Un dernier verre

Image de couverture de Un dernier verre

Quand on s'ennuit c'est que l'on est tranquille.

Ça parait con dit comme ça mais c'est bien vrai, vous imaginez pas comment je suis heureux de me faire chier comme le dernier homme sur Terre. Avachi au fond de ce fauteuil miteux matelassé du café de la dix-neuvième au croisement d'Harley Street ; la femme du barman nettoyant mollement un verre, la main entièrement enfoncée dans l'orifice de manière si obscène ; la fumée suspendue dans l'air, la cendre quittant le mégot après un geste habile ; la fléchette si proche d'atteindre son but, de toucher le mille, mon whisky s'écoulant au fond de ma gorge, âpre et sirupeux.. Encore un tonneau du vieux Willy, toujours à foutre tout et n'importe quoi dans son alambique.
Dans cet instant figé, la main en l'air, d'autre gorges déployée, d'autres encore balladant leur regard indolent, et moi, moi qui pense et qui attend que ça se passe priant pour que tout se fige.

Rien à foutre de tout ce bordel dehors, je n'ai rien à faire et je compte bien n'en avoir rien à faire.

Je suis là, à penser que je devrais prendre le temps de pas y penser.

Je vous jure, tellement de tranquilité, ça vous tuerait à vous donner le bon Dieu sans concession.

Comment ça ce que je dis n'a aucun sens ? Qu'est ce que t'en as à foutre ? C'est pas comme si ça allait changer quoi que ce soit, il se passe rien. D'ailleurs se passe t-il quelque chose tout cours un jour de la vie d'un homme ?

Je suis là j'attend. Je souffle, je respire, je m'impreigne de tous les miasmes à plein poumon. Quel pied que de pouvoir crever de rien d'autre que de rien.

Je regarde droit devant moi en me servant ma rasade, y a toujours cette brunette discrète qui passe derrière moi dans la rue, merci le mirroir. Elle passe là tous les jours selon les potes et bien moi elle me laisse pas indifférent chaque jours que je la vois. Mais aujourd'hui c'est congé. T'façon je suis trop imbibé, si je lui propose une clope je vais m'enflammer et pas au sens figuré !
Je suis là depuis combien de temps déjà ? J'bois pour oublier, oublier que j'attend, j'attend d'oublier, pour oublier que j'bois. On peut dire que je suis ivre d'attente ?

Oh là, je pense que je suis trop loin à penser.

Toute façon je suis las d'attendre.

Sers m'en un dernier, pour la route.

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Cigare, whisky, fléchetteChapitre3 messages | 6 ans

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