13

Ça y est le terrain se dégage. Les pièces avancent à découvert, une bande de flicards qui jouent aux trafiquants. Alien/Monique et son business, qui cache Lefloch et la beuh. Moi et Briac au milieu. Il est temps de revenir dans la partie. Le but premier : survivre. Le second : tirer les marrons du feu. Numéro d’équilibriste, jouer entre les différentes factions, tout envoyer bouler au moment opportun.

Le mail de Briac arrive dans la foulée. Je réduis mon paquetage au minimum, cash, carnet, téléphones, doigt, grimoires, matériel de surveillance et la meilleure bouteille de ma collection.

Je contemple mon appartement une dernière fois, j’ai l’impression que je n’y reviendrai pas. Les papiers et les bouteilles sont étalés à tout va, à même le sol, les mégots en infestent chaque recoin, la vaisselle pourrissante est laissée à l’abandon, la poussière et la cendre le recouvrent d’un voile gris. J’ai une soudaine envie de ménage qui me tire un sourire, le premier depuis… Je l’oublie avec le reste, je laisse cette merde derrière moi, en claquant la porte. Sentiment grisant alors que je parcours les rues de Saint Brieuc, l’impression de tourner la page et enfin, d’aller de l’avant. Malgré les lendemains incertains qui se profilent, je savoure la paix qui m’envahit. Je sais qu’elle sera brève, ce qui la rend d’autant plus précieuse. La parole de Vic ne vaut rien, je donne le change dans les rues piétonnes : elles sont quasi vides à cette heure et personne ne me colle au derche. Direction la gare, puis le TER en direction de Brest. Je descends à Morlaix et marche jusqu’à une adresse que m’a fournie Briac. Ma nouvelle voiture m’attend, je le maudis en apercevant l’antique « 205 » défraîchie. Les clefs sont dans le parechoc. Dans la boite à gants plusieurs téléphones, cartes SIM et cartes de crédits prépayées. Une enveloppe, qui contient les documents des hypothèques : une dizaine d’adresses dont la SCI Dana est propriétaire. Claire Lefloch, je l’espère et le redoute, m’attend dans l’une d’elle.