

Il regarde ses parents qui l’incitent à parler, d’un hochement de tête. Alors, il se lance.

— J’ai un don. Ça ne fait pas très longtemps, et il ne marche qu’avec une personne. Nous ne savons pas comment c’est arrivé, mais…

— Oui, l’invite sa mère à poursuivre.

Il hésite, mais a confiance en l’amour de ses parents. Alors il prend son courage à deux mains.

— J’entends les pensées de Rachel. Et elle entend les miennes.

— Tu veux dire que tu entends les pensées de Rachel dans ta tête ? s’enquit Christine.

— Oui, mais seulement avec elle. Et ça n’arrive pas lorsque nous sommes trop proches l’un de l’autre. Enfin, c’est ce que nous pensons.

Troublé, son père lui tapote l’épaule en guise de soutien, mais ses yeux sont voilés. Lucas n’ose alors pas regarder sa mère, de peur d’y voir la même chose.

— Vous me prenez pour un fou, maintenant ?

— Non ! dit sa mère, précipitamment. Nous sommes juste surpris.

— Vous me croyez ?

— Je pense que, vu les conditions, ce n’est pas une blague que tu nous fais. Alors oui, je te crois, rassure son père.

Lucas tente un coup d’œil vers sa mère, et celle-ci hoche la tête également.

— Sais-tu autre chose ? le pousse gentiment Lionel.

— Je l’ai vue. Elle existe. Nous nous sommes rencontrés un week-end, puis nous nous sommes revus le lundi, et encore une autre fois. Mais à chaque fois, je n’entends plus ses pensées. Lorsque nous nous quittons, sa voix revient. Et… je crois qu’elle entendait quelqu’un d’autre encore.

Lucas regarde vers les gendarmes qui griffonnent dans leur carnet.

— C’est pour ça que je suis inquiet, murmure-t-il, la voix brisée. Je ne l’entends plus. Je sais qu’elle est avec moi, mais elle est comme effacée, distante. J’ai peur pour elle.

Lionel et Christine accueillent cette déclaration sans broncher. Les gendarmes, par contre, relèvent la tête de leur calepin et demandent :

— Depuis quand ce phénomène dure-t-il ?

— Un peu plus d’un mois.

— Merci pour ta coopération mon garçon, dit le major. Monsieur, Madame, pouvons-nous parler un instant ? propose-t-il en montrant la porte de la tête.

Ils se lèvent, mal assurés.

Christine sort en jetant un dernier coup d’œil à Lucas. Puis les deux gendarmes passent la porte et referment derrière eux.

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