Chapitre 7 - Spectacle et Chaos

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"OYEZ, OYEZ, BANDES DE GUEUX FORTUNÉS !"

Un homme bedonnant bondit sur scène avec une agilité surprenante. Sa robe, qui avait connu des jours meilleurs, était parsemée de ce qui ressemblait à de la poussière de cristal. Sa barbe, teinte en bleu, lui donnait l'air d'avoir mangé un cristal d'Odre.

"Je suis Maître Cornelius, conteur de vérités approximatives, révélateur de secrets publics, et occasionnellement, vendeur de toniques contre la calvitie -- qui ne fonctionnent pas mais qui sentent bon !"

Des rires dans la foule. L'homme savait capter l'attention.

"Aujourd'hui, mes agneaux, nous allons vous raconter la VRAIE histoire du monde ! Enfin, aussi vraie que celle que racontent les autorités, c'est-à-dire mensongère à souhait mais divertissante !"

Un garde près de la scène fronça les sourcils mais ne bougea pas. Tant que ça reste de l'humour, comprit Erian.

"Commençons par le commencement ! L'ODRE !" Cornelius agita les bras, faisant scintiller la poussière de cristal sur sa robe. "Cette merveilleuse substance qui transforme votre belle-mère en statue -- amélioration notable -- et fait exploser les latrines publiques -- nettement moins pratique !"

La foule rit. Même les plus tendus se déridaient.

"Les érudits vous diront que l'Odre est une force primordiale. Les prêtres, que c'est la volonté divine. Les Khaorns..." -- pause théâtrale -- "Les Khaorns vous vendront un marteau pour taper dessus jusqu'à ce que ça marche !"

Plusieurs Khaorns dans la foule rirent de bon cœur.

"Mais la VÉRITÉ, mes amis, c'est que l'Odre... c'est les restes d'une fête divine qui a mal tourné ! Les dieux ont trop bu, ont vomi sur le monde, et POUF ! Cristallisation cosmique de gueule de bois !"

Un enfant cria : "C'est pas vrai !"

"Bien sûr que non !" répondit Cornelius. "Mais c'est plus drôle que 'force métaphysique d'équilibrage entropique', non ?"

Deux autres comédiens montèrent sur scène -- une femme avec des ailes en papier mâché censées représenter une Élyrienne, et un homme avec une fausse barbe de Khaorn faite de corde effilochée.

"Regardez l'histoire de nos peuples !" continua Cornelius. "Les Élyriens !" -- il pointa la femme -- "Qui vivent dans les nuages parce qu'ils trouvent que la terre, c'est surfait !"

"Nous préférons dire que nous avons une perspective élevée," dit la fausse Élyrienne avec un accent snob exagéré.

"Une perspective élevée pour mieux nous chier dessus !" rétorqua le faux Khaorn.

L'Élyrien près du pilier eut un sourire amer mais ne sembla pas offensé.

"Et les Khaorns !" Cornelius se tourna vers l'homme à la fausse barbe. "Qui peuvent forger n'importe quoi sauf une conversation intéressante !"

"Nous préférons les actions aux paroles," grogna le faux Khaorn.

"C'est pour ça que votre poésie consiste à frapper du métal en rythmique !"

Les rires continuaient, mais Cornelius changea soudainement de ton, devenant faussement conspirateur.

"Mais parlons de choses SÉRIEUSES !" chuchota-t-il théâtralement, forçant la foule à se pencher. "Savez-vous qu'il existe des royaumes où l'on COLLECTIONNE les gens sensibles à l'Odre ?"

Il fit une pause dramatique.

"Le Royaume de Valthyris, par exemple !"

Erian ne connaissait pas ce nom, mais quelque chose dans la façon dont Cornelius le prononçait suggérait que ce n'était pas entièrement inventé.

"À Valthyris," continua Cornelius en reprenant son ton grandiloquent, "les nobles épousent les jeunes filles qui font briller les cristaux comme d'autres collectionnent les papillons rares ! Pin ! Épinglées dans une collection !"

Il mima quelqu'un qui épingle un papillon, puis prit une voix de jeune fille : "Oh, mon prince, je peux faire danser l'Odre !" Puis une voix grave : "Parfait ! Tu épouseras mon troisième fils, celui qui louche et qui sent le chou !"

La foule rit, mais certains échangèrent des regards. Des rumeurs circulaient sur des disparitions étranges.

"Mais attendez !" Cornelius leva les bras. "L'histoire devient VRAIMENT intéressante ! Car voyez-vous, partout dans le monde, des choses ANCIENNES se réveillent !"

Il baissa la voix, créant une atmosphère de mystère.

"Des ruines oubliées révèlent leurs secrets. Des mécanismes anciens se remettent en marche. Des gardiens de pierre ouvrent les yeux après des siècles de sommeil !"

La foule était captivée maintenant, même les sceptiques.

"On raconte," -- sa voix n'était plus qu'un murmure théâtral -- "qu'à trois jours au nord, les Ruines de Ker'Mordhan cachent des merveilles de l'Ère Ancestrale. Des archives cristallines contenant le savoir perdu ! Des salles où l'Odre danse encore selon les anciens rythmes !"

Ker'Mordhan, mémorisa Erian. Trois jours au nord.

"Mais ATTENTION !" Cornelius cria soudainement, faisant sursauter la foule. "Car ces ruines sont GARDÉES ! Par quoi ? Mystère ! Les uns disent des golems de cristal ! Les autres, des pièges magiques ! Certains parlent même de..." -- pause dramatique -- "LA BIBLIOTHÉCAIRE FANTÔME QUI VOUS FAIT PAYER LES AMENDES DE RETARD AVEC VOTRE ÂME !"

La tension se brisa dans les rires.

"Personnellement," ajouta Cornelius avec un clin d'œil, "je pense que c'est juste le concierge qui a oublié de partir. Huit cents ans qu'il nettoie, le pauvre !"

"Mais soyons sérieux un instant," dit Cornelius, et étrangement, il semblait vraiment sérieux cette fois. "Notre monde change. L'Odre devient plus fort, plus imprévisible. Des villages disparaissent. Des gens se transforment. Et nous ?"

Il regarda la foule.

"Nous, on fait des blagues ! Parce que c'est ça ou pleurer ! Alors autant rire, non ?"

Il se redressa, retrouvant son énergie comique.

"D'ailleurs, en parlant de transformation, vous savez ce qui s'est transformé récemment ? Le prix de mes toniques miracles ! Maintenant à seulement..."

C'est à ce moment que le cristal d'éclairage près de la scène commença à vibrer. Un bourdonnement sourd, presque imperceptible d'abord.

"Euh..." Cornelius perdit son personnage. "Ce n'est pas prévu ça..."

Le cristal pulsa. Une fois. Deux fois.

Puis il explosa.

Pas violemment -- plutôt comme une bulle de savon qui éclate en libérant de la lumière pure. Des filaments d'énergie bleue-verte se répandirent dans l'air, créant des motifs hypnotiques mais inquiétants.

"INSTABILITÉ D'ODRE !" cria quelqu'un.

La panique fut immédiate. La foule se dispersa dans toutes les directions, parents attrapant leurs enfants, marchands abandonnant leurs étals.

Erian fut bousculé, presque renversé. Il cherchait une sortie quand il aperçut une femme aux cheveux noirs qui luttait contre la foule paniquée. Elle semblait observer les environs avec le même regard tactique que lui - pas une simple spectatrice prise au piège, mais quelqu'un qui évaluait la situation. Quand elle trébucha, poussée par un homme qui fuyait, elle tomba durement, sa cheville se tordant sous elle.

Sans réfléchir -- Kael l'aurait engueulé -- Erian plongea pour l'aider.

"Je peux me débrouiller !" siffla-t-elle, mais elle grimaça en essayant de se lever.

"Par ici !"

Une voix claire s'éleva au-dessus du chaos. Erian leva les yeux et découvrit un Élyrien - le deuxième qu'il voyait d'aussi près - ses ailes à moitié déployées pour créer un espace dans la foule. L'être ailé indiquait une ruelle adjacente, et quelque chose dans son assurance suggérait qu'il connaissait ce genre de situation.

Ils n'avaient pas le choix. Les gardes convergeaient, cherchant des responsables, des suspects, n'importe qui à blâmer. La femme s'appuya sur Erian malgré ses protestations, et ils suivirent l'Élyrien dans la ruelle.

Ils aboutirent dans une petite cour intérieure, haletants. L'Élyrien referma la porte derrière eux et y appuya son dos, écoutant.

"Les gardes passent," murmura-t-il. "On attend."

La femme s'assit sur une caisse, examinant sa cheville. "Ce n'était pas naturel. Les cristaux d'éclairage sont stables. Quelqu'un a provoqué ça."

"Pourquoi ?" demanda Erian.

Elle haussa les épaules. "Diversion ? Test ? Accident ? Va savoir."

Un silence inconfortable s'installa. Trois inconnus forcés par les circonstances à partager un espace.

"Merci," dit finalement la femme à contrecœur. "Pour l'aide."

"On fait ce qu'on peut," répondit Erian.

L'Élyrien les observait, ses yeux dorés impossibles à lire. "Vous n'êtes pas d'ici."

Ce n'était pas une question.

"Toi non plus," rétorqua la femme.

"Évident," dit-il en montrant ses ailes. "Les miens ne traînent pas dans les villes terrestres sans raison."

Nouveau silence.

"Les gardes vont fouiller le quartier," dit Erian. "On devrait bouger."

"On ?" La femme haussa un sourcil.

"Tu peux marcher seule avec cette cheville ?"

Elle essaya de se lever, grimaça. "Point marqué."

"J'ai une chambre louée pas loin," dit l'Élyrien après un moment d'hésitation. "Le temps que ça se calme. Après, chacun son chemin."

Ils se regardèrent. Trois étrangers, sans raison de se faire confiance, mais avec une bonne raison de ne pas rester là.

"D'accord," dit la femme. "Mais je garde mes lames."

"Je ne vole pas en intérieur de toute façon," répondit l'Élyrien avec un humour sec.

"Allons-y avant que les gardes reviennent."

Ils quittèrent la cour, trois inconnus liés temporairement par la nécessité. Le fragment d'Erian pulsait doucement contre sa poitrine, comme s'il réagissait à quelque chose d'invisible. Mais ce n'était probablement que l'Odre résiduel dans l'air.

Probablement.

Trois jours s'écoulèrent dans une étrange routine.

Erian avait repris ses habitudes d'observation, mais Brassemont lui semblait différente maintenant. Plus tendue. Les gardes patrouillaient en groupes plus larges, inspectant les cristaux d'éclairage avec une nervosité palpable. L'incident de la place n'était pas le premier, apparemment. Juste le plus public.

Le fragment dans sa poche restait tiède en permanence -- signe que l'Odre résiduel de l'explosion flottait encore dans l'air de la ville. Ou peut-être que Brassemont elle-même en était saturée. Difficile à dire.

Il évitait la place centrale. Pas par peur, mais par prudence. Kael lui avait appris ça : "Ne retourne jamais sur les lieux d'un incident. Les autorités ont la mémoire longue et l'habitude de chercher des coupables."

Au lieu de ça, il passait ses journées à la bibliothèque municipale.

Le bâtiment était vieux, coincé entre une forge et un entrepôt de grains. Pas grand, pas impressionnant, mais il contenait ce qu'Erian cherchait : des cartes et des registres de la région nord.

Le bibliothécaire, un vieil homme voûté qui semblait faire partie du mobilier, l'avait regardé avec suspicion le premier jour.

"Les archives sur les ruines du nord sont dans la section interdite."

"Interdite ?"

"Interdite aux non-résidents. Trop de pillards qui cherchent des trésors. Le conseil municipal en a eu assez."

Erian avait dû payer une "taxe de consultation" -- extorsion déguisée -- mais au moins il avait accès aux documents.

C'est là, le deuxième jour, penché sur une carte annotée de la région de Ker'Mordhan, qu'il entendit une voix familière.

"Ces cartes sont obsolètes. La moitié des chemins marqués n'existent plus."

Il leva les yeux. La femme aux cheveux noirs -- celle qu'il avait aidée pendant l'incident -- se tenait de l'autre côté de la table. Sa cheville semblait aller mieux ; elle ne boitait presque plus.

"On se connaît ?" demanda-t-elle, feignant l'ignorance.

"La place. L'explosion."

"Ah." Elle examina la carte qu'il consultait. "Ker'Mordhan. Pourquoi ça ne m'étonne pas."

"Pardon ?"

Elle tira une chaise et s'assit sans invitation. De près, Erian remarqua des détails qu'il avait manqués : des cicatrices fines sur ses mains, la façon dont elle positionnait sa chaise pour voir la porte, le léger renflement sous sa veste qui trahissait une lame.

"Tout le monde cherche Ker'Mordhan ces temps-ci. Depuis que ce bouffon l'a mentionné dans son spectacle."

"Vous y allez ?"

Elle haussa les épaules. "Peut-être. Les ruines anciennes, c'est mon domaine. Et toi ? Tu as une tête de fermier, pas d'explorateur."

Erian faillit mentir, puis se souvint d'un autre conseil de Kael : "Un demi-mensonge vaut mieux qu'un mensonge complet."

"Je cherche des réponses sur l'Odre. Mon village... il a eu des problèmes."

"Comme la moitié du pays." Son ton était neutre, ni sympathique ni hostile. "Mira, au fait."

"Erian."

Elle se leva. "Un conseil : si tu comptes vraiment y aller, évite la route principale. Les autorités ont mis des barrages. Ils confisquent tout ce qui ressemble à du matériel de fouille."

"Pourquoi me dire ça ?"

"Considère ça comme un remboursement. Pour l'autre jour."

Elle partit sans attendre de réponse.

Le lendemain, Erian la retrouva dans la même section, étudiant un registre différent. Cette fois, quelqu'un d'autre était là aussi.

L'Élyrien de l'incident.

Il était assis dans un coin, un livre ancien ouvert devant lui. Ses ailes repliées frémissaient occasionnellement, comme s'il oubliait qu'elles ne pouvaient plus le porter. La lumière filtrant par la fenêtre révélait mieux l'étendue des dégâts : la membrane de l'aile gauche était traversée de cicatrices qui formaient presque un motif -- trop régulier pour être accidentel.

Mutilation, réalisa Erian. Pas un accident.

L'Élyrien leva les yeux de son livre et croisa son regard. Un moment de reconnaissance mutuelle passa entre eux.

"Les coïncidences s'accumulent," dit-il d'une voix douce mais distante. Son accent donnait une musicalité étrange au langage commun.

"On dirait," répondit Erian.

Mira, qui avait observé l'échange, ferma son registre avec un soupir agacé.

"Arrêtons de jouer. On cherche tous les trois la même chose. Ker'Mordhan."

"Présomption," dit l'Élyrien sans lever les yeux de son livre.

"Observation," contra Mira. "Tu lis les Chroniques des Observatoires Perdus. Lui consulte les cartes du nord. Moi j'étudie les rapports d'expéditions passées. Ker'Mordhan est le seul site qui recoupe ces trois recherches."

L'Élyrien la regarda avec un intérêt nouveau. "Perspicace."

"Pragmatique," corrigea-t-elle. "La question est : on continue à se tourner autour ou on admet qu'on a intérêt à voyager ensemble ?"

"Je voyage seul," dit l'Élyrien.

"Moi aussi," ajouta Mira. "Mais la route vers Ker'Mordhan traverse le Bois des Murmures. Les derniers voyageurs solitaires qu'on y a vus sont revenus en morceaux. Littéralement."

Erian intervint : "Qu'est-ce qui se passe dans ce bois ?"

"Mutations," répondit l'Élyrien, tournant une page de son livre. "L'Odre y est instable depuis des mois. La faune locale... s'adapte."

"S'adapte," répéta Mira avec un rire sans joie. "Jolie façon de dire que les loups ont trois têtes et que les ours crachent de l'acide."

Un silence s'installa. Chacun pesait les options.

"Je ne propose pas qu'on devienne amis," dit finalement Mira. "Juste qu'on augmente nos chances de survie. Jusqu'aux ruines. Après, chacun reprend sa route."

"Et qu'est-ce qui nous dit qu'on peut te faire confiance ?" demanda l'Élyrien.

"Rien," admit-elle. "Mais c'est réciproque. Au moins, on sait tous qu'on ne peut pas se faire confiance. C'est plus honnête que de prétendre le contraire."

L'Élyrien eut un sourire -- le premier qu'Erian lui voyait. Un sourire amer, mais un sourire quand même.

"Kieran," dit-il simplement.

"Mira."

"Erian."

"Bien," dit Mira en se levant. "On part après-demain à l'aube. Porte nord. Venez équipés et discrets. Et si l'un de vous me fait faux bond, les deux autres partent quand même."

Elle quitta la bibliothèque sans se retourner.

Kieran rangea son livre avec soin. "Elle a du caractère."

"C'est une façon de le dire," répondit Erian.

"Tu devrais savoir," dit Kieran en se levant, ses ailes frémissant, "que mes raisons pour aller à Ker'Mordhan sont... académiques. Je cherche du savoir, pas des ennuis."

"Moi je cherche des réponses."

"Et elle cherche probablement un profit." Kieran ajusta sa cape pour mieux couvrir ses ailes. "Trois objectifs différents. C'est peut-être mieux ainsi. Moins de risques de conflits d'intérêts."

Il partit à son tour, laissant Erian seul avec ses cartes.

Trois étrangers, trois buts, une destination, pensa-t-il. Qu'est-ce qui pourrait mal tourner ?

La veille du départ, Erian acheta des provisions avec ses dernières économies. Rations sèches, outre d'eau, corde -- les bases que Kael lui avait enseignées. Son épée était affûtée, son paquetage réparé. Il était aussi prêt qu'il pouvait l'être.

Le soir, allongé dans sa chambre d'auberge, il sortit le fragment. Les symboles pulsaient doucement dans la pénombre, presque hypnotiques. La chaleur de l'objet s'était stabilisée -- tiède constant, comme s'il s'était habitué à l'Odre ambiant de Brassemont.

Serra, pensa-t-il. J'arrive. D'une façon ou d'une autre, je trouve des réponses et je te retrouve.

Il s'endormit le fragment serré dans sa main.

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