Acte 3, chapitre 15 - Lieu sûr

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Le monstre continue de malmener Alison en la balançant violemment sur les arbres alentours. Malgré le fait qu'elle encaisse les assauts de ce dernier, la jeune femme n'abdique pas, elle se relève difficlement. Alison tient toujours son fusil entre ses mains, puis tire une nouvelle salve de balles qui se loge en pleine tête.

— Qu'est-ce que tu penses de ça, hein ?!

Mais l'abomination qui se tient devant elle ne ressent rien. Aucune douleur. Désabusée, elle regarde si il lui reste encore quelques balles dans le magasin : elle en a encore quatre. Avant qu'elle ne puisse recharger, le monstre l'attrape à la gorge et commence à serrer sa main autour du minuscule cou d'Alison. La jeune aventurière commence à suffoquer.

Si elle ne fait rien pour se dégager, c'est terminé. Elle s'agite, de toutes ses forces, vainement. Alison lâche subitement son fusil qui tombe lourdement au sol, sa vue commence a collapser, ses bras, ses jambes ne répondent plus. Ses signes vitaux se font de moins en moins précis, son cœur bat faiblement. Elle est sur le point de rendre l'âme, lorsque soudain, un mystérieux loup à la fourrure noire néant, sortant de nulle part, aggripe la nuque de l'abomination avec ses crocs acérés. Le monstre hurle de douleur, tente désespérément de se débarasser du canis lupus, mais ce dernier est bien accroché, il ne compte pas le lâcher.

Alison tombe au sol, manque de se briser la clavicule. Elle reprend conscience petit à petit, tousse violemment, jusqu'à cracher du sang. Elle assiste au combat féroce du loup, se débattant avec acharnement face au monstre hideux. Il prend le dessus, lorsque ce dernier perd sa forme monstrueuse pour redevenir la jeune femme de tout à l'heure. Elle se fait traîner par le loup comme une vulgaire poupée de chiffon, toujours la gueule ancrée dans son cou. Avant de disparaître avec l'animal, Paula regarde Alison avec d'énormes yeux horribles, injectés de sang, puis hurle :

— Tu te souviendras de moi, ALISON BAKER ! TU TE SOUVIENDRAS !

Et elle disparut avec le loup, en même temps que le cauchemar végétal. La forêt redevient tel qu'elle est, belle scintillante, sombre, mais sans aucune malveillance. Alison a du mal a reprendre sa respiration, marqué au fer rouge sur son cou par l'abomination. L'aventurière se relève, puis chute à nouveau sol.

— Il faut... que je me casse d'ici... vite... dit-elle en tentant de relever.

Le vent frais caresse le visage d'Alison, effaçant la sueur de son front. Elle prend quelques instants pour reprendre ses esprits après l'attaque du monstre. La douleur lancinante dans son cou lui rappelle le combat qu'elle vient de mener, elle n'a pas le temps de se reposer, ni d'y penser. Elle regarde autour d'elle, Alison tente de se repérer dans cette forêt désormais apaisée. Les arbres, autrefois menaçants, sont maintenant être de simples sentinelles silencieuses. La jeune femme est désorientée. L'aventurière ne reconnaît pas l'endroit où elle se trouve, la forêt s'étend à l'infini dans toutes les directions. Elle doit quitter cet endroit au plus vite, avant que d'autres monstres ne surgissent. La native d'Alderton prend une profonde inspiration, se relève tant bien que mal, puis commence à marcher sans but précis, en espérant trouver un chemin ou un signe qui l'orientera.

La fatigue pèse sur ses épaules, mais elle ne doit pas s'arrêter. Alison se doit de continuer à avancer, ne serait-ce que pour échapper à la menace qui plane toujours sur elle. Elle pense à son petit frère, Joshua, à tout ce qu'elle a enduré jusqu'à maintenant pour le retrouver. Cette pensée lui donne la force de continuer, même si ses jambes sont faites de plomb.

Soudain, alors qu'elle est sur le point de flancher à nouveau, la jeune femme aperçoit une structure en bois au loi, caché par quelques arbres.

— Serait-ce... une cabane ?

Soudainement, elle retrouve un peu d'espoir. Peut-être y trouvera-t-elle un abri, de la nourriture, ou même un moyen de retrouver Joshua. Elle accélère le pas, malgré la douleur qui irradie dans tout son corps. L'habitat semble abandonnée depuis longtemps, une aura malaisante en émane. La jeune femme hésite un instant. Elle se demande si elle doit vraiment entrer. De toute façon, Alison n'a pas le choix. Elle a désespérément besoin de se reposer. De plus, c'est le seul abri en vue.

Avec prudence, elle ouvre la porte qui grince sous son poids. L'intérieur est sombre, poussiéreux, mais il est apparement sûr.

— Je suis apparement seule. Parfait.

Alison pénètre à l'intérieur, puis ferme la porte derrière elle. Elle n'est peut-être pas en sécurité, mais elle se sent un peu plus à l'aise à l'intérieur de la cabane.

En explorant un peu, elle trouve quelques provisions : des conserves de nourriture, de l'eau et une vieille carte de la forêt. Elle s'assied et mange rapidement, avant d'étudier la carte. Elle espère y trouver un moyen de retrouver son petit-frère, ou au moins d'atteindre un endroit plus sûr.

La carte est ancienne et usée, mais elle peut encore distinguer les principaux sentiers et repères. Elle remarque un chemin qui semble mener à la lisière de la forêt. C'est sa meilleure option pour le moment. Elle décide de se reposer un peu avant de partir. Elle s'allonge sur le sol de la cabane, épuisée par les épreuves de la journée.

***

Alison se retrouve transportée dans une réplique déformée, terrifiante de sa maison d'enfance. Les murs suintent une substance sombre, gluante, avec une vie sinistre propre, des murmures inintelligibles emplissent l'air, comme si les ombres elles-mêmes murmurent des secrets sombres et interdits. Elle se dirige d'un pas lourd vers la chambre de son frère Joshua, où elle est accueillie par une vision choquante : les jouets d'enfance de Joshua sont éparpillés sur le sol, brisés et démembrés, chaque morceau émet une aura sinistre et malveillante.

— Joshua... tu es là ?

Inexplicablement attirée vers la fenêtre par une lueur surnaturelle, Alison regarde à l'extérieur pour découvrir que la forêt de Death Pines a subi une transformation horrifique. Les arbres, animés par une énergie maléfique, leurs branches se tordant, se contorsionnant comme des serpents en colère, les feuilles ressemblent à des mâchoires béantes, prêtes à dévorer tout ce qui s'aventure trop près.

— Encore le cauchemar végétal ?

Alors qu'elle est hypnotisée par la vue cauchemardesque devant elle, Alison entend soudainement des pas lourds derrière elle.

— Qui est là ?!

— Ce n'est que moi, Alison.

Elle se retourne lentement, le cœur battant, pour être confrontée à une vision du passé : Paula Hudson. Mais cette version de Paula est une aberration, ses traits familiers déformés par la douleur, la rage, ses yeux autrefois gentils maintenant vides de toute humanité. En avançant inexorablement vers Alison, Paula l'accuse de sa mort tragique, ses paroles résonnant d'une colère et d'un désespoir qui font écho à la culpabilité qui pèse sur l'âme d'Alison.

— Tu te souviens, maintenant ?! ALISON BAKEEEEER !

Paniquée, Alison essaie de s'excuser, de s'expliquer, mais ses mots meurent dans sa gorge, se transformant en un murmure inaudible. Sous ses yeux horrifiés, Paula commence à se métamorphoser en une version monstrueuse d'elle-même : ses bras s'allongent de manière grotesque et se terminent par des griffes acérées, sa bouche s'ouvre de manière anormalement large, révélant des rangées de dents tranchantes comme des rasoirs.

Subitement poussée par une force invisible, Alison se retrouve à l'extérieur, dans les profondeurs de la forêt. Elle court à travers les bois, trébuche sur les racines saillantes, se griffant les bras et le visage sur les branches épineuses. Les cris et les hurlements d'un prédateur inhumain résonnent derrière elle : la jeune femme sait instinctivement qu'elle est poursuivie par une créature dont la malveillance dépasse l'entendement humain.

Essoufflée, terrifiée, Alison arrive dans une clairière où elle est confrontée à une autre vision du passé : son petit frère Joshua, maintenant un homme, mais entouré d'une aura de malveillance qui fait froid dans le dos.

— Grande sœur... c'est moi, Joshua.

— Joshua ? C'est bien toi, petit-frère ?!

— Tu m'as trahi, abandonné dans cette forêt ! Pourquoi Alison ?! Je t'aimais ! Je t'admirais !

Ses paroles sont comme des poignards qui transpercent le cœur d'Alison. Elle essaie désespérément de lui parler, de lui dire qu'elle est venue pour le sauver.

— Je... je ne sais pas de quoi tu parles... Joshua ! Je suis là pour toi, pour te sau...

— TAIS-TOI !

Mais avant qu'elle puisse finir, il subit également une transformation horrifiante, ses traits humains se tordant en une expression de haine pure et concentrée.

— JE VAIS TE TUER ALISON ! TU N'AURAIS JAMAIS DÛ VENIR À DEATH PINES !

***

Réveillée en sursaut par le bruit de son propre cri, Alison réalise qu'elle est encore dans la cabane, en sécurité pour le moment. Elle ne sait pas du tout combien de temps elle a dormi. Peu importe, la jeune femme se lève, rassemble ses affaires, puis sort enfin de la cabane. La forêt est toujours autant silencieuse. elle doit rester vigilante. la jeune femme se dirige vers le chemin qu'elle a repéré sur la carte, le Q.G. de la secte. Les mêmes qui ont envoyés ce fanatique à sa porte. En priant pour qu'ils les mènent directement à Joshua.

— C'est sûrement là-bas qu'il se trouve...

Alors qu'elle avance dans la demi-obscurité de la forêt, Alison entend les bruits étranges d'un moteur de voiture et de monstres tout autour d'elle. Elle n'est pas seule. Alison serre son fusil entre ses mains, prête à faire face à tout danger. Soudain, des lumières de phares surgissent des arbres, l'aveuglant. Alison réagit rapidement et tire en direction de la créature, quand soudain...

— Alison ! Ne tire pas ! C'est moi, c'est Papa, dit-il en sortant de la mystérieuse voiture.

— Quoi ? Papa ? Mais... qu'est-ce que... pourquoi es-tu dans cette forêt ?

— On n'a pas le temps de discuter, allons-y ! Avant que ton frère ne déchaîne les enfers de ces maudits bois.

— Hein ? Qu'as-tu dit ?! Tu sais où se trouve Joshua ? Amène-moi à lui papa, s'il te plaît !

— Non, c'est hors de question ! Joshua n'est plus l'enfant que tu as connue autrefois ! Il est devenu très dangereux ! Il n'a qu'un seul but : te tuer. Nous tuer toi et moi ! Vite viens avant que ses ténèbres ne s'abattent une fois de plus sur la forêt !

Alison est abasourdie par les dires de son père, pensant que ses dires n'avaient aucun sens. Tout à coup, la jeune femme est prise de nausée, sa tête se met brutalement à lui faire mal, au point de finir au sol, sur les genoux, les mains sur la tête. Elle hurle de toutes ses forces pour que ça s'arrête. Et c'est là qu'elle voit des flashs d'elle et son père en voiture, en train de se disputer. Leurs conversations est inaudibles, mais les images, elles, sont bien visibles. Elle se voit lui prendre le volant, conduire dans tous les sens, jusqu'à percuter un camion qui venait de l'autre direction. C'est un violent accident duquel son père n'en réchappera pas. Elle revient rapidement à la réalité, où le cauchemar végétal est en train de se matérialiser sous ses yeux. Alison, choquée par les images de l'accident, regarde son père comme une ahurie, alors que ce dernier tente désespérément de la faire venir avec lui. Il s'approche d'elle, lui prend le bras, puis lui dit :

— Mais qu'est-ce que tu fais ? Nous devons y aller maintenant ! Ou les monstres de la forêt vont nous trouver !

— Mais, papa... tu en fais parti... n'est-ce pas ?

— Quoi ? Tu divagues ou bien ? On n'a pas le temps, allez !

— Tu n'es pas vraiment là, papa, dit-elle en se détachant de l'emprise de son père. Tu es mort, ce jour-là... dans l'accident de voiture que j'ai provoqué. Tu ne peux pas être ici, avec moi, dans cette putain de forêt maudite ! À moins d'être toi-même une illusion ou un monstre !

— Ça suffit, Alison ! Rentre dans la voiture, tout de suite !

— Non ! hurle-t-elle en visant son père avec son fusil, les larmes aux yeux. Repars d'où tu viens, papa ! Ou je serai forcé de t'abattre ! Ne m'oblige pas à faire ça... pas une deuxième fois.

—... Alors tu admets m'avoir tué ? Toi, ma propre fille ?!

— Papa, je...

— À ton tour de mourir, Alison, dit-il en entrant dans sa voiture.

Soudain, le véhicule se mit à ronronner. La terreur se lit sur le visage d'Alison lorsque l'automobile fusionne avec un monstre.

— Mais qu'est-ce que... quelle est donc cette infamie ?!

La voiture devient une abomination mécanique et organique, une fusion terrifiante entre le véhicule et une créature difforme. La carrosserie, autrefois lisse et brillante, est maintenant bosselée et rouillée, recouverte de pustules, d'écorchures étranges qui suintent un liquide visqueux. Les vitres sont brisées ou manquantes, remplacées par des membranes épaisses, translucides qui pulsent frénétiquement comme si elle était vivante.

Les roues sont encore présentes, mais elles sont déformées, entrelacées avec des tentacules musculeux qui leur permettent de se mouvoir de manière étrange et imprévisible. Le moteur est exposé, mais il ne ressemble plus à aucun moteur connu. Il est fusionné avec des organes palpitants, des veines qui palpitent, donnant l'impression que la voiture-monstre est alimentée par un cœur battant. Les phares avant sont remplacés par des yeux globuleux luminescents, qui fixe tout ce qu'ils rencontrent avec une intensité malveillante. La calandre est remplacée par une gueule béante remplie de dents tranchantes et irrégulières, qui s'ouvrent et se ferment avec un grincement métallique.

À l'arrière, le coffre est transformé en une sorte de queue, hérissée de pointes et capable de mouvements rapides et puissants. Les pots d'échappement crachent non seulement de la fumée, mais aussi un liquide visqueux et fétide qui laisse une traînée derrière la créature. L'ensemble de la voiture-monstre donne l'impression d'être en constante mutation, comme si la fusion entre la machine et la chair n'est pas stable. Des bruits mécaniques se mélangent à des gémissements organiques. Alison est terrorisée, paralysée, incapable de faire le moindre mouvement devant la créature hybride, dont les yeux terrifiants lumineux la scrutent intensément, comme pour lui ordonner de rester immobile.

— Tu vas payer pour tout le mal que tu as causées, Alison !

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