Adoube-moi...

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Arthur

-    Il est parti comme il est venu... dans un grand tumulte....

Key

-    Oui sir, ce valet provoque beaucoup d'agitations. Toutefois, il a laissé le cadavre et son armure.

-    Ah oui on l'avait oublié celui-là … Trudiou qu'est-ce qu'il fouette le Vermeil !

-    Effectivement Sir... il faut l'évacuer

-    C'est à Percheval de le faire, qu'on aille chercher cet étourdi !...

-    Sir, ça ne va pas être facile...

-    Et pourquoi Monsieur mon Sénéchal ?

-    Mais parce qu'il se trouve maintenant loin d'ici, le destrier vexé dans son amour propre est parti pour une course d'au moins 6 lieues sans aucun arrêt.

-    Ah ! Eh bien au moins, nous ne sommes pas prêts d'être importuné par ce gourgandoy …

-    Donc il faut évacuer la dépouille de Vermeil nous même Sir. Doit-on lui faire une sépulture ? On ne peut décemment le laisser pourrir comme ça au grand air...

-    Key ! Vous n'y pensez pas… après l’affront fait à ma personne et à la reine, il ne mérite pas d'être enseveli sur mes terres...

 

Bruits de pas et d'essoufflements dans l'escalier... Perceval apparaît ruisselant, le visage enduit de vase, une feuille de nénuphar sur la tête.

 

Arthur

-    Flutesantrou et Cordechiasse, revoilà notre grand benêt... Oh mais il a reçu une bonne trempe on dirait !...

Perceval à bout de souffle

-    Arthur adoube-moi !

-    Eh Foutriquet ! On commence  d'abord par saluer son roi et quand on a une demande à faire on ajoute s'il vous plaît...

-    Salut Arthur... adoube-moi s'il te plaît...

Arthur s'agrippe à son trône pour ne pas s'emporter. Il fronce les sourcils au point qu'on ne voit plus ses paupières et que sa moustache lui rentre en partie dans les narines dilatées.  S'étant un peu levé, il lâche un pet monstrueux... silence … on entendrait une mouche voler... enfin, c'est une expression... parce que les mouches dans l'environnement, elles étaient nombreuses, vous imaginez sans difficulté pourquoi, et bien, elles sont maintenant toutes à terre, asphyxiées par le terrible vent émis par le roi.

-    Cornebouillasse qu'est-ce que ça fait du bien ! ...

-    Je vous crois mon bon roi... ça ce n'est pas un pet de nonne, mais un pet royal... ah l'odeur est sublime, inoubliable, majes...tueuse, c'est ça : tueuse.... jeheeeh !

-    Bon Percheval cesse tes compliments à la …

-    Perceval sans « H » sire ! Vous avez encore oublié...

-    Raaaahhh… - exaspéré, Arthur se ravise aussitôt et, tout doux  : Bon,  Perceval tu veux que je t'adoube chevalier, c'est bien beau cela, mais moi je vois que tu n'es pas prêt...

-    Comment ça pas prêt !... mais je n'attends que ça...

-    Dans cette tenue ?

-    Quoi ? Qu'est-ce qu'elle a ma tenue ?...

-     Mais Perceh... Perceval, t'es tout cradingue et tu pues horriblement, on dirait que t'as pris un bain dans les douves du château et puis tu n'as plus de cheval...

-    Ah le cheval sir, parlons-en, il m'a joué un vilain tour… on fonçait droit devant, lui et moi quand, soudain, j'ai vu cette mare... alors je lui crie : "contourne la mare idiot !" … eh bien, ce putain de destrier, lui, il a poursuivi tout droit, au grand galop et, au bord de l'étang, a freiné des quatre fers brusquement, si bien que me voilà parti dans les airs avant de plonger dans cette fange marécageuse et lui, ce connard de destrier, il est reparti par la gauche, il a bien contourné la mare mais sans moi…

Arthur part dans un grand éclat de rire, se tape sur les cuisses à plusieurs reprises et libère un nouveau vent...

Key

-    Perceval tu as agi comme un gros sot, on ne crie pas après son cheval ; pour qu'il obéisse, il faut lui parler doucement à l'oreille..

-    Ah oui comme vous avez fait, maréchal… j'avais oublié voyez-vous... 

Arthur - qui a du mal à réprimer son fou-rire -

-    Eh bien voilà, t'as perdu ton cheval  Perch... Perceval...

-    Bah oui … mais ... alors tu ne peux pas m'adouber

-    Eh bien non, mon brave, un chevalier sans cheval ce n'est plus un chevalier...

-    Ah que c'est navrant !...

-   (ravi) N'est-ce pas...  

 

Bruit de sabots dans l'escalier du donjon … apparaît le destrier noir… profond hennissement...

Perceval ému

-    Ah le revoilà mon gros bidet intrépide… - regard acerbe du destrier à l'attention de Perceval -  C'est parfait, alors comme ça, maintenant que le cheval est revenu, Arthur, tu vas pouvoir m'adouber...

-    Ah non ! Tu ne vas pas recommencer avec tes caprices de jouvencelle, dis, mon petit Perceval !... Un peu de patience... on ne devient pas chevalier comme ça, à la sauvette...

-    A la sauvette ! T'en a de bonnes, Arthur... à la sauvette !… Qui c'est qui se sauve, hein ?... Le cheval en premier et puis toi, le roi qui se débine au moment où l'on a le plus besoin de ses services...

-    Troncsanstorse et Corcetdebois, Perceval ça suffit je ne t'adouberai pas maintenant et tu n'insistes plus …

-    Quand alors ?

-    Quand ça sera le moment

-    Et quand ce sera le moment ?

-    Quand je l'aurai décidé.

-    Ça va demander du temps ?

-    Le temps qu'il faut...

-    T'es long à te décider... c'est ça ! T'es un roi hésitant... un roi mou... un roi fainéant... un roi...

-    OHOHOH !... Drakarapied et Wikingsec ! Key vire le, le Percheval... y me gave avec ses jérémiades !...

-    Sire ça ne va pas être possible !

-    Et pourquoi, mon bon Sénéchal ?

-    Parce que voyez-le, il vient de tomber brusquement à terre, pris de convulsions, et il bave pire qu'un crapaud …

-    Qu'est qui lui arrive tout à coup à notre freluquet ?...

-    Il fait une crise d'épilepsie

-    Hein ! Une crise d'ineptie plutôt...

-    Non sire, c'est bien plus grave, voyez ses yeux révulsés...

-    Qu'est-ce qu'il faut faire ?... Au secours !... Au secours !...

-    Sire, ne gueulez pas si fort, il n'entend rien... attendez je vais essayer quelque chose.

Key s'approche de Perceval en transes et se penche à son oreille. L'effet est miraculeux. Le jouvenceau se redresse aussitôt ; il est comme sidéré et sourit béatement à son entourage...

 

Arthur

-    Mais Key, qu'est-ce que vous lui avez dit, à lui, pour qu'il sorte aussi subitement de sa crise ?...

-    Rien sire, rien...

-    Rien ! Mais alors pourquoi s'est-il réveillé comme ça brusquement ?...

-    Ah sire, c'est de la psychosomatique délirante...

-    De la psycho... quoi !

-    Cherchez pas Sire, c'est très complexe, voyez-vous... en fait, Perceval s'attendait vivement à ce que je lui dise quelque chose... et comme je ne lui ai absolument rien dit, ce fut un choc énorme pour lui… alors, ça a suffit pour le sortir de sa crise…

-    Ah bon ! Qu'est-ce qu'il est bête ce garçon !...

-    Oui Sire… c'est rien de le dire...

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