Acte 2, chapitre 7 - Chambre 104

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Sous la pluie battante de la ville d'Alderton, Alison erre sans but précis. Chaque goutte d'eau qui s'écrase sur son visage camoufle ses larmes qui se confondent dans une symphonie triste et mélancolique. Le monde qui l'entoure semble flou, les couleurs ternes et les bruits de la rue étouffés par le poids de la nouvelle qui pèse sur ses épaules. Les passants passent à côté d'elle sans la voir, tandis qu'elle continue à marcher sans vraiment savoir où aller.

Ses pensées sont un mélange chaotique de souvenirs, d'émotions et de questions sans réponses. Elle tente désespérément d'assimiler la réalité implacable : sa mère, n'est plus là. Les lieux familiers se transforment en souvenirs douloureux, les rues pavées devenant des témoins muets de sa perte.

Elle a l'impression que le monde entier s'est figé, alors qu'en son for intérieur, un tourbillon d'émotions la consume. Le bruit des voitures qui passent, les conversations étouffées dans les cafés, tout cela devient un fond sonore lointain, noyé dans son chagrin.

Chaque pas qu'elle fait est lourd, chaque instant est empreint de tristesse. Mais malgré la douleur qui l'envahit, Alison sait qu'elle doit trouver la force de continuer.

Elle se dirige vers un banc solitaire, à l'abri d'un arbre dénudé par la saison. Elle s'assoit et laisse la pluie la laver de ses tourments, espérant que chaque goutte qui tombe sur sa peau emporte un peu de sa peine.

Alison reste assise là, à la fois fragile et résiliente. Elle cherche la force de continuer son chemin. Il est hors de question pour a jeune femme d'abandonner maintenant, pas à mi-chemin. Retourner à Southfall n'est plus permis. Elle a une mission à remplir et elle se dit prête à tout pour sauver le dernier membre de sa famille.

— Demain, je viendrais te chercher Joshua. Attends-moi encore un peu. dit-elle, pleine de détermination. Personne ne pourra m'arrêter.

Elle se lève du banc et continue sa marche presque funèbre. Il commence à se faire tard, et la jeune femme n'a aucun endroit où se reposer ce soir. Alison poursuit sa flânerie à travers la ville et ne compte pas s'arrêter de sitôt avant de trouver un endroit où dormir. En continuant à se promener dans la ville, elle tombe devant l'Olive Grove Motel, un endroit miteux et louche mais peu cher pour les gens qui ne font que passer.

Elle hésite un instant, se demandant si elle devrait tenter sa chance dans cet établissement peu recommandable. Cependant, n'ayant aucune autre option sous la main, elle pousse la porte de l'Olive Grove Motel avec une pointe d'appréhension.

— Pour une seule nuit ça devrait aller. dit-elle en poussant les portes du motel lugubre.

À l'intérieur, l'atmosphère est sombre et étouffante. Le mobilier est vieillot, les moquettes sont tachées et les murs sont défraîchis et les néons violets agressifs sont de véritables fléaux pour les rétines. Elle arrivant dans le hall principal, elle aperçoit le réceptionniste, un homme dans la quarantaine et à l'allure peu engageante. Il l'accueille d'un regard méfiant, presque menaçant. Mais Alison ne se laisse plus impressionner par qui que ce soit. Comme si tout ce qui s'est passé ces dernières heures, l'avait rendue plus forte.

— Vous voulez une chambre ? demande-t-il d'un ton hautain et peu aimable.

— Ouais. Combien pour une nuit ?

— 45 dollars.

— Ok je prends. répond-elle en donnant l'acompte.

— Premier étage, chambre 104. De rien, au revoir.

Le réceptionniste lui laisse la clé de la chambre sur le comptoir et vaque à ses occupations. Alison monte les escaliers. Ce n'était qu'au premier étage, mais ça lui semblait s'éterniser car elle ressent un certain malaise émanant de cet endroit.

Elle arrive enfin au premier étage. Le couloir peu éclairé ne la rassurait pas, mais peu importe, elle ne compte pas dormir dehors. Elle se dirige vers la chambre 104 et ouvre la porte sans détour.

Une fois dans la chambre, la jeune femme découvre un environnement lugubre. La pièce est petite et dégage une odeur de renfermé. Le lit est recouvert d'une couverture usée, les rideaux sont déchirés et la salle de bains laisse à désirer.

— 45 dollars. Tu parles d'une arnaque. dit-elle en parlant toute seule.

Alison s'assoit sur le bord du lit, le cœur lourd, essayant de ne plus penser à quoi que ce soit, de faire le vide dans son esprit. Elle en est consciente, une grosse journée l'attend demain. Peut-être même la plus grande journée de sa vie. Pour cela, elle doit être en super forme.

— Putain, cette pluie ne m'a pas rendue service. Je ne m'étais même pas rendue compte que j'étais trempée.

Elle se lève et se déshabille en plein milieu de la chambre, puis met ses vêtements détrempés à sécher. Ceci fait, la jeune femme décide de prendre une douche pour se rafraîchir. Malgré la vétusté de la salle de bains, l'eau chaude lui procure un léger réconfort. Elle se sent un peu mieux, du moins physiquement.

Mais soudain, des images du cauchemar végétal reviennent la hanter. Des flashs de feuilles envahissantes, d'arbres menaçants et de la sensation d'être piégée par la végétation la submergent. Son rythme cardiaque s'accélère, et l'anxiété monte en elle. Alison s'éfforce de garder son calmer et ferme les yeux, essayant de chasser ces images terrifiantes de son esprit, mais elles persistent. Elle se frotte frénétiquement le visage, espérant que le contact avec l'eau l'aidera à se calmer.

— Allez putain... faites que ça s'arrête.

Alison réalise qu'elle ne peut pas échapper à ces souvenirs cauchemardesques. Ils sont profondément ancrés en elle, faisant partie de son vécu traumatisant. La peur et l'appréhension continuent de l'envahir, même dans ce moment de vulnérabilité.

Elle inspire profondément, essayant de reprendre le contrôle de ses pensées. Elle se répète mentalement qu'il s'agit seulement de souvenirs, même si elle sait que le cauchemar ne fait que commencer.

La jeune femme termine sa douche, éteint l'eau et s'enveloppe dans une serviette. Alison se regarde dans le miroir, son visage encore marqué par l'angoisse.

— Je dois mettre un terme à tout ça ou je vais vraiment devenir tarée.

Alison se sèche rapidement, enfile ses vêtements et quitte la salle de bains. Elle prend une profonde inspiration, se préparant mentalement à affronter le monde extérieur demain. Elle appréhende encore les flashs du cauchemar végétal qui peuvent revenir la tourmenter à tout moment, mais elle est déterminée à ne pas les laisser l'envahir encore une fois.

***

Le silence enveloppe la chambre du motel alors qu'Alison sombre dans un sommeil profond. Son corps repose paisiblement sur le lit, ses respirations régulières témoignant d'une détente retrouvée après une journée mouvementée.

Les flashs du cauchemar végétal ont temporairement cessé de la tourmenter et permettent à Alison de trouver un semblant de tranquillité dans son sommeil. Les souvenirs troublants et les images effrayantes restent temporairement à distance, lui donnant un répit bien mérité.

Le lit du motel offre un certain réconfort, même s'il est loin d'être parfait. Les draps usés et l'oreiller légèrement déformé sont néanmoins suffisants pour apaiser le corps fatigué d'Alison.

Tout à coup, de violents coups à la porte résonne dans la pièce, et réveille brutalement Alison de son sommeil profond. Elle se redresse rapidement sur le lit, encore sonnée par le sommeil, et se demande qui peut bien frapper à sa porte à une heure si tardive.

— Merde, c'est quoi ça ?! dit-elle paniquée et en stress.

Son cœur bat la chamade alors qu'elle se lève avec précaution et se dirige vers la porte de sa chambre. Des pensées anxiogènes s'immiscent dans son esprit. Elle se demande si cela pourrait être encore l'un de ces fanatiques qu'elle a croisée à Southfall.

Alison se tient devant la porte, hésitant à l'ouvrir. Elle rassemble son courage, essayant de faire taire les pensées négatives qui l'assaillent. Avec des gestes tremblants, elle saisit la poignée et tourne lentement la clé, une goutte de sueur perlant sur sa tempe.

La porte s'ouvre brusquement, révélant une silhouette sombre se tenant dans l'encadrement. Alison retient son souffle, incapable de distinguer clairement le visage de l'intrus. Une vague de méfiance et d'appréhension l'envahit alors qu'elle attend que l'étranger se manifeste.

— Qui... qui êtes...

Avant qu'Alison puisse finir sa phrase, une entité émerge de la végétation environnante, surgissant de l'ombre. Des lianes s'étendent, enlaçant la silhouette sombre et formant une menace tangible. Alison recule instinctivement, cherchant à refermer la porte pour se protéger.

Avant qu'elle ne puisse tenter quoi que ce soit, l'entité utilise ses lianes pour projeter Alison violemment dans la chambre. Elle chute sur le sol, son souffle coupé par l'impact. Son regard affolé se tourne vers l'entité, qui s'approche d'elle d'une manière menaçante.

— Merde... putain ! crie-t-elle, en se touchant le bas du dos.

Soudain, Alison sent les lianes se resserrer autour de sa gorge, lui coupant peu à peu le souffle. La panique l'envahit alors qu'elle lutte pour se libérer de l'emprise de cette créature terrifiante. Ses mains se débattent, cherchant désespérément une issue, mais la force de l'entité est écrasante.

Dans un dernier acte désespéré, luttant contre l'asphyxie imminente, Alison réussit à articuler quelques mots entre deux souffles entrecoupés :

— LA FORÊT TE RÉCLAME. RENDEZ-VOUS EN ENFER, ALISON BAKER.

La pression se relâche soudainement, les lianes se retirant de sa gorge. Alison s'effondre sur le sol, reprenant son souffle avec difficulté. Elle regarde autour d'elle : l'entité a disparu, tout semble normal désormais. Elle se relève lentement. La détermination l'envahit malgré la peur qui la tenaille. Elle rassemble ses forces face à ce nouveau défi. Le cauchemar ne fait que commencer et elle est prête à se rendre en enfer.

— Rendez-vous à Death Pines. dit à son tour la jeune femme.

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