Danser avec les anges.
Je cligne plusieurs fois des yeux. La lumière est trop forte et je ne vois pas bien autour de moi.
Je sens quelqu'un bouger et la lumière se fait moins forte. C'est maman, ma maman. Elle s'assoit à côté de moi et me prend la main. Elle a l'air si triste. Ses yeux sont tout rouges. Elle a pleuré, encore.
À la maison, maman, elle pleure souvent à cause de papa. Il est méchant, il crie tout le temps. Il me gronde fort, pourtant, je me fais toute petite dans ma chambre. Je me cache souvent sous mon lit pour pas qu'il me trouve, mais quand je fais ça, il est encore plus méchant et ses fessées me font encore plus mal. Maman, elle pleure, elle supplie, mais il ne l'écoute jamais et il la gifle pour qu'elle se taise. C'est un monstre mon papa.
Quand il s'en va, je vais toujours faire un gros câlin à ma maman. On pleure toutes les deux et après, on mange du chocolat. Elle dit, ma maman, que c'est bon pour le cœur de manger du chocolat, que ça fait chaud en dedans. Moi je trouve pas, ça fait juste du bien à mon estomac.
Je regarde autour de moi, je ne suis pas dans ma chambre. Il y a une dame, habillée tout en blanc, on dirait un docteur. Elle dit qu'elle s'appelle Isabelle et qu'elle est mon infirmière. J'ai peur, ça fait des piqûres les infirmières. Elle me sourit, mais ses yeux sont tristes à elle aussi.
Maman serre ma main, comme si elle avait peur que je m'envole. Elle embrasse mes doigts, caresse ma paume.
Je me souviens ! Papa était très en colère et il m'a tapé encore plus fort et je suis tombée en arrière. Il m'a mis un coup de pied dans le ventre et puis après, je me souviens plus. Je me suis réveillée ici, mais j'ai mal nulle part. Je me sens bien, comme si je flottais sur un nuage. Alors je souris à maman, c'est la plus jolie des mamans. Elle m'embrasse sur le front, les joues, le bout du nez. J'adore quand elle me couvre de bisous comme ça. Alors je rigole. Elle me dit que je vais bientôt danser avec les anges et que je serais la plus jolie dans les nuages. Qu'il ne faut pas que j'aie peur. Que je ne serais jamais seule et que plus jamais, je n'aurais mal. Que j'aurais de jolies ailes, comme celles que j'avais pour le carnaval, mais encore plus belles. Elles étaient roses avec des paillettes.
Mes yeux papillonnent, je me sens toute bizarre. Je ne sens plus la main de maman. Je glisse vers le sommeil, mais je ne veux pas lâcher des yeux ma maman. Elle pleure, je ne veux pas qu'elle soit triste. Je danserai pour elle, comme ça, elle sourira. Mes yeux se ferment doucement alors je murmure dans un soupir, pendant que j'en ai encore la force : je t'aime ma maman.
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